Faut-il y voir un signe de plus de l’emprise grandissante de la communication sur la politique ? Et un révélateur des limites des documentaires dits « embedded » ? Lundi soir, était diffusé sur TF1 « Dans les coulisses d’une victoire », reportage de 90 minutes où l’on suit « en immersion » et jour après jour la campagne d’Emmanuel Macron.
Docus présidentiels : « Manu est sympa. Mais alors, vraiment sympa. »Tout comme Gaspard Gantzer, le maître de la communication de François Hollande, avait été le véritable héros du film d’Yves Jeuland sur les coulisses de l’Elysée, « Un temps de président », Sibeth Ndiaye, en charge des relations du candidat EnMarche ! avec la presse, est la révélation de ce documentaire. Incontournable, très présente à l’image, elle apparaît comme l’un des personnages clefs du premier cercle qui entoure et conseille le candidat.
1. Vigie du « chef »
Pendant la campagne, elle a été les yeux et les oreilles de son patron. Seule femme de l’équipe rapprochée de Macron, discrète, efficace, ne le lâchant pas d’une semelle et n’hésitant pas à aller au contact pour contenir la meute des cameramen et des photographes, elle a fait preuve de sang-froid et de professionnalisme. Intermédiaire incontournable des médias, la jeune femme a assisté aux entretiens du « chef » avec les journalistes, enregistrant les échanges sur son Smartphone. Mais impossible de lui tirer une information sur les secrets du quartier général… Aux questions des reporters, elle oppose un sourire : « no comment ».
2. Pionnière d’En Marche !
Sibeth N’Diaye fait partie du premier cercle des collaborateurs d’Emmanuel Macron présents à la fondation d’En Marche ! Attachée de presse du ministre de l’Economie, elle a participé aux réunions préparatoires ultrasecrètes dans l’appartement privé de Bercy avant le lancement du nouveau mouvement politique, le 6 avril 2016. De la conquête, elle connaît tout ou presque…
3. De Montebourg à Macron
Dans un entretien à « Jeune Afrique », elle a raconté que sa première rencontre avec Emmanuel Macron avait eu lieu à l’Elysée, au tout début du quinquennat de François Hollande. Le nouveau président de la République n’est encore que Secrétaire général adjoint du président de la République, et la jeune femme travaille au sein du cabinet du ministre Arnaud Montebourg, où elle gère ses relations presse. Elle raconte :
« Il était d’un abord agréable, avec beaucoup d’humour. Mais je n’ai pas eu, à l’époque, l’occasion de travailler avec lui. »
Leur collaboration débutera vraiment quelques années plus tard, en août 2014, lorsque Emmanuel Macron est nommé à Bercy pour remplacer le turbulent socialiste au ministère de l’Economie.
Avant de travailler au sein de cabinets ministériels socialistes, c’est d’abord au service de presse du Conseil général de Seine-Saint-Denis, alors présidé par Claude Bartolone, que Sibeth Ndiaye a débuté sa carrière.
4. Militante socialiste
La responsable communication et presse du candidat « et de gauche et de droite » est marquée plutôt… à gauche. Passée par l’Unef, syndicat étudiant proche du PS, Sibeth Ndiaye explique avoir pris sa carte au sein de ce parti en 2002, juste après le traumatisme du 21 avril et l’élimination surprise au premier tour de la présidentielle de Lionel Jospin. Un parti où elle fut un peu plus qu’une simple militante. Elle y a notamment été désignée, en 2009, secrétaire nationale en charge de la petite enfance, rappelle « Les Echos ».
Elle affirme aujourd’hui avoir été séduite par la démarche d’Emmanuel Macron en raison de sa volonté de « transcender les clivages partisans existants », « la tentative d’essayer autre chose », et par « le sentiment que les appareils existants ne réfléchissaient plus sur le monde et ses évolutions »…
5. Sénégal
Sibeth Ndiaye est née il y a trente-sept ans à Dakar, au Sénégal. Où réside toujours une grande partie de sa famille, ainsi que dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Togo, pays dont est originaire sa mère. C’est en juin 2016 qu’elle a été naturalisée française. « J’ai mis beaucoup de temps à me décider », explique-t-elle à nos confrères de « Jeune Afrique ». En langue diola, un idiome parlé au Sénégal, en Gambie et en Guinée-Bissau, son prénom signifie « qui a gagné beaucoup de combats ».
6. Littérature
Dans les rares interviews qu’elle a données jusqu’à aujourd’hui, Sibeth Ndiaye met en avant l’ »amour de la langue française et en particulier de la poésie », qu’elle dit partager avec Emmanuel Macron. « Je me rappelle toujours avec émotion qu’au décès de ma mère, il avait eu la délicatesse de m’offrir un livre de Roland Barthes, ‘Journal de Deuil’, confie-t-elle à « Jeune Afrique ». Un ouvrage qui, dit-elle, lui a servi de livre de chevet pendant de longs mois.
Dans ce livre, l’auteur des « Mythologies » raconte le désastre intime provoqué par la mort de sa mère, le 25 octobre 1977.