Le directeur régional pour l’Afrique de l’Organisation internationale du travail (OIT), Aeneas Chapinga Chuma, estime que la croissance en Afrique ne crée pas suffisamment d’emplois.
L’’OIT présentera jeudi et vendredi, les conclusions de deux ans de concertation mondiale sur l’avenir du travail.
En perspective de cette rencontre, le magazine « Jeune Afrique » a interrogé Aeneas Chapinga Chuma.
Au responsable Afrique de l’OIT, le journal a d’abord demandé si le fait de penser au chômage en parlant d’emploi en Afrique était une fatalité.
En réponse, il a estimé que l’avenir du travail sur le continent « sera confronté évidemment à l’entrée sur le marché de l’emploi de plusieurs centaines de millions de jeunes ».
Sans changement, prévient-il, ils « seront touchés par l’inactivité, le sous-emploi ou l’emploi informel ».
Le directeur de région de l’OIT estime en effet que « la croissance africaine ne fournit pas assez de travail ».
« La croissance sans emplois s’explique par ce que sont les moteurs de la croissance africaine, qui demeurent ancrés dans l’export de matières premières brutes, de fèves de café plutôt que du café transformé, de matières premières minières plutôt que de métaux… », a-t-il fait remarquer.
Selon lui, « industrialisation, transformation économique, valeur ajoutée restent les priorités pour l’emploi africain ». Il appelle à ’’mettre les plus jeunes en capacité d’avoir les compétences adaptées aux nouveaux modes de travail ».
Dans cette perspective, les Etats sont appelés à être à l’avant-garde pour « créer un environnement facilitateur, en subventionnant certaines filières pour y inciter les investissements privés ».
« i[Les efforts étatiques ne doivent pas être seulement réglementaires, comme cela a été la tendance, et doivent inclure l’entrepreneuriat et le travail indépendant […] »]i, a-t-il cependant relevé.
Le directeur régional pour l’Afrique de l’OIT pense que la numérisation devrait entrainer l’apparition de nouveaux métiers, réduire la part des travaux manuels dans l’agriculture ou les mines et augmenter les activités à plus forte valeur ajoutée.
Aeneas Chapinga Chuma suggère par conséquent de « mettre les plus jeunes en capacité d’avoir les compétences adaptées aux nouveaux modes de travail ».
Parmi les secteurs qui devraient embaucher, il a cité l’agriculture, « mais davantage en aval de la filière, dans la transformation et dans l’ingénierie plutôt que dans le labour et l’irrigation qui seront rendus obsolètes par la mécanisation ».
« i[L’agriculture demeure un vivier d’emplois pour la simple raison que la majorité des Africains sont en zone rurale. Dans l’informatique et la télécommunication, le transport, les services, les assurances, il y a des possibilités en fortes croissance. […]]i », dit-il.
Selon lui, « à l’heure actuelle, le grand écart persiste entre les compétences attendues sur le continent et la nature des formations administrées, laissant sur le carreau des bataillons de jeunes qui ne sont pas employables ».
Il estime que « le dialogue entre les patrons d’industrie et le secteur éducatif doit être plus étroit », préconisant aussi un renforcement des liens entre les pays africains et une accélération de l’intégration économique régionale.
« La libre-circulation ne doit pas s’arrêter aux biens, mais doit être étendue aux personnes et aux compétences. C’est une lacune importante », a-t-il relevé.
Aps