C’est l’histoire d’une femme battue depuis 20 ans par son époux qui est conseiller municipale à la commune de Kédougou…Qui le protège ?
Cette femme a eu le courage vingt ans après pour confier son martyr aux autorités compétentes et aussi à votre site Xibaaru. Voici la correspondance de notre Reporter à Kédougou…Adama Diaby
Kédougou : Cette femme est violentée depuis 20 ans par son époux…
Camara vit un véritable calvaire depuis 20 ans dans les liens d’un mariage qui la lie à un conseiller municipal de la commune de Tomboronkoto (département de Kédougou). Cet élu se targue de cette position pour affirmer de n’avoir aucune crainte pour la loi. Cette intimidation s’achemine-t-elle vers sa fin ? En tout cas, sa femme de victime a enfin eu le courage de se confier au reporter du site xibaaru.com pour mettre un terme à cette souffrance dans ce couple.
« Je me suis disputée avec mon époux à cause d’un morceau de savon. Lorsque mon savon est terminé, je lui ai demandé de m’en acheter. Il m’a dit qu’il n’avait pas d’argent. Par la suite, il est venu déposer sciemment 2000 FCFA sur le lit avant de prendre le chemin de la brousse. J’ai aussitôt pris les 2000 FCFA pour aller acheter du savon. Au retour de mon époux, il s’est empressé de dire que c’est moi qui ai pris les 2000 FCFA. Il m’a sommé de lui restituer son argent tout de suite sinon il me battrait. Je lui ai répondu en ces termes : Au lieu de m’engueuler, il faudrait d’abord me demander ce qui s’est réellement passé. Aussitôt il a dit que j’étais la seule à pouvoir faire ces choses pareilles dans sa maison. Par la suite, je lui ai dit que je portais son enfant dans mes bras, c’est pourquoi j’ai eu l’audace de prendre l’argent pour acheter du savon. Le bébé fait des déchets dans ses habits. Dans ces conditions, il ne saurait être à l’abri des maladies. Nous avons tous le devoir de l’entretenir, d’assurer son hygiène corporelle et celle de ses habits. Il m’a demandé de lui rembourser son argent. Ce que j’ai refusé catégoriquement. Aussitôt, il s’est mis à me donner des coups sur la tête ».
Un mari violent, un élu local loin d’être un modèle…
« Toutes les femmes qui étaient venues me secourir ont reçu des coups de poing de sa part. Sachant son comportement violent à mon égard, aucun autre homme du village n’est venu à mon secours. J’ai pourtant eu 8 enfants pour lui dont 5 filles et 3 garçons. J’ai failli perdre la vie en mettant tous ces enfants au monde. Il m’est arrivé de m’évanouir au cours de 4 de mes accouchements qui ont tous ont été faits à domicile. Il m’est arrivé de perdre beaucoup de sang. Pour me sauver, il a fallu qu’on me déverse de l’eau sur la tête et sur la poitrine. Je n’ai jamais connu le chemin des formations sanitaires pour les besoins des consultations prénatales. Ce sont mes voisins qui ont mobilisé des ressources financières pour m’évacuer vers le centre de santé de Kédougou. Mon époux n’a contribué qu’à hauteur de 5000 FCFA. Mes frères ont mobilisé 38000 FCFA pour acheter toutes les ordonnances que le médecin m’avait prescrites. Mon époux ne me soigne pas et il passe tout son temps à me violenter à la maison. J’ai avorté une fois ».
Au secours, je suis fatiguée mais je ne divorcerai pas
« Je suis venu demander de l’aide pour pouvoir être à l’abri de cette violence dont je suis victime durant de longues années. Je ne souhaiterai pas divorcer. Je voudrai rester dans le foyer et pouvoir entretenir mes enfants. Je n’ai plus de gens qui me soutiennent pour mettre fin à cette violence. Parfois quand cette violence devient insupportable, je déserte le foyer pour aller me réfugier chez mes parents. Depuis que j’ai épousé cet homme, je n’ai jamais eu la paix. Nous avons consommé 20 ans de mariage. Ma fille ainée de 17 ans est mariée elle aussi. J’ai épuisé toutes les voies de la persévérance ».
La dernière volonté de la victime
« J’ai obéi aux recommandations de mon entourage. Mes parents et les sages m’ont conseillé d’être patiente, que mon époux changera de comportement un jour. Mais actuellement les limites de ma patience sont dépassées. Tous les villages, de Batranké à Folonkhoto, personne n’est parvenu à le ramener à la raison. Mon souhait c’est mon époux soit aussi frappé. Ainsi il saura la douleur qu’on ressent quand on est battu. Ainsi il aura à l’esprit que l’homme doit respecter la femme surtout pour moi qui ai mis au monde pour lui 8 petits bouts de bois de Dieu ».
Il faut dire que cette femme a eu son salut grâce au comité régional de Lutte contre les Violences faites aux Femmes (CLVF) qui l’a accueillie et orientée en vue d’un règlement de l’affaire qui l’oppose à son époux et du recouvrement de ses droits violés pendant de longues années.
Propos recueillis par Adama Diaby à Kédougou pour xibaaru.com