Mame Awa Mbacké Ndiaye a comparu hier devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar poursuivie par son ex-mari toubab. En même temps que Saliou Cissé, la transitaire Katy Mbaye et son stagiaire Mountaga Thiam. Ils encourent deux ans de prison dont six mois ferme.
Tout est parti du divorce entre Mame Awa Mbacké Ndiaye et son époux, un toubab dont le père de la dame était le marabout. En effet, juste après leur union, Daniel Graft avait offert une voiture à sa femme. Deux mois après leur divorce, la dame a décidé de vendre la voiture, qui était toujours dans l’enceinte du port de Dakar. C’est à cet effet qu’elle a été présentée au sieur Saliou Cissé qui cherchait à acquérir une voiture. Après négociation, la vente est scellée. Mais entre-temps, M. Graft a décidé de ne plus lui offrir la voiture, mieux il a changé le connaissement au nom de Salif Bakhoum, un autre transitaire qu’il avait engagé. Mais c’était trop tard, puisque la dame avait fini de céder la Hyundai ix35 au sieur Cissé au prix de 5 millions de F Cfa.
Après avoir acquis la voiture, Cissé s’est attaché les services de la maison de transit Tika, dirigée par Katy Mbaye pour le dédouanement du véhicule. Mais, ne pouvant pas sortir la voiture qui est désormais au nom de Salif Bakhoum, la transitaire Mbaye a demandé à son stagiaire Mountaga Thiam d’aller trouver une pièce d’identité avec le nom de Salif Bakhoum; le nom du transitaire inscrit dans le système de la douane comme étant le propriétaire de la voiture. C’est dans ces circonstances que le sieur Thiam a, à l’aide d’un logiciel, créé une photocopie d’une pièce d’identité avec le nom de Salif Bakhoum. A l’aide de ce faux, la maison de transit a pu sortir la voiture pour le sieur Saliou Cissé.
Mais, quelque temps après, Katy Mbaye et son stagiaire Mountaga Thiam ont été rattrapés par leur délit. Et pour cause, le toubab, qui décidément voulait se venger de son ex-femme, a décidé de porter plainte contre la maison de transit «Tika» de la dame Mbaye.
Ainsi Katy Mbaye et l’étudiant stagiaire Mountaga Thiam ont d’abord été interpellés. Ensuite, les policiers ont mis la main sur Saliou Cissé et sur Mame Awa Mbacké Ndiaye. Tout ce beau monde a comparu hier devant la barre du tribunal.
Interpellée, Mame Awa Mbacké a déclaré avoir vendu un bien qui lui avait été offert par son mari, d’avec qui elle a divorcé par la suite. Saliou Cissé, a qui avait été vendu le véhicule, a déclaré pour sa part n’être pas au courant des méthodes utilisées par la maison de transit «Tika» à qui il avait demandé de sortir la voiture. Quant aux deux principaux prévenus dans cette affaire, à savoir la gérante de la maison de transit «Tika» la dame Katy Mbaye et son stagiaire Mountaga Thiam, ils ont avoué leur faute avant de demander la clémence du tribunal.
« Je reconnais que ce que j’ai fait est grave. Mais je l’ai fait justement pour aider un client à pouvoir sortir sa voiture. Parce que la voiture était au nom de Mame Awa Mbacké quand nous avons débuté la procédure ; ce n’est que par la suite que le connaissement a été mis au nom de Salif Bakhoum. Nous demandons pardon au tribunal », s’est défendu Katy Mbaye. Une déclaration corroborée par Mountaga Thiam qui a reconnu à son tour avoir falsifié une pièce d’identité pour y mettre le nom de Salif Bakhoum afin de permettre à sa patronne de pouvoir sortir la voiture.
Plaidant l’affaire, l’avocat du prévenu Saliou Cissé, qui s’est aussi constitué partie civile, a demandé au tribunal, après avoir relaxé son client, d’ordonner la restitution du véhicule et de lui allouer la somme de 15 millions en guise de dommage et intérêts. À son tour, le conseil de l’autre partie civile qu’est M. Graft, ex-mari de la dame Mbacké, a déclaré que cette dernière savait que son ex-mari allait changer le connaissement de la voiture, c’est pourquoi elle s’est précipitée pour la vendre. « Nous demandons au tribunal d’ordonner la restitution de la voiture et de nous allouer la somme de 2 millions pour le préjudice causé », a plaidé la robe noire.
Prenant ses réquisitoires, la maitresse des poursuites a déclaré que la culpabilité des mis en cause ne souffrait d’aucun doute. Pour cela, elle a demandé au tribunal de les condamner à 2 ans de prison dont six mois ferme. À tour de rôle, les avocats des différents prévenus ont tenté de casser le réquisitoire du parquet, chacun y allant avec les arguments qui plaident en faveur de son client. Délibéré le 10 janvier.