Alors, il n’a pas vraiment digéré d’être évincé du pouvoir. Bon Dieu, il a proposé tous les scénarii pour rester, tester toutes les stratégies, sans résultat. Il avait été largement battu en 2012 par un de ses fils spirituels, Macky Sall, qu’il a, sinon forgé politiquement, du moins aidé à se faire un nom et à acquérir une certaine notoriété et une santé financière.
Alors, le Pape du Sopi a tout cela en travers de la gorge. Si l’on y ajoute l’emprisonnement de son fils exilé après une grâce peu ordinaire, on comprend son courroux contre Macky Sall.
Alors, depuis quelques temps, il se rend compte que le miracle est possible. Il peut revenir au pouvoir sans vraiment être Président de la République. Il se sait trop vieux pour cela, et il n’a pas manqué de le souligner. Alors, comme il suit tout ce qui se passe, il reste conscient de la possibilité, pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, d’une cohabitation au sommet de l’Etat avec un renversement de la majorité parlementaire à l’issue des législatives.
Wade qui guettait la moindre occasion, a bel et bien précisé, dans un entretien récent, que « rien ne l’empêche d’être là tête de liste de l’opposition sénégalaise aux prochaines législatives ».
Encore une « waderie », me direz-vous, mais c’est à prendre au sérieux. Nous ne sommes nullement en matière de politique fiction. Le décalage entre les législatives er la présidentielle rend ce scénario de cohabitation possible. Et vous conviendrez avec moi que ce sera la réalisation du rêve toujours caressé par Wade de revenir au pouvoir, d’inaugurer lui-même ses chantiers, de les poursuivre.
Ce sera un dôle de Premier Ministre. Contrairement à Boun Abdallah Dionne, il ne sera pas un PM de Macky, mais un PM contre Macky.
En fin stratège et en politicien hors pair, le leader du Pds sait la chose possible. Il ne s’en cache plus. Le fait de dire qu’il n’a pas encore pris une décision est une estocade pure et simple. Nous connaissons trop Wade pour savoir qu’il n’aurait jamais annoncé être la tête de file de l’opposition s’il n’avait pas sérieusement étudié la possibilité et en a discuté avec les uns et les autres.
Il se peut également que, comme cela a été le cas en 2000, que des hommes politiques de plus en plus nombreux fassent appel à lui pour porter la réplique à la coalition de Macky-Tanor-Niass.
Le Pape du Sopi en veut trop à ce trio pour ne pas profiter d’une occasion aussi inespérée de venir battre campagne, de tenir éventuellement les rênes du pouvoir sans être Président de la République.
Dopé par les derniers évènements liés notamment à l’emprisonnement de leaders politiques, à la reprise de service de Y’en a marre qui veut désormais participer aux élections, Wade va, à coup sûr, saisir cette opportunité et venir secouer « le Macky » pour le réduire à sa plus simple expression.
Comme quoi, nous allons vers des élections législatives aux allures de présidentielle. Les enjeux sont énormes et Macky joue, là, son avenir politique.
S’il réussit son coup en conservant la majorité parlementaire comme son ami Adama Barrow en Gambie, il pourra tranquillement rêver d’un deuxième mandat en 2019 en poursuivant son programme de Pse.
S’il perd les élections, il devra reconsidérer son avenir politique qui peut largement être hypothéqué par son ancien mentor, son « père » en politique, celui qu’il avait vaincu, Me Wade.
Car, la cohabitation sera un mystère pour tous. Personne n’y est préparé. Les institutions de la Républiques seront mises à rude épreuve, les conflits de pouvoir permanents, les tensions au sommet inévitables. Et pourtant, c’est bien possible. Et Wade le sait…