AFFAIRE BAMBA FALL ET BARTHÉLÉMY DIAS
A travers « l’emprisonnement » de Bamba Fall et les autres suite à l’affaire de la casse de la maison du Ps, Khalifa Ababacar Sall voit une tentative de musellement d’un groupe de jeunes dynamiques sanctionnés, juste, pour avoir osé afficher leur opposition. « Ils croupissent en prison parce qu’ils ont défendu leurs idées et leurs opinions. C’est le lieu de les poser en modèle… Ce qui est regrettable dans cette affaire, c’est la judiciarisation du dossier. Je ne crains pas d’être sanctionné quand j’ai tort, fauté. Tous ces gens qui ont conduit ces jeunes en prison, ces jeunes ont été dans le parti avant eux ».
L’invité du Grand Jury estime que les motifs évoqués pour mettre la main sur ces socialistes sont « exagérés », tout comme la « réactivation » du dossier de Barthélémy Dias, 6 ans après ». Le maire de Dakar de s’estimer abasourdi en constatant que tous ceux qui lui sont proches sont traqués. Il citera, mis à pat le maire de Médina et celui de Mermoz Sacré-Cœur, la députée Aminata Diallo dont la levée de l’immunité parlementaire est demandée. « Ces jeunes et ces femmes, nous sont très proches. L’affaire Barhélémy s’est passée en décembre 2011 et c’est en mars 2017 qu’ellle a été ressuscitée. Pourquoi a-t-on attendu 6 ans? C’est parce que les propos de Barthélémy ont évolué. Tout ça est politique ! Les coïncidences sont troublantes. »
KHALIFA SALL, MANQUERAIT-IL DE COURAGE ?
Aux Sénégalais qui pensent qu’il manque de courage politique, Khalifa Sall a répondu. « Je ne sais même pas ce que c’est avoir peur ». Pour lui, toute chose en son temps. Il invite ceux qui doutent de son courage à se rapprocher de ceux qui le connaissent véritablement. Au sein du Ps, il ne fuira jamais le combat. D’ailleurs avertit-il : « Je ne démissionnerai jamais du Parti Socialiste…Sortir du Ps, ce n’est pas courageux. Je ne démissionnerai jamais ». Pour ce qui concerne sa brouille avec l’actuel patron du Ps, Khalifa Sall apporte une certain recadrage. « Avec OTD, nous n’avons pas de divergence de doctrine, de vision sociétale, de programmes. Le problème du Ps n’est pas un problème d’orientation. Il est stratégique. Le parti ne doit jamais renoncer d’aller vers les citoyens ». Stratégique pour l’approche faite de part et d’autre par rapport à la coalition Benno. Le maire de Dakar rappelle n’avoir jamais été d’accord sur certains aspects de l’entente. « Tout le parti sait que je n’étais pas d’accord pour une liste avec Benno. Je suis un socialiste. Je ne suis pas un libéral. Benno est une addition de formations politiques ». Et pour mieux marteler sa désapprobation, il dit nourrir deux ambitions : aller aux législatives dans une liste autre que celle de Bby et voir le Ps présenter un candidat lors de la présidentielle de 2019. Conséquence de ce qui précède : il ne sent nullement responsable du bilan du Président Macky Sall. « Ce que fait le gouvernement Sall ne m’engage pas », a-t-il notamment dit.
RÉQUISITOIRE ET INQUIÉTUDES
« Nous avons envie de construire le pays. Cette nation connait des fissures. Les contestations de différents ordres commencent à naître. Il faut refonder l’Etat. Avoir un Etat impartial. Aujourd’hui, on n’a pas une administration neutre. Les hauts fonctionnaires sont obligés d’aller faire de la politique, d’être membres du parti au pouvoir. Il faut recrédibiliser l’Etat! Que le fonctionnaire, que le magistrat ne soit pas obligé de plaire à sa hiérarchie »…Un réquisitoire à peine voilé du maire de Dakar. Pour l’invité du Grand Jury, le Sénégal a beaucoup régressé depuis Senghor et Diouf et même…depuis Wade. Oui ! le socialiste réitère commencer à regretter Wade, même s’il rappelle avoir entretenu avec lui des relations délétères. « Wade avait l’intelligence du Chef. Il avait l’intelligence de vous appeler, de vous écouter. On ne s’entendait pas. Avec Wade, on avait un projet de tramway. Nous avions prévu de faire 4 investissements structurants. »
Interpellé sur divers autres questions et notamment sur les législatives, Khalifa Sall dira ne pas avoir de fixation sur la personne d’Abdoulaye Daouda Diallo comme ministre de l’intérieu,r mais estime nébuleux la modification du calendrier électoral, le processus de confection des cartes d’identité biométriques et celui des inscriptions sur les listes électorales. « Je suis pour le respect des textes… Les gens éprouvent d’énormes difficultés pour s’inscrire ». Il fera état du manque de machines avant de rappeler que le vote n’est pas obligatoire au Sénégal. « Les gens peuvent s’inscrire et ne pas voter. On peut avoir 5 millions d’inscrits et avoir un million de votants! »