Cheikh Amar est-il un intouchable ? Il semble bien que oui. Le patron de Tre et de Tse complètement payé pour construire deux (2) immeubles de l’Autorité de régulation des régulations et des postes (Artp) n’a toujours pas livré les infrastructures, près de 10 ans après. De guerre lasse, après les sorties musclées des Directeurs généraux Thierno Alassane Sall et Abdou Karim Sall, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes s’est résolue à donner le marché de finition à une autre entreprise. Une question taraude tout le monde : les 8 milliards payés à Cheikh Amar vont-ils être inscrits au compte de pertes et profits ou la justice va-t-elle s’en saisir pour un remboursement total de l’argent public ?
Dans son Plan de passation des marchés pour l’année 2017, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a lancé un marché de «Sélection d’un bureau de suivi, maître d’ouvrage délégué chargé de suivre et de superviser des travaux de finition du siège de l’Artp, deux (02) immeubles R + 4 plus sous-sol et terrasse sis aux Mamelles». Le lancement devait avoir lieu le 20 mars dernier et l’attribution le 10 mai prochain.
Seulement, ce marché date de près de 10 ans. Ndongo Diao, alors Directeur général de l’Artp, a voulu doter l’Agence d’un siège digne de son nom et de son standing. Il mise sur deux immeubles qui se trouvent côte à côte. Il contracte avec Touba Real Estates (Tre), société de Cheikh Amar qui était très proche à l’époque de Me Abdoulaye Wade et des différents apparatchiks du régime. Fin 2011, il libère l’argent devant servir à la construction des immeubles : 8 milliards 200 millions de francs Cfa. Les travaux commencent et sont, on ne sait pour quelle raison, bloqués quelques années plus tard. Jusqu’à la chute de Me Abdoulaye Wade et le limogeage puis l’emprisonnement de Ndongo Diao, les immeubles ne sont pas livrés.
Thierno Alassane Sall, nommé Directeur général en remplacement de Ndongo Diao, ouvre le dossier. Il ne comprend pas. Il effectue une visite sur les lieux et manque de tomber à la renverse en se rendant compte que les travaux étaient loin d’être terminés. Il s’indigne, envoie une lettre de mise en demeure à la société et fait face à la presse. Thierno Alassane Sall menace de saisir la justice d’une plainte si les immeubles ne sont pas livrés. Mais, il ne posera aucun acte jusqu’à sa nomination au gouvernement. A-t-il été arrêté dans son élan ? Sûrement.
Abou Lô, qui a remplacé Thierno Alassane Sall, quelques mois plus tard, à la tête de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), n’a jamais évoqué le sujet. Du moins en public.
Dès sa prise de fonction, Abdou Karim Sall, qui a succédé à Abou Lô, trouve le dossier sur sa table. Il fait une visite sur les lieux et s’indigne. Il interpelle Cheikh Amar et sa société (Touba Real Estates) qui promettent de tout livrer fin 2014. Là aussi, promesses non respectées. Abdou Karim Sall se fâche et fait faire un constat d’huissier. Miraculeusement, les travaux redémarrent, mais c’est pour s’arrêter quelque temps plus tard.CDE PREND LA RELEVE APRES LA FAILLITE DE TRE
L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a finalement constaté que la société de Cheikh Amar a failli. En conséquence, elle a contracté avec une autre structure pour la livraison des immeubles. Cde a été choisie dans ce cadre.
QUELLE EST LA FACTURE DE CDE ?
Malgré nos investigations, nous n’avons pas pu établir le montant exact que l’Artp doit payer à Cde. Déjà que deux immeubles à 8 milliards de francs Cfa, il faut aller à New York pour en voir, devoir encore mettre la main à la poche pour payer une autre entreprise chargée de finir les travaux est contraire à la gestion sobre qui est le credo du régime actuel. Va-t-on mettre à la rubrique pertes et profits les 8 milliards ou des actions en justice vont-elles être intentées pour le remboursement de l’argent du contribuable ?
Cheikh Oumar NDAW