Selon une étude, publiée vendredi dans la revue américaine Science, les petites filles se considèrent moins intelligentes que les garçons dès l’âge de 6 ans.
A l’âge de six ans, les petites filles associent davantage l’intelligence aux hommes qu’aux femmes, un stéréotype qui limite potentiellement leurs aspirations et leur carrières futures.C’est ce que démontre une étude, publiée vendredi 27 janvier, dans la revue américaine Science, réalisée sur un panel de 400 enfants entre 5 et 7 ans.
L’un des tests a consisté à raconter aux enfants une histoire courte sur une personne « vraiment très intelligente » sans leur dire s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. À 5 ans, garçons et filles ont attribué à part égale leur propre sexe comme étant celui de ce personnage « très intelligent ». Mais à 6 et 7 ans, les filles étaient nettement moins nombreuses – entre 20 et 30 % – à faire ce choix que les garçons.
Les auteurs de l’étude ont également demandé aux enfants de deviner qui, parmi deux garçons et deux filles, avaient obtenu les meilleures notes à l’école. Dans ce cas précis, toutes les petites filles de 5 à 7 ans ont estimé que les filles avaient probablement les meilleures notes, suggérant une distinction entre le fait d’être « brillant » et les performances scolaires, fondées sur le travail et l’assiduité.
Des stéréotypes « susceptibles d’affecter les femmes dans leur choix de carrière »
Enfin, les chercheurs ont demandé aux enfants de choisir entre deux jeux, l’un présenté comme étant destiné « à des enfants très très très intelligents », et l’autre décrit comme étant « pour des enfants qui font beaucoup d’efforts ». Les filles de 6 et 7 ans ont montré moins d’intérêt que les garçons du même âge pour le jeu destiné aux enfants « intelligents », alors qu’à 5 ans, il n’y avait aucune différence dans le choix des filles et des garçons.
Selon Lin Bian, chercheuse à l’université d’Illinois qui a conduit cette étude, ces résultats pourraient être importants pour déterminer comment les stéréotypes se développent et sont susceptibles d’affecter les femmes dans leur choix de carrière. Cela pourrait expliquer pourquoi moins de femmes se dirigent vers des disciplines réputées difficiles comme la physique et la philosophie ou l’ingénierie.
Pour Sarah-Jane Leslie, qui enseigne la philosophie à Princeton, « ces conclusions montrent que les stéréotypes de ce genre commencent à avoir un impact sur les choix des filles à un âge désespérément jeune ».
Une enquête, publiée également dans Science en janvier 2015 et réalisée au niveau universitaire, concluait que le stéréotype, selon lequel les hommes sont plus brillants intellectuellement, pénalise les femmes aux États-Unis, notamment dans les sciences.
« Les résultats de l’étude confortent l’hypothèse, selon laquelle il s’agit de préjugés inconscients enracinés dans des stéréotypes sur l’homme et la femme dans notre société », expliquait alors Andrei Cimpian, professeur de psychologie à l’université d’Illinois, auteur de cette étude.
Avec AFP