À l’horizon 2021, l’exploitation pétrolière et gazière devrait débuter au Sénégal. D’ici là, le pays doit se doter d’une stratégie claire, de structures solides et de ressources humaines de haut niveau pour avoir les coudées franches lors des négociations avec les multinationales.
Lors de sa visite d’État en France, au mois de décembre 2016, le chef de l’État avait insisté sur la nécessité pour le Sénégal de s’armer de compétences multiples pour aller aux négociations avec les multinationales qui sont intéressées par ses ressources pétrolières et gazières.
Le Président Macky Sall avait insisté sur le fait que ces compagnies, avec leurs pools d’avocats et spécialistes et leurs énormes ressources financières, sont bien armées pour rentabiliser au maximum leurs investissements. Souvent, au détriment des pays producteurs. Il est donc indispensable de disposer d’une bonne stratégie et de ressources humaines de haut niveau pour traiter avec elles d’égal à égal.
Articulation avec le PSE
L’élaboration de cette stratégie et la mobilisation de ces ressources humaines reviennent au Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Pétrogaz), lequel a été officiellement installé moins de 20 jours avant la visite d’État de Macky Sall en France.
Sous la direction de son secrétaire permanent, l’ingénieur des Mines Ousmane Ndiaye, le Cos-Pétrogaz a défriché le chantier. Se lançant dans la définition et l’élaboration d’un schéma directeur qui prend en compte les préoccupations de Macky Sall et par-delà, en principe, les intérêts du Sénégal.
“Ce Plan détaillera le profil de l’offre et de la demande du Sénégal à court, moyen et long termes, jusqu’en 2035, en articulation avec le Pse”, informe Mamadou Fall Kane, le secrétaire permanent adjoint du Cos-Pétrogaz. Qui ajoute que ce schéma permettra de “fournir une feuille de route du développement futur des infrastructures et de l’industrie gazière et pétrolière du Sénégal”.
Mamadou Fall Kane s’exprimait lors du panel sur les “Perspectives pétrolières et gazières” clôturant le colloque international pluridisciplinaire sur les enjeux de l’exploitation pétrolière et gazière en Afrique.
Le Plan permettra d’évaluer les réserves et le potentiel de production de pétrole et de gaz du Sénégal. Le chef de l’État avait insisté sur cette étape, soulignant qu’elle permettra de savoir, avant toutes démarches dans un sens ou dans un autre, si les estimations avancées par les multinationales cadrent avec la réalité.
Un schéma directeur dans six mois
Ensuite, le schéma directeur prendra en compte la promotion de la croissance pour l’industrie sénégalaise et les opportunités d’exportation, la mise en œuvre de projets phares qui vont sous-tendre le développement d’activités économiques autour de la transformation, des opportunités de formation et d’emplois pour les jeunes Sénégalais.
Le Cos-Pétrogaz mise également sur un plan d’inclusion sociale, des infrastructures initiales adaptées aux besoins actuels et l’amélioration du réseau, la promotion et la gestion de la demande domestique pour augmenter l’offre.
“L’on pense qu’on pourra finir le document en six mois”, prédit Mamadou Fall Kane, qui annonce que le Cos-Pétrogaz “espère retenir, courant septembre-octobre le consultant” qui les accompagnera dans l’élaboration du schéma directeur. Lequel est appelé à devenir la bible du Sénégal en matière de gestion des ressources pétrolières et gazières.
“Ensuite, annonce le secrétaire permanent adjoint du Cos-Pétrogaz, on envisage de mener des études plus ciblées, de faire du projet management et la promotion de certains projets phares en faisant des tours de table avec des investisseurs privés et institutionnels.”
“Une question de souveraineté”
La formation sera un volet central du Plan. “La capacité de nos entreprises nationales et de nos ressources humaines est une question de souveraineté”, défend Mamadou Fall Kane. Qui informe que les maquettes et les études architecturales pour l’Institut national de pétrole et du gaz (Inpg), que le Sénégal compte mettre en place, sont disponibles. L’établissement sera érigé sur le site d’Université du Futur africain, situé entre Diamniadio et Sébikotane.
Le Cos-Pétrogaz a entamé les discussions avec les compagnies pétrolières et gazières pour évaluer leurs besoins à court, moyen et long terme. Aussi, les services d’Ousmane Ndiaye ont pris contact avec des institutions de formation de référence comme l’Institut français du pétrole, Imperial college de Londres, Manchester university, notamment.
Selon Mamadou Fall Kane trois profils sont ciblés pour les formations qui seront dispensées à l’Inpg : les techniciens opérateurs, qui interviennent sur les sites d’exploitation, les ingénieurs et les fonctionnaires et acteurs de la société civile intéressés par la question des ressources pétrolières et gazières.
“L’objectif est de renforcer leurs capacités et de leur donner les outils, surtout pour les fonctionnaires, pour les armer face aux compagnies”, précise le secrétaire permanent adjoint du Cos-Pétrogaz.
Ce vaste programme doit être exécuté durant les quatre prochaines années puisque l’exploitation pétrolière et gazière est prévue à l’horizon 2021.