Yahya Jammeh est désormais en exil à Malabo, en Guinée équatoriale. Villa tout confort et bolides de luxe devrait lui assurer une paisible retraite. Mais tous les chefs d’État africains battus dans les urnes ont-ils choisi la même voie ? Senego a exploité le dossier de JeuneAfrique avec des extraits, sur les seize (16) Présidents déchus.
Comment négocie-t-on, quand on a occupé un palais présidentiel pendant de nombreuses années, un retour à une vie plus normale ? Privilégie-t-on un repos plus ou moins mérité ? Utilise-t-on son expérience pour servir, encore, son pays ? Ou vogue-t-on vers d’autres cieux, régionaux ou internationaux, comme si, désormais, le territoire national ne suffisait plus ?
Abdou Diouf: Sénégal: Mandat(s) : 1981-2000
Situation actuelle : Ancien secrétaire général de l’OIF, à la retraite
Lorsque Léopold Sédar Senghor, “père de la nation”, démissionne en 1981, c’est Abdou Diouf qui reprend les commandes du Sénégal. Après près de 20 ans au pouvoir – élu en 1983, puis réélu en 1988 et 1993 -, il est battu par l’opposant Abdoulaye Wade en 2000. L’héritier de Senghor ne ternit pas l’image de son mentor, il accepte sa défaite et se retire en France. L’Union africaine fait appel à lui pour de nombreuses médiations sur le continent. En 2003, soit trois ans après son retrait de la vie politique sénégalaise, Abdou Diouf est élu secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Et s’y maintient jusqu’en 2015, à l’issue de trois mandats.
Abdoulaye Wade: Sénégal: Mandat(s) : 2000-2012
Situation actuelle : Secrétaire général national du PDS
À 90 ans, Abdoulaye Wade, battu dans les urnes en 2012, continue de piloter à distance le Parti démocratique sénégalais (PDS), principale formation politique d’opposition, depuis un pavillon versaillais. Comme Abdou Diouf (battu dans les urnes en 2000) et Léopold Sédar Senghor (qui avait, lui, passé le relais), il a choisi la France pour y passer sa retraite.
Yahya Jammeh: Gambie: Mandat(s) : 1994-2017
Situation actuelle : En exil à Malabo
Yahya Jammeh s’apprêtait à briguer son cinquième mandat quand, à la surprise générale, il est ressorti battu de l’affrontement qui l’opposait à Adama Barrow, le 1er décembre 2016. Acceptant sa défaite, puis revenant sur sa parole quelques jours plus tard, Jammeh jure d’abord qu’il ne quittera pas le pouvoir. Mais les tractations et les pressions militaires de la Cedeao auront raison de sa détermination.
Après avoir négocié et obtenu sa sécurité et un statut d’ancien chef d’État, il se résout donc à quitter le pays qu’il dirigeait depuis 22 ans, le 21 janvier, sur une ultime requête : se voir dérouler le tapis rouge vers l’avion Falcon900DX qui l’emmène, via Conakry, vers le lieu de son exil, la Guinée équatoriale.
Une villa y a été mise à sa disposition à Malabo, et il a pu y emporter deux Rolls-Royce et une Mercedes-Benz. Dix autres véhicules, dont une Bentley, une autre Mercedes, une Mini Cooper rouge et plusieurs Range Rover, sont en revanche restées sur le tarmac de Banjul, faute de place.