Plus de 10 ans après sa mort, Pikine pleure toujours Ndongo Lô. Déthié Ndiaye, banquier et consultant international, originaire également de la grande banlieue lui a consacré un ouvrage dans lequel il parle des circonstances jamais racontées de sa mort. Témoignages inédits, confidences, interviews exclusives accordés à des proches, constituent les grandes lignes de la « La Face cachée de Ndongo Lô ». Morceaux choisis.
2002, les prémices de la maladie
Dans les premières lignes du livre c’est Malick Diouf, ami de Ndongo Lô, qui revient sur les premières manifestations de sa maladies.
« C’est moi qui l’ai amené pour la première fois à l’hôpital. Il venait de s’effondrer, victime d’une crise, alors que nous étions ensemble. Il m’avait averti : je vais mourir. C’était en 2002. Je l’ai amené à l’hôpital Aristide Le Dantec, après un crochet à l’hôpital Fann, en compagnie de sa femme, Adji Goumbé Ndiaye. Le médecin nous a recommandés un guérisseur traditionnel. Baboye nous a conduits chez un vieux marabout qui l’a soigné. Auparavant, ce médecin qui l’a consulté avait détecté beaucoup de maladies dont il souffrait. La nuit, il tremblait. On lui a prescrit des calmants. Son cœur lui faisait mal et il n’arrivait pas à dormir. Une fois, il est allé en Gambie pour animer un concert, mais, à la place du public, il voyait de l’herbe. C’était étrange et il n’avait pas manqué de le faire remarquer ».
« On a porté de fausses allégations sur lui. Il a vraiment souffert de ces attaques, même s’il a préféré ruminer sa colère en silence. C’est comme si on l’attendait à ce tournant-là pour l’achever », se remémore Djily Niang, son manager.
Deux guérisseurs lui avaient prédit sa mort
Gora Thiès donne quelques détails sur la maladie de Ndongo Lô. « Un jour de Ramadan (deux mois avant le décès), on a rendu visite ensemble au promoteur de lutte Alioune Petit Mbaye. Il devait aller aussi à Castors pour une séance de répétition. Arrivé à hauteur de la station Elton de Cambérène, il m’a parlé de sa maladie. Il m’avait dit qu’il avait subi une opération. Après cela, un fan l’avait blessé à un concert à Saint-Louis. Par la suite, j’avais remarqué qu’il avait perdu beaucoup de poids. Je croyais que ça allait lui passer, comme il continuait à prester dans les boites de nuit ». Gora comprendra par la suite que la maladie était un peu plus sérieuse.
« Le vendredi 7 janvier animant une soirée à Yenguleen, Ndongo Lô est victime d’un malaise. D’un coup, l’assistance est tétanisée. C’est un concert à cris d’hystérie à n’en plus finir. La rumeur sur sa maladie commence à courir ».
Trois semaines avant son décès, accompagné de Ndiambé, Mor Niang, Aliou Ba, Ndongo Lô gravement malade consulte un grand guérisseur traditionnel qui habite derrière Diamniadio. Le marabout demande au chanteur et à ses amis de tirer des coups de feu.
Si quelqu’un tire et qu’on n’entend pas de détonation, ce sera le présage qu’un malheur le guette. Dans la brousse, plusieurs fois, Ndongo appuie sur la détente mais aucune balle ne part. Curieusement, toutes les balles tirées par ses compagnons ont l’effet escompté. Subitement, tout le monde fait triste mine. « Ndongo Lo avait compris la mauvaise nouvelle mais ne voulait pas en parler », raconte son chauffeur Omar Sow.
« On a passé treize jours en Gambie pour consulter un marabout qui nous avait été recommandé par Aïda Thiam. Quand ce guérisseur s’est retrouvé seul avec Djily Niang et moi, il nous a clairement dit qu’il va partir », renchéris Sow.
L’Obs
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