Malgré les dangers connus de l’utilisation de produits éclaircissants ou de dépigmentation de la peau dit « Xessal », les femmes sénégalaises en sont toujours de grandes consommatrices.
Les produits éclaircissants de toutes sortes, savon, crèmes ou lait sont en libre accès et en grands nombres dans les rues et sur les étals des marchés du Sénégal. On recense près de 117 produits disponibles à la vente. Ce marché est générateur d’importants bénéfices et est une source très lucratives de revenu. Les vendeurs in informés ou peu scrupuleux surfent sur une tendance mondiale qui est en ces temps de crises offre un apport financier inespéré. Ces ventes représentent un gros risque au point de vue sanitaire car ces produits sont soit des produits chimiques inappropriés pour la peau, soit des produits pharmaceutiques qui ne doivent être utilisés en automédication. Il n’existe actuellement aucune loi au Sénégal pour opérer à des contrôles ou à une réglementation de ces onguents.
Ce phénomène connut depuis les années 70 à Dakar voit les femmes utiliser ses produits durant des périodes plus ou moins courtes avec la volonté de s’éclaircir la peau. Leur but est de devenir « plus belle », « d’être à la mode » ou « de s’inscrire dans une forme de modernité ». Ces femmes veulent dans une optique qui semble entendable et qu’il ne faut pas stigmatiser : « plaire ».
Malheureusement, ces produits entraînent toutes sortes de complications dermatologiques comme de l’acné, de l’eczéma ou une hyper pigmentation qui souvent rend l’utilisation des produits éclaircissants addictifs puisque l’arrêt du produit entraîne l’inverse du résultat espéré.
D’autres effets négatifs se font connaître qui sont observables dans un temps plus long comme le diabète, l’hypertension artérielle résultant du sucre introduit dans le sang par le corticoïde présent dans les crèmes et inoculé lors du contact régulier avec la peau.
Des complications obstétricales sont aussi à déplorer. Des cas de fausse couches ou d’intoxication du nouveau né ont en effet était constaté. Ce phénomène renforcé par la volonté des femmes d’être belles donc plus clairs lors des grands évènements de la vie comme le sont, le baptême, le mariage ou les principales fêtes religieuses.
Les femmes sont donc les victimes consentantes de l’idéologie de la « beauté-blancheur » qui pose une véritable question idéologique.
Cette conception n’est certes pas nouvelle et n’est pas l’apanage des pays noirs africains. On déplore que dans le monde la clarté de la peau reste de façon prédominante celle du canon de beauté et par extension du désir masculin.
Les phénomènes historiques de domination peuvent être vus comme les responsables d’une blancheur symbole de pouvoir et d’argent. La couleur devient alors dispositif de délimitation sociale et donc de marqueur discriminant. On constate aussi en Inde la volonté des classes dominantes masculines de prendre pour épouse des femmes au teint clair qui répond à une délimitation historique symbolique entre le blanc signe du brahmane et le noir signe du paria.
Heureusement de nos jours les théories racistes de délimitation du noir comme porteur de vice et d’animalité et donc de la couleur comme signe d’un comportement n’est plus.
Mais cette volonté de clarté semble en être la trace inconsciente que Frantz Fanon appel une dévalorisation de l’image de soi.
Selon l’étude du docteur Fatimata Ly de l’association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle, le panel des 368 femmes étudiées dans le centre de santé dermatologique de Dakar ne montre pas de signe de dépréciation directe vis-à-vis de leur couleur. La clarté est un signe d’urbanité, le plus de femmes étant originaire de Dakar, de modernité en lien avec les clips et magazines et de féminité adulte. Souvent encouragé par leurs amies, les femmes entre 20 et 40 ans tentent d’unifier leur teint avant même de l’éclaircir pour être belle, suivre la mode et plaire aux hommes.
On ne peut les tenir personnellement responsable d’un phénomène qui touche toutes les femmes du monde qui est la modification de leur apparence.
Les femmes ont toujours usée de procédés de transformations et de modification mais jusqu’à quel point pouvons nous comprendre ce changement. Depuis les années 30, les femmes occidentales ont recours au bronzage comme usage de beauté qui n’est pas non plus sans danger. Des figures comme Beyoncé ou Rihanna image de la réussite et de beauté sont des modèles pour les jeunes générations qui voient dans ce métissage chromatique un symbole. On tend vers une normalisation et une uniformisation, vers un métissage qui marque un lien plus serein entre les cultures. C’est aussi à un rapprochement vers l’autre différent que nous assistons.
Mais le danger persiste au point de vue mondial quand l’être humain au nom des considérations sociales opère à une manipulation violente de soi différentes des habitudes féminines du vieil adage « Il faut souffrir pour être belle ».
On recense dans le monde de nombreux dégâts liés à la chirurgie esthétique. Passant de l’augmentation mammaire à la rhinoplastie à la liposuccion. Tout est modifié pour correspondre aux critères de beauté qui semble ce mondialiser. Ces actes tout autant que le « xessal » ne sont pas sans danger et peuvent dans les cas les plus extrêmes entrainaient la mort.
Une loi existe au Sénégal pour lutter contre au sein des établissements scolaires puisque l’utilisation du « xessal » entraine l’exclusion des jeunes filles.
Mais la tendance semble être à la désinformation ou à la banalisation de cette pratique.
De nombreuses voix s’élèvent contre ce phénomène mais elles semblent une goutte dans un océan.