Au moins vingt personnes, dont plusieurs militants connus de la contestation populaire qui secoue depuis plus de six mois le nord du Maroc, ont été arrêtées depuis vendredi 26 mai à Al Hoceïma, «pour de présumés crimes et délits portant atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et pour d’autres crimes de droit commun». Nasser Zefzafi, le leader de la contestation, fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour avoir interrompu la prière du vendredi dans une mosquée de la ville. Il restait en fuite samedi après-midi 27 mai.
« Le Rifain qui défie l’Etat », titre le magazine marocain Tel Quel qui met à la Une cette semaine Nasser Zefzafi. Cet homme de 39 ans est présenté comme le leader de la contestation qui agite Al Hoceïma et sa région, au nord du Maroc.
Sa notoriété grandit avec le « hirak », la « mouvance », le mouvement de protestation né après la mort de Mohcine Fikri, ce vendeur de poissons broyé dans une benne à ordures alors qu’il voulait récupérer sa marchandise confisquée.
Des milliers de manifestants descendent dans la rue pour réclamer justice. Mais les revendications sont aussi politiques, économiques et sociales. Nasser Zefzafi émerge alors comme leader, sans pour autant faire l’unanimité. Tribun connecté, il multiplie sur les réseaux sociaux les critiques contre le pouvoir central.
Le politologue Nabil Mouline analyse son discours comme un mélange de religieux, de gauchisme, de régionalisme et d’ethnicisme. Son dernier coup d’éclat, vendredi, lorsqu’il a interrompu le prêche d’un imam, lui vaut d’être poursuivi pour « entrave à la liberté de culte dans une mosquée ». Il risque jusqu’à trois ans de prison.
Avec Rfi