La victoire donne des ailes. Sa Thiès, au lendemain de son succès retentissant sur Ness, a publiquement défié Tapha Tine, Eumeu Sène et Bombardier. Pour le fils de Double Less, tant qu’il n’aura pas vengé Balla Gaye 2, il ne dormira pas sur ses deux oreilles. Quant à Boy Niang, Sa Thiès affirme qu’ils ne boxent pas dans la même catégorie.
Les Echos : Qu’est-ce que cela fait de battre un lutteur comme Ness ?
Sa Thiès : C’est un succès important qui m’a permis de franchir un palier. Le combat n’a pas été facile, mais on a réussi à l’emporter et c’est l’essentiel. Pour la durée du duel, cela ne m’a pas surpris. Comme nous sommes tous les deux des attaquants, le duel ne pouvait pas tirer en longueur.
Pouvez-vous revenir sur le film du combat ?
Ness a amorcé une attaque au coup d’envoi et j’ai riposté. Il y a eu des échanges de coups et j’ai usé par la suite de ma rallonge pour me saisir de son pagne, tourné autour de lui et le battre. On s’était préparé à toute éventualité. Je dis bien tout. Ness est un grand-frère et je le respecte beaucoup. Je prie pour qu’il gagne son prochain combat.
Etes-vous surpris par la stratégie de votre adversaire ?
Non. Peut-être que comme je suis un lutteur offensif, il croyait que s’il m’attaque, je vais m’affoler et perdre mes repères. C’était mal me connaitre. Moi, j’ai beaucoup de cordes à mon arc.
Les rotations, c’est une habitude chez vous…
Oui, c’est le fruit du travail. Cette rotation est différente de celle que j’avais effectuée face à Lac Rose. Ness, je l’ai presque cassé en deux et comme je savais que si je fais une rotation, il va perdre son équilibre, je n’ai pas hésité. Ce n’était pas pour rien que je disais connaitre Ness depuis tout petit.
Vous êtes décrit comme le bourreau de Lansar. Êtes-vous d’accord ?
Il me reste un ultime duel là-bas : Bada Faye (son coach) contre Max Mbargane (rires). Je le veux pour cette saison, mais pour être plus sérieux, c’est juste la volonté divine. J’ai battu ces lutteurs, mais cela ne signifie pas que je sois meilleur qu’eux. Non. C’est Dieu qui en a décidément ainsi. Merci à Balla Gaye 2, qui m’a soutenu comme un père. On a révisé la clé du combat durant dix minutes. Je ne cesserai de le remercier. Quand je vois Siteu le défier, je ne peux que me tordre de rires. Il voulait juste se faire remarquer, c’est tout. Personne ne peut nous déstabiliser. Au contraire, moi, je peux le faire pour les avoir battus tous. La pression, je ne la connais pas. Dimanche dernier, on avait voulu faire les choses de façon sobre. Pas un bakk intense, à la mémoire de quelques proches disparus avant le combat. J’étais en deuil, car j’ai perdu des êtres très chers. Mon père voulait venir au stade, mais on lui a dit non. Il est malade, mais ça va.
Battre Ness était un beau cadeau d’anniversaire pour vous ?
Un grand plaisir pour moi. J’ai fêté mes 28 ans avec une victoire sur Ness, c’est quelque chose. On n’a encore rien fait, on attend samedi pour organiser des festivités. Ama Baldé avait pris ma vengeance sur Malick Niang, je devais donc de lui rendre la pareille en battant Ness. On est quitte maintenant.
Est-ce que Boy Niang est dans votre ligne de mire ?
Non. ! Je suis désolé, mais il n’en fait pas partie. Mon palmarès est plus riche que celui de Boy Niang. Il a plus de défaites que moi et je suis plus jeune que lui. Ce n’est pas des paroles qui vont pousser Balla Gaye 2 à le prendre. Il a cravaché dur pour être roi des arènes. Qu’il travaille et la ferme, c’est mieux pour lui. Il n’est pas dans mes plans. Que ça soit clair. Je ne veux pas de lui.
Il a fait le vide à Guédiawaye…
Je n’ai rien à lui dire. On n’est pas pareil. Si les amateurs le veulent, qu’on le monte, mais qu’il la ferme.
De Gaulle a dit que son fils est prêt. Que lui répondez-vous ?
S’il a confiance vraiment en son fils, il n’a qu’à prendre l’avance. Il a toujours fui notre combat. Il devait m’affronter avant Guy-gui, mais il a refusé l’avance. Balla Gaye 2 n’est pas son égal. De combien de gestes techniques a-t-il usé pour battre son adversaire ? On les compte du bout des doigts. Il ne fait que parler, mais qu’il prenne mon avance. S’il avait commencé par moi, il n’aurait jamais remis les pieds à Guédiawaye.
Etes-vous prêt à défier les ténors ?
Mon souhait, c’est d’affronter Tapha Tine. Comme l’année tire presque à sa fin, je veux lui éviter une autre année blanche. S’il le veut, on s’affronte en juillet. La lutte est devenue difficile et cela ne sert à rien de rester des années sans lutter. D’ailleurs, on devait s’affronter bien avant Ness, mais cela ne s’est pas fait pour un problème de cachet.
Balla Gaye 2 risque une suspension pour vous avoir soutenu publiquement…
C’est mon grand-frère et je resterai toujours solidaire avec lui. S’ils le suspendent, ils doivent aussi me suspendre, car je ne vais plus lutter.
Que répondez-vous à Yekini Jr qui dit que vous l’évitez ?
C’est plutôt lui le poltron. On a longtemps démarché notre combat, il a toujours fui. Je lui ai dit que si cela ne dépend que de moi, mieux vaut ne pas perdre son temps, je ne l’affronterai pas. Il n’a qu’à affronter Ness. Son problème est qu’il sous-estime les adversaires qu’on lui propose. Il attend que ces derniers fassent des résultats pour qu’il retourne sa veste et revienne les réclamer. Je dis non. Avant de prendre Jordan, je devais affronter Yekini Jr. Il a dit non. Depuis 4 ans, je travaille d’arrache-pied et franchis des paliers, je n’accorderai aucune faveur à un lutteur qui sort de plusieurs années blanches. Il n’a qu’à travailler. Je regarde devant moi, pas derrière. Sa Thies-Tapha Tine, c’est un grand choc. N’empêche, mon objectif est d’affronter Bombardier et Eumeu Sène. Ils ont une dette envers moi. Ils ont battu mon grand-frère et je veux laver l’affront. Tant que je n’aurais pas vengé Balla Gaye 2, je ne me considérerais pas comme un grand lutteur. Je ne dormirais pas sur mes deux oreilles. Aussi, je veux ramener le titre de roi des arènes perdu depuis 2015. Je ne fixe pas de date, car cela dépend de Dieu. Mais je bosse pour ces deux objectifs.
Mais Balla Gaye 2 vise aussi la couronne…
Je ne serai jamais au-dessus de lui. Non jamais. Soit il le récupère ou moi, je le fais. C’est simple.