En convalescence à Barcelone, le président angolais s’apprête à laisser le pouvoir après plus de 38 années à la tête de l’État. Face au candidat du pouvoir, l’opposition tente de profiter de cette situation inédite pour s’imposer à trois mois de la présidentielle.
Après avoir rejoint Barcelone pour des soins, le 1er mai, le président angolais, José Éduardo dos Santos, 74 ans, est sorti de l’hôpital et se remet doucement dans la capitale catalane. Certains médias angolais l’avaient annoncé « entre la vie et la mort »…. « Pures rumeurs infondées », soutient-on à Luanda, alors que sa fille, Isabel, a publié un démenti sur son compte instagram. La milliardaire y accuse les « créateurs de nouvelles » d’ignorer que, derrière l’homme, il y a « une famille et des amis ». Quoi qu’il en soit, l’absence de communication de la part du gouvernement favorise les spéculations, à trois mois des élections générales (présidentielle et législatives) prévues le 23 août.
Une situation « historique »
Pour le député de l’opposition Alcidès Sakala, porte-parole de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), « le gouvernement doit communiquer sur l’état de santé du président, car la situation historique que vit le pays ne supporte pas l’incertitude ». Une position défendue aussi par Rafael Savimbi, l’un des fils du fondateur de l’Unita, Jonas Savimbi.
Le contexte est en effet inédit depuis 1979, car l’Angola devrait accueillir un nouveau président en août prochain, puisque le maître de Luanda a annoncé ne pas rempiler après 38 années passées à la tête du pays. Et plus la santé de ce dernier se dégrade, moins l’option d’un revirement de dernière minute (comme il a pu le faire par le passé) ne semble probable. La guerre de succession peut donc commencer.
L’Unita en ordre de bataille
L’actuel ministre de la Défense, João Lourenço, investi au mois de février par le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA, au pouvoir), affrontera le président de l’Unita, Isaìas Samakuva, 70 ans. L’ancien directeur de cabinet de Jonas Savimbi est actuellement en Europe : arrivé à Lisbonne ce vendredi 19 mai, il doit rejoindre ensuite Barcelone avant de regagner Luanda, « où il faut absolument être en ce moment », confie un proche. Selon une autre source, « il est clair que l’Unita a une carte à jouer, d’autant qu’ils ont patiemment écumé le territoire, de meeting en meeting, et qu’ils sont en pré-campagne depuis des mois ».
En 2012, l’Unita (dirigé par Samakuva depuis 2003) avait récolté 18,66% des voix. Avec 32 sièges à l’assemblée – contre 175 pour le MPLA -, le parti, qui a fêté ses cinquante ans d’existence le 11 mars dernier, est la première force d’opposition du pays. La campagne électorale doit officiellement débuter le 23 juillet.