Courtisé par Jay Z, il s’impose comme l’artiste au succès le plus retentissant de la nouvelle scène musicale africaine. Sa nouvelle mission : « Emmener l’Afrique dans le reste du monde. » Ayodeji Ibrahim Balogun vient d’un pays d’Afrique où il y a Boko Haram, des pirates lourdement armés, des milliers de millionnaires et des dizaines de millions de personnes qui vivent avec moins d’un dollar par jour.
Star de l’afro-pop nigériane
À 26 ans, il s’est imposé comme l’artiste au succès le plus retentissant de la nouvelle scène musicale africaine. Plus un seul DJ sur le continent qui puisse se priver des tubes de la star de l’afro-pop nigériane. Sa voix suave et cristalline, ses rythmiques épurées panachant afro-beat, hip-hop, dancehall et électro font danser les foules. Son style de dandy hipster africain, aussi élégant dans un jean slim que dans un costume de grand couturier ou un boubou traditionnel, fait craquer les dames et lui vaut les éloges des revues de mode, dont la version en ligne de l’édition américaine de Vogue.
Sur Instagram, où il a plus de 3 millions d’abonnés, il se met en scène en studio à Londres ou Los Angeles dans des tenues hype ou avec le créateur de mode français Christian Louboutin. Wizkid, enfant prodige de Lagos, s’est hissé avec grâce au rang d’icône d’une jeunesse africaine urbaine et décomplexée par rapport à un Occident qui ne la fait plus rêver.
Face à cette africanité assumée et sophistiquée, l’Europe ou les États-Unis ne sont plus que des supermarchés de luxe, pour les plus aisés, et des marchés à conquérir, pour les plus ambitieux. Et Wizkid le démontre avec brio. Avec deux albums et des clips toujours soignés, il a envoûté l’Afrique en moins de cinq ans, sacré en octobre 2016 « artiste de l’année » et « meilleur musicien » aux MTV Africa Music Awards.
Contrat à 1 million de dollars
Mais Ayodeji Ibrahim Balogun voit plus loin. « Nous avons hâte de l’aider à conquérir le monde », dit Adam Granite, président de la division Europe et Afrique de Sony Music International. Le 1er mars, la maison de disque a officialisé la signature de Wizkid, considéré comme « une priorité pour 2017 ». Le montant du contrat reste confidentiel, mais dépasserait le million de dollars. « Le plus gros deal jamais signé par un Africain », s’enorgueillit-on dans l’entourage de l’artiste.
Comme pour rendre hommage à cette Afrique qui l’a rendu célèbre, Wizkid a sorti le même jour, son dernier single, une ode à l’amour intitulée Sweet Love, déjà un hit. Le clip qui l’accompagne est un florilège de ses concerts et bains de foule, de Bamako à Freetown, de Dakar à Kigali. Peut-être est-ce une manière de dire à ses fans du continent qu’il va désormais se concentrer sur sa nouvelle mission, qu’il définit ainsi : « Emmener l’Afrique dans le reste du monde. »
Voilà l’enfant des quartiers populaires de Lagos, qu’il arpente en Lamborghini ou en taxi-bus populaire dans ses clips, courtisé par les plus grands noms du hip-hop comme le « rap-entrepreneur » Jay Z à la tête du label Roc Nation. Lorsque Wizkid collabore avec l’artiste canadien Drake, il en ressort, en avril 2016, un hit, One dance, et qui occupera plusieurs mois la première place des charts en France et aux États-Unis. « On constate que le moment est venu pour les artistes comme Wizkid de s’internationaliser, ce qui constitue un début de révolution culturelle africaine, estime de Lagos, Michael Ugwu, directeur général de Sony Music pour l’Afrique de l’Ouest. Ils sont déjà au top en Afrique. Ils vont être au top dans le monde entier. »
Source lemonde.fr