Le préfet veut laisser la justice enquêter sur une agression commise par des voisins en colère, qui accusent cette Église de « pratiques occultes » et de conversions. Le mois dernier, alors que les fidèles de l’Église protestante Christ-Roi étaient en pleine prière, des centaines de jeunes du village de Diamniadio ont violemment attaqué leur lieu de culte, cassant tout au passage et frappant certaines personnes présentes. La scène s’est déroulée dans une petite commune du département de Rufisque, à une trentaine de kilomètres du centre-ville de Dakar où cette Église loue une salle pour accueillir sa « cellule de prière ».
« Tout d’un coup, nous avons eu la visite de plus de deux cents personnes qui sont entrées pour agresser les gens venus assister à la prière. Dans la salle, c’est des insultes, des agressions verbales et même physiques au point de réussir à disperser la salle, la mettant sens dessus, sens dessous », a expliqué le pasteur Joseph Sambou que nous avons trouvé finalement à Dakar, au Temple de l’église universelle au royaume de Dieu, située dans le quartier de Niary Tally.
Assis dans son bureau, le religieux ne cache pas sa désolation : « On est très déçu et triste de ce comportement dans un pays comme le Sénégal. »
« C’est dommage de voir de telles pratiques dans un pays où on chante quotidiennement la tolérance religieuse et la liberté de culte », regrette aussi Marème Guèye après le saccage. Cette Église est accusée de « détourner » les jeunes du village. « Non seulement, ils convertissent les jeunes, mais encore ils font des pratiques occultes », accuse Modou Fall, musulman, l’un des porte-parole des populations mécontentes.
De son côté, l’Église assure agir dans « la transparence ». « L’imposition des mains sur les malades que nous faisons, c’est dans une salle accessible à tout le monde. Les portes sont ouvertes à tous. C’est pourquoi, il est incompréhensible d’entendre parler de pratiques occultes », se défend un collaborateur du pasteur. Les villageois, eux, ne veulent pas en démordre. « Nous ne voulons plus voir ces gens dans notre localité : s’ils ne quittent pas dans une semaine, nous agirons de manière plus énergique encore », avertit Modou Fall. Sur instruction du préfet du département de Rufisque, la gendarmerie a demandé au pasteur Joseph Sambou de fermer le lieu de culte, le temps que l’enquête suive son cours.