C’est le premier contrecoup diplomatique du sommet de Riyad. Deux semaines après la réunion d’une cinquantaine de pays arabes et musulmans dans la capitale saoudienne, au cours de laquelle le président américain, Donald Trump, avait désigné un nouvel « axe du mal », composé de l’Iran et de l’organisation Etat islamique (EI), le Qatar se retrouve mis au ban du Golfe arabo-persique.
Lundi 5 juin à l’aube, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis (EAU) ont rompu leurs relations avec le petit émirat gazier, l’accusant de déstabiliser la région et de soutenir le « terrorisme ». Bahreïn, satellite de Riyad, ainsi que l’Egypte, dépendante des financements du Golfe, les ont imités. Riyad a annoncé la fermeture de toutes ses frontières, aériennes, maritimes et terrestres avec la presqu’île « pour protéger sa sécurité nationale ». Le Qatar a également été exclu de la coalition militaire arabe qui intervient depuis deux ans au Yémen, sous commandement saoudien. En milieu de matinée, deux autres obligés de l’axe Riyad-Abou Dhabi se sont ralliés à cette initiative : le gouvernement yéménite en exil de Abd Rabbo Mansour Hadi et celui de l’est de la Libye, basé à Baïda.
Il s’agit de la plus grave crise frappant le Conseil de coopération du Golfe (CCG : Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar), depuis sa création en 1981. Mais c’est loin d’être la première querelle entre le Qatar et ses voisins. En 2014, Abou Dhabi, Riyad et Manama avaient retiré leurs ambassadeurs pendant huit mois de Doha, en signe de protestation contre les critiques d’Al-Jazeera, la chaîne satellite du Qatar, à l’encontre d’Abdel Fattah Al-Sissi, le président égyptien, auteur du putsch ayant mené au renversement de l’islamiste Mohamed Morsi.
Diplomatie du grand écart
La tension sur la rive arabe du Golfe est remontée en flèche, mercredi 24 mai, trois jours après la fin du sommet de Riyad. Motif de cette nouvelle crispation :…
lemonde.fr