Les auditions de Khalifa Sall et Cie intervenues huit jours seulement après leurs inculpations préoccupent les avocats de la défense. Les robes noires restent pessimistes quant à un avis favorable du Doyen des juges d’instruction, après les auditions au fond. D’autres actes posés par les autorités avant la programmation des auditions ont suscité leur crainte. Hier, Fatou Traoré et Cie ont réitéré les propos tenus à l’enquête de police.
A quel jeu jouent les autorités dans cette affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar ? C’est fondamentalement la préoccupation des avocats de Khalifa Sall et Cie. Même si certains, moins alarmistes, estiment que du côté du pouvoir, on veut juste savoir quelle explication le maire de Dakar va donner sur cette affaire, mise à part les accusations politiques, d’autres pensent que les prémisses annoncent un mauvais coup politique de la part du régime de Macky Sall. La préoccupation des conseils de la défense se fonde principalement sur la convocation «dans la précipitation» de leur client.
Fatou Traoré, Yaya Bodian et les deux percepteurs Ibrahima Touré et Mamadou Oumar Bocoum auditionnés hier
C’est à la suite d’une réunion tenue au ministère de la Justice que l’audition du maire de Dakar et de ses coinculpés a été programmée. C’est du moins ce qui se susurre dans le camp de Khalifa Sall et qui donne des frissons aux proches. Suffisant pour susciter l’inquiétude du côté des robes noires. C’est donc sur fond d’inquiétude que s’est déroulé hier le passage de certaines personnes incriminées dans cette affaire. Au total, six personnes ont été entendues, hier, par le Doyen des juges d’instruction. Il s’agit de quatre inculpés, notamment Fatou Traoré, Yaya Bodian et les deux percepteurs Ibrahima Touré et Mamadou Oumar Bocoum, mais également deux témoins dont l’un serait le frère de Fatou Traoré. Selon nos informations «l’audition s’est dans l’ensemble bien passée». Les personnes entendues dans cette affaire, hier, ont campé sur leurs positions, réitérant les propos tenus à l’enquête préliminaire.
Khalifa Sall a rencontré longuement ses avocats hier. Il n’avait répondu qu’à 7 questions sur 27
La deuxième phase des auditions reprend aujourd’hui, avec le passage très attendu de l’édile de la capitale. Selon une source proche du dossier, au cours de l’interrogatoire devant les enquêteurs, au total 27 questions ont été posées par les enquêteurs de la Division des investigations criminelles (Dic), mais le maire de Dakar n’a répondu qu’à sept de ces questions, qui sont des questions d’ordre général. Pour le reste, Khalifa Sall s’est abstenu de répondre aux policiers. Son face-à-face aujourd’hui avec le Doyen des juges d’instruction pourrait donc être le moment des révélations. Mais, quoi qu’il en soit, l’édile de la commune de Dakar est très attendu sur les questions de fond. Hier, Khalifa Sall s’est très longuement entretenu avec ses conseils, qui peaufinent une stratégie de défense. Ce qui est sûr, c’est que juste après l’audition, les robes noires vont déposer une demande de mise en liberté provisoire.
Alassane DRAME
Jotay.net