Pourquoi fait-on des cauchemars ?

African woman holding blanket over face
African woman holding blanket over face

Faire un cauchemar ou un mauvais rêve à l’âge adulte est plus fréquent qu’on ne le pense. Comprendre le mécanisme en jeu permet de traiter cette peur nocturne.

Quand nous dormons, notre cerveau travaille ! Si le rêve se définit comme étant une activité cognitive produite par le cerveau endormi, il est loin d’être bienveillant, au contraire. Deux tiers des rêves seraient négatifs, affirme le Pr Isabelle Arnulf, chef de service du département des pathologies du sommeil à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).

Et cela ne doit surtout pas vous inquiéter. Avoir des rêves perturbés est un phénomène tout à fait normal. Voire thérapeutique, car, selon les chercheurs, il permettrait de digérer nos émotions négatives.

Digérer nos émotions négatives dans le sommeil

« CE SERAIT MÊME L’UNE DES FONCTIONS DU SOMMEIL : REPRENDRE LES ÉVÉNEMENTS DU QUOTIDIEN ET LES RETRAVAILLER POUR LES DIGÉRER SUR UN MODE DE POSSIBILITÉ PLUS EMBÊTANT, PAR EXEMPLE LA JEUNE MAMAN QUI « RÊVE » QUE SON BÉBÉ TOMBE DU LIT », EXPLIQUE LE DR ARNULF.

Autrement dit, nous imaginons le pire dans notre sommeil pour pouvoir mieux y faire face dans la réalité. Simuler la menace pour la neutraliser. C’est un processus complexe, une « drôle d’alchimie » qui nous fait associer des choses qui n’ont rien à voir entre elles pour les assimiler.

Quelle différence entre le mauvais rêve et le cauchemar ?

Le mauvais rêve devient cauchemar lorsqu’il vous réveille en pleine nuit. Il traduit l’échec de ce processus de « digestion ».

« L’ÉMOTION EST TELLEMENT FORTE QU’ELLE RÉVEILLE LA PERSONNE ET NE PEUT PAS ÊTRE DIGÉRÉE. ET TANT QU’ELLE N’EST PAS DIGÉRÉE, LE CAUCHEMAR REVIENT. »

Quelque 5% des adultes feraient des cauchemars récurrents.

A quoi sont dus les cauchemars récurrents ?

  • Cette « maladie des cauchemars » survient principalement après une agression, un stress aigu, un traumatisme. C’est l’un des symptômes caractéristiques d’un stress post-traumatique.
  • Dans une moindre mesure, le cauchemar récurrent renvoie à un conflit entre deux personnes.

Comment faire disparaître cette « maladie des cauchemars » ?

La thérapie EMDR, basée sur la désensibilisation et le retraitement d’informations négatives par des mouvements des yeux, est généralement utilisée en cas de stress post-traumatique et donne de bons résultats.

Si les cauchemars persistent, on a recours à la thérapie cognitive par répétition d’images mentales.

« LA PERSONNE REPREND LE SCÉNARIO HABITUEL DU CAUCHEMAR, ET EN CHANGE LE COURS AU MOMENT OÙ IL DÉGÉNÈRE. ELLE IMAGINE UNE FIN PLUS POSITIVE QU’ELLE DOIT VISUALISER ET RÉPÉTER DEUX FOIS PAR JOUR PENDANT DIX MINUTES PENDANT UNE SEMAINE”, EXPLIQUE LE PR ARNULF.

Le cauchemar disparaît quand le cerveau, à force de répétition, a appris à « emprunter un autre chemin ».  Quatre séances sont généralement nécessaires.

En dernière intention, en cas de résistance à cette thérapie cognitive, certains médicaments (à base d’adrénaline comme les hypertenseurs) peuvent être prescrits. A savoir : les somnifères sont inefficaces.

Et quand le cauchemar est agité ?

Chez le jeune adulte, entre 18 et 30 ans, ce type de terreurs nocturnes avec cris ou hurlements, se focalise autour d’un danger imminent : un train qui arrive sur soi, un plafond qui s’effondre, des bêtes sur le lit qui vous attaquent. L’hypnose est généralement efficace.

Autre population particulièrement concernées : les plus de 65 ans. 8% des seniors ont ce type de cauchemars agités, pouvant aller jusqu’à la chute du lit, avec des gestes violents pouvant conduire malgré soi à se blesser ou à blesser son conjoint. La spécialiste du sommeil insiste sur le fait qu’il est indispensable de prendre en charge ces personnes car ces cauchemars traduisent aussi un risque élevé de développer dans les cinq ans une démence ou une maladie de Parkinson.

Entre ces deux tranches d’âge extrêmes, il est beaucoup plus rare d’avoir des cauchemars agités. Ils sont alors dus au manque de sommeil ou au stress. C’est notamment le cas des jeunes mamans.

A SAVOIR : CERTAINS MÉDICAMENTS, COMME LES BÊTABLOQUANTS, CEUX CONTENANT DE LA DOPAMINE, CERTAINS ANTIDÉPRESSEURS ET SOMNIFÈRES (STILNOX OU ZOLPIDEM), FAVORISENT LA SURVENUE DE CAUCHEMARS.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici