Le ministre des Finances cherchait à contourner toute discussion sur l’avenir du franc CFA qui date du colonialisme et qui suscite la polémique.
À l’heure où le retour au franc fait débat dans la campagne présidentielle, il s’invite dans l’actualité là où on ne l’attendait pas. En voulant éviter tout dérapage sur le franc CFA, le ministre des Finances, Michel Sapin, a mis les pieds dans le plat, vendredi.
« Le franc malgré son nom est la monnaie des Africains, ce n’est plus la monnaie de la France, il a disparu en Europe. Sur toutes ces questions-là, c’est aux Africains de se prononcer et ce n’est pas à nous de le faire à leur place », a expliqué le ministre à Abidjan, en Côte d’Ivoire, à l’issue d’une réunion avec ses homologues d’Afrique de l’Ouest et centrale de la «zone franc».
Michel Sapin cherchait ainsi à contourner toute discussion sur l’avenir du franc CFA qui date du colonialisme et qui suscite la polémique. « Ce n’est pas un sujet que j’aborde, car c’est un sujet qui appartient aux Africains« , a-t-il fait savoir. « Il y a un rôle institutionnel bien connu: nous sommes un élément de garantie de la monnaie, mais, pour le reste, le rôle est avant tout d’écouter, de faciliter et d’appuyer lorsqu’il le faut« , a précisé le ministre.
Créé en 1945, le franc CFA est aujourd’hui rattaché à l’euro. Autrement dit, il suit les variations de la monnaie unique. Et pour garantir cette parité fixe, les pays de la «zone franc» doivent déposer 50 % de leurs réserves de change au Trésor français. Ces pays n’ont donc pas d’indépendance monétaire, ce qui suscite de vives critiques. Toutefois, pour bon nombre d’économistes, cette monnaie joue toujours un rôle stabilisateur de leur économie.
Avec Figaro