Qui était « Al Makhtoum » ou le mystérieux?

Né le 29 décembre 1927 à Saint Louis Cheikh Ahmet Tidiane Sy, un surdoué à souhait, avait bouclé ses études islamiques des cycles inférieur et moyen à l’âge de 14 ans. A 16 ans, il publie son premier livre : «Les vices des marabouts ». Puis plus tard, il sort «L’inconnu de la nation sénégalaise : El-Hadji Malick  Sy ». A la trentaine, il effectue son premier voyage à Paris où il a vécu, durant des années.

Cependant, il serait simpliste de vouloir suspendre le renom et l’influence de cet homme de Dieu au seul avantage de sa généalogie. Fils de Seydi Ababcar Sy, Serigne Cheikh s’est forgé un destin, il s’est frayé une voie aux prix de multiples épreuves dont le moindre est sa double mise aux arrêts, sous le régime de Senghor. Et comme si le prophète David, rappelé parmi les vivants avait choisi de se réincarner en lui, que de métier dans sa prime jeunesse, ont éprouvé sa silhouette pourtant frêle ! Tout y est passé, depuis les travaux champêtres jusqu’aux montagnes financiers des hommes d’affaires. Un peu comme pour tutoyer les douze travaux d’Hercules, il a été, avec des fortunes diverses cultivateur, commerçant transporteur, industriel etc. Aussi pourrait-on dire sans la moindre intention de « starisation tendancieuse », qu’il a payé de sa personne, le royaume de sympathie et de considération taillé dans le cœur de ses compatriotes, musulmans ou non.

De la même manière, il serait malvenu, à notre avis, de rechercher les clefs combiens enviables de sa notoriété dans les abysses insondables de sa seule puissance intellectuelle, pour remarquable que soient, du reste, sa formation et son parcours initiatique. En folâtrant dans les jardins de sa poésie, hors du commun, l’on peut glaner cette fleur insolite au parfum enivrant :

« (…) Aucun syllogisme ne saurait être assez élaboré pour étourdir mon entendement. Aucun concept ne saurait être assez aérien pour soumettre, à rude épreuve mes talents d’exégète. Mon esprit a fini d’apprivoiser les moindres secrets de la rhétorique et les échos de mon éloquence retentiront à jamais (…)»

Dans cette confession chevaleresque, il y a une note envahissante de fierté et d’assurance dont les fondements restent insaisissables. Ainsi, à juste raison, on le surnomme, à l’image de son homonyme le fondateur de la Tidianya, « Al Makhtoum », le mystérieux. Un mystère qu’il gardera jusqu’à on dernier souffle.

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