Luis Enrique et Unai Emery, destins croisés : sur le départ, l’entraîneur de Barcelone espère écrire un dernier chapitre glorieux en Ligue des champions mercredi, en huitièmes de finale retour (20h45) face au technicien parisien, vainqueur 4-0 à l’aller et proche d’un premier coup d’éclat au PSG.
L’un achève son mandat, l’autre le commence, mais quoi qu’il arrive au Camp Nou, un de ces deux Espagnols signera l’une des plus belles pages européennes de son club.
Si, comme c’est probable, le Paris SG se qualifie pour les quarts, le Basque Emery (45 ans) se posera en homme providentiel, neuf mois après son arrivée. Ce qui lancera idéalement le PSG vers le Graal continental tant convoité par les propriétaires qataris du club.
Mais à l’inverse, si le FC Barcelone réussissait l’improbable exploit de combler ses quatre buts de retard, l’Asturien Luis Enrique (46 ans) passerait à la postérité comme l’homme de la ‘remontada’, la remontée. Et tout semblerait à nouveau possible aux Catalans, désireux d’offrir au technicien une belle sortie avant son départ programmé en fin de saison.
Très critiqué après le naufrage à Paris, contraint d’officialiser mercredi dernier sa décision de s’en aller, Luis Enrique a repris confiance avec le sursaut de son équipe, de retour en tête du Championnat d’Espagne. Et l’entraîneur refuse de s’avouer vaincu en C1.
“Nous sommes à la moitié du chemin. S’ils nous ont marqué quatre buts, nous pouvons leur en marquer six”, a lancé mardi Luis Enrique, bravache.
Luis Enrique en terre inconnue
Son Barça s’avance néanmoins en terre inconnue, puisque aucune équipe n’a jamais réussi à se qualifier après une défaite 4-0 à l’aller en C1.
Depuis plusieurs jours, la Catalogne veut pourtant croire à l’incroyable. “Si, se puede” (“Oui, c’est possible”), a scandé le Camp Nou samedi face au Celta Vigo (5-0), heureux de voir Lionel Messi redevenir supersonique : le quintuple Ballon d’Or argentin reste sur six buts en quatre rencontres et il pointe en tête des buteurs de la C1 (10 unités).
Messi et ses compères Luis Suarez et Neymar devraient a priori être associés en attaque au sein d’un 3-4-3 ultra-offensif ébauché par Luis Enrique. Une nouvelle stratégie à double tranchant, car l’équipe blaugrana va devoir marquer au moins quatre fois, mais aussi ne pas encaisser.
Au-delà de la qualification, l’honneur catalan est en jeu: si le Barça n’obtient pas son 10e quart consécutif en C1, au moins souhaite-t-il laver l’affront et pousser Paris dans ses retranchements. Histoire d’aborder la fin de saison dans une autre dynamique pour viser un nouveau doublé Liga-Coupe, comme en 2015 et 2016.
Attentes élevées pour Emery
Côté parisien, Unai Emery avance avec prudence. Évidemment, le récital du match aller a fait taire les critiques autour du triple lauréat de l’Europa League (2014, 2015, 2016), dont les compétences d’entraîneur avaient été remises en cause.
Le technicien basque sait qu’il peut conforter son aura naissante en ajoutant une page dorée à l’histoire récente du PSG: l’élimination d’un grand d’Europe.
Même privé de Thiago Motta, forfait, le PSG peut miser sur l’efficacité d’Edinson Cavani (7 buts en C1) en attaque. L’équipe parisienne semble d’ailleurs en forme ascendante, malgré la concurrence de Monaco et Nice en L1 et quelques difficultés face aux petites équipes.
Mais cet étincelant début d’année 2017 a généré des attentes élevées, qu’il ne faudrait surtout pas décevoir au Camp Nou: une sortie de route dès les huitièmes serait aussi retentissante que le match aller fut jugé magistral.
Pas question pour le Basque de se relâcher face à un adversaire aussi redoutable. “Notre confiance en nous reste intacte. Mais il faut garder tout notre respect, qu’il reste le même qu’avant le match aller”, a prévenu Unai Emery, qui n’a battu Luis Enrique que deux fois en neuf confrontations.
“C’est un immense technicien et une grande personnalité”, a observé Emery à propos de Luis Enrique. Pour chacun d’eux, la suite de l’histoire s’écrit mercredi.