C’est l’histoire d’un manager pragmatique et révolutionnaire. Le frêle garçon avec les enfants dans la piscine en 1980 qui chantait Mouride ou encore le Youssou avec son bazin marron du début du Super Etoile a aujourd’hui 57 ans. La coupe n’est plus afro. Et beaucoup de chemin a été parcouru. Toutefois en 2016, à côté de sa dimension planétaire avec la musique, Youssou Ndour est aussi devenu un chef d’entreprise, un manager, un leader d’opinion international… à travers la consolidation économique de son modèle culturel.
Le jour où You a dit à son père Elimane Ndour…
Son papa Elimane Ndour était réfractaire au job dévalorisant des musiciens de l’époque. Ces derniers étaient des disciples invétérés de Bacchus et de la bonne chair. Ils n’avaient aussi comme seule ambition de rester éveillés dans la nuit et de dormir dès l’aurore.
Mais, Youssou Ndour, un jour accompagné d’un de ses tontons, est venu demander l’autorisation d’arrêter les études pour se lancer dans la musique.
Son père Elimane Ndour voulait le voir en costume cravate, travaillant dans un bureau. Pourtant, Youssou Ndour a réussi à tenir cette promesse, après un détour remarqué dans la musique.
Les paroles de son papa résonnent encore dans les oreilles de You. « Je crois que tout est parti d’un mot de mon père qui s’était opposé à ce que je fasse de la musique pour plusieurs raisons. Un jour, il m’a dit : «je ne suis pas allé à l’école, je viens du Baol, je veux que tu continues tes études, je veux te voir demain dans un bureau, devenir un avocat, un banquier, un quelqu’un… ». Je lui ai dit : « malheureusement papa, l’école c’est bien, mais, je suis plutôt passionné par la musique. Si tu m’y autorises, je vais faire la musique mais, tu ne verras jamais ton fils sur un mauvais chemin ». Tout est parti de là », lance-t-il au magazine économique Réussir.
Tout est donc parti de cette boutade paternelle. C’était presque utopique pour ce chanteur en herbe de rêver d’être un manager en costard. Sans le savoir, Elimane Ndour avait déclenché un sursaut, une alchimie revancharde chez son fils qui a toujours voulu arriver à cette destination «bureaucratique»… en passant par un chemin si atypique, si sinueux et parsemé d’embûches que la musique.
Sans ces fameuses études dans les grandes écoles HEC, Youssou Ndour a pourtant su articuler un grand modèle économique avec toutes les ressources financières qu’il a tirées de la musique. Ce n’était pas gagné.
10% d’inspiration et 90% de transpiration
Ces paroles sages du papa Elimane Ndour ont certainement constitué ses 10% d’inspiration. Le reste, les 90% de transpiration ont fait le reste.
Ragaillardi par les mots de son père, Youssou Ndour a ainsi investi le champ économique en se faisant comme promesse : ‘’je vais chercher un bureau pour montrer à mon père, comme les avocats et banquiers avec leurs bureaux, on pouvait être musicien et avoir un bureau’’.
Youssou déjà formel en 1981 dans un secteur informel
Youssou Ndour est alors allé à l’avenue Malick Sy pour y trouver un appartement à louer. « J’ai donné une avance et j’y ai aménagé. Avec un bureau, un téléphone, une salle d’attente et une salle pour répéter ».
C’est alors qu’il confia comme tâche à un de ses meilleurs amis, qui était « plus instruit » d’être le manager. « Tu vas calculer tout ce qui entre, tout ce qui sort, tout ce qu’on gagne, tout ce qu’on perd. Tu vas salarier tous les gens qui travaillent ici », lui avait-il dit.
Youssou Ndour l’avait très tôt compris. Il était dans le formel, mais avant-gardiste et révolutionnaire, il savait qu’il devait être formel avec comme sacerdoce une rigueur comptable exemplaire.
C’est après que Youssou Ndour a recruté comme manager qualifié un certain Latyr Diouf, devenu l’organisateur sur le plan administratif, comptable et financier.
« La formalisation n’a pas du tout été facile parce que le show-biz était, à l’époque, très informel, la vente des cassettes, l’environnement… », se souvient Youssou Ndour.
Il fallait alors mettre le paquet avec la musique et ce n’était vraiment pas évident. « J’étais obligé de prendre des engagements par-ci, par-là ou à emprunter pour faire face à mes charges sociales. Quand il y avait des surplus, il fallait être vigilant, veiller à ce quoi ça ne soit pas dépensé trop vite. Il fallait jongler pour tenir le coup. Ensuite, il fallait aller vers autre chose »…vers la Société africaine de production musicale (SAPROM).
Le jour où You a dit à son père Elimane Ndour…
Son papa Elimane Ndour était réfractaire au job dévalorisant des musiciens de l’époque. Ces derniers étaient des disciples invétérés de Bacchus et de la bonne chair. Ils n’avaient aussi comme seule ambition de rester éveillés dans la nuit et de dormir dès l’aurore.
Mais, Youssou Ndour, un jour accompagné d’un de ses tontons, est venu demander l’autorisation d’arrêter les études pour se lancer dans la musique.
Son père Elimane Ndour voulait le voir en costume cravate, travaillant dans un bureau. Pourtant, Youssou Ndour a réussi à tenir cette promesse, après un détour remarqué dans la musique.
Les paroles de son papa résonnent encore dans les oreilles de You. « Je crois que tout est parti d’un mot de mon père qui s’était opposé à ce que je fasse de la musique pour plusieurs raisons. Un jour, il m’a dit : «je ne suis pas allé à l’école, je viens du Baol, je veux que tu continues tes études, je veux te voir demain dans un bureau, devenir un avocat, un banquier, un quelqu’un… ». Je lui ai dit : « malheureusement papa, l’école c’est bien, mais, je suis plutôt passionné par la musique. Si tu m’y autorises, je vais faire la musique mais, tu ne verras jamais ton fils sur un mauvais chemin ». Tout est parti de là », lance-t-il au magazine économique Réussir.
Tout est donc parti de cette boutade paternelle. C’était presque utopique pour ce chanteur en herbe de rêver d’être un manager en costard. Sans le savoir, Elimane Ndour avait déclenché un sursaut, une alchimie revancharde chez son fils qui a toujours voulu arriver à cette destination «bureaucratique»… en passant par un chemin si atypique, si sinueux et parsemé d’embûches que la musique.
Sans ces fameuses études dans les grandes écoles HEC, Youssou Ndour a pourtant su articuler un grand modèle économique avec toutes les ressources financières qu’il a tirées de la musique. Ce n’était pas gagné.
10% d’inspiration et 90% de transpiration
Ces paroles sages du papa Elimane Ndour ont certainement constitué ses 10% d’inspiration. Le reste, les 90% de transpiration ont fait le reste.
Ragaillardi par les mots de son père, Youssou Ndour a ainsi investi le champ économique en se faisant comme promesse : ‘’je vais chercher un bureau pour montrer à mon père, comme les avocats et banquiers avec leurs bureaux, on pouvait être musicien et avoir un bureau’’.
Youssou déjà formel en 1981 dans un secteur informel
Youssou Ndour est alors allé à l’avenue Malick Sy pour y trouver un appartement à louer. « J’ai donné une avance et j’y ai aménagé. Avec un bureau, un téléphone, une salle d’attente et une salle pour répéter ».
C’est alors qu’il confia comme tâche à un de ses meilleurs amis, qui était « plus instruit » d’être le manager. « Tu vas calculer tout ce qui entre, tout ce qui sort, tout ce qu’on gagne, tout ce qu’on perd. Tu vas salarier tous les gens qui travaillent ici », lui avait-il dit.
Youssou Ndour l’avait très tôt compris. Il était dans le formel, mais avant-gardiste et révolutionnaire, il savait qu’il devait être formel avec comme sacerdoce une rigueur comptable exemplaire.
C’est après que Youssou Ndour a recruté comme manager qualifié un certain Latyr Diouf, devenu l’organisateur sur le plan administratif, comptable et financier.
« La formalisation n’a pas du tout été facile parce que le show-biz était, à l’époque, très informel, la vente des cassettes, l’environnement… », se souvient Youssou Ndour.
Il fallait alors mettre le paquet avec la musique et ce n’était vraiment pas évident. « J’étais obligé de prendre des engagements par-ci, par-là ou à emprunter pour faire face à mes charges sociales. Quand il y avait des surplus, il fallait être vigilant, veiller à ce quoi ça ne soit pas dépensé trop vite. Il fallait jongler pour tenir le coup. Ensuite, il fallait aller vers autre chose »…vers la Société africaine de production musicale (SAPROM).
L’innovation économique avec la SAPROM et le studio XIPPI
Youssou Ndour a très tôt vu venir. Il n’était point question de se partager les recettes après les concerts, mais, plutôt de mettre en place une micro entreprise avec une sécurité sociale…avec des salariés. On était au début des années 80 et il payait ses musiciens 90 .000 FCFA le mois selon son « jumeau » Mbaye Dièye Faye.
La SAPROM a été créée sur les conseils de son ami expert-comptable, Abdoul Aziz Dièye. Ce dernier lui avait demandé de créer cette société ‘’pour ne pas trop s’exposer personnellement’’.
Youssou Ndour avait ainsi jeté les bases d’une Pme, avec notamment l’achat de deux véhicules de transport, l’un pour le matériel et l’autre pour le personnel pour les sorties.
Le plus intéressant économiquement a été la location des voitures et du matériel de sonorisation quand le Super Etoile ne jouait pas pour les rentabiliser économiquement cet investissement initial.
Comptabilité, rentabilité, salaires, Youssou Ndour avait pris de l’avance. Avec la SAPROM, Youssou Ndour, le chef d’entreprise était né, même si à cette époque, Youssou Ndour, le chanteur transcendait toute cette logistique naissante.
C’est après cette société en miniature du Super Etoile que Youssou Ndour a eu le flair de mettre sur les fonts baptismaux le studio Xippi qui a été une grande innovation en Afrique de l’Ouest en termes d’enregistrement, duplication et distribution des cassettes.
« J’ai rêvé avoir mon propre studio d’enregistrement. J’ai eu des contacts pour reprendre le Golden Baobab, un studio du fils de Senghor. Je l’ai racheté et j’y ai mis du matériel. Ainsi, on a créé le studio XIPPI pour s’occuper des enregistrements et plus tard de la duplication et de la distribution des cassettes. Mais la SAPROM restait la société de production et de promotion. », se souvient You.
« Rien n’était organisé dans le secteur. Moi, j’ai un peu de moyens, de la notoriété, j’ai eu envie de mettre ça en place. Pour en bénéficier en tant qu’artiste, mais aussi, pour tous les autres qui en avaient besoin », ajoute-t-il.
A ce moment précis, le musicien avait accouché d’un bébé businessman, un chef d’entreprise avec un modèle économique. Et aujourd’hui avec le GFM, Youssou Ndour peut bien dire à son père qu’il est devenu un bureaucrate.
Il a maintenant son bureau huppé et porte les plus beaux costumes cravate du moment. Mieux, celui qui avait demandé à son papa de lui laisser abandonner ses études pour la chanson est devenu le PDG d’une grande entreprise. Il commande aujourd’hui des avocats et autres comptables et administratifs.
You avait raison de faire le détour avec la musique que de prendre l’autoroute à péage des études parfois aussi incertaine.
Malgré tout, il est devenu un chef d’entreprise respecté qui fait vivre son art, tout en assumant son leadership et son modèle économique qui avaient été enclenchés avec la SAPROM, en passant par les studio Xippi, Sports Fm et aujourd’hui GFM.
Youssou Ndour a très tôt vu venir. Il n’était point question de se partager les recettes après les concerts, mais, plutôt de mettre en place une micro entreprise avec une sécurité sociale…avec des salariés. On était au début des années 80 et il payait ses musiciens 90 .000 FCFA le mois selon son « jumeau » Mbaye Dièye Faye.
La SAPROM a été créée sur les conseils de son ami expert-comptable, Abdoul Aziz Dièye. Ce dernier lui avait demandé de créer cette société ‘’pour ne pas trop s’exposer personnellement’’.
Youssou Ndour avait ainsi jeté les bases d’une Pme, avec notamment l’achat de deux véhicules de transport, l’un pour le matériel et l’autre pour le personnel pour les sorties.
Le plus intéressant économiquement a été la location des voitures et du matériel de sonorisation quand le Super Etoile ne jouait pas pour les rentabiliser économiquement cet investissement initial.
Comptabilité, rentabilité, salaires, Youssou Ndour avait pris de l’avance. Avec la SAPROM, Youssou Ndour, le chef d’entreprise était né, même si à cette époque, Youssou Ndour, le chanteur transcendait toute cette logistique naissante.
C’est après cette société en miniature du Super Etoile que Youssou Ndour a eu le flair de mettre sur les fonts baptismaux le studio Xippi qui a été une grande innovation en Afrique de l’Ouest en termes d’enregistrement, duplication et distribution des cassettes.
« J’ai rêvé avoir mon propre studio d’enregistrement. J’ai eu des contacts pour reprendre le Golden Baobab, un studio du fils de Senghor. Je l’ai racheté et j’y ai mis du matériel. Ainsi, on a créé le studio XIPPI pour s’occuper des enregistrements et plus tard de la duplication et de la distribution des cassettes. Mais la SAPROM restait la société de production et de promotion. », se souvient You.
« Rien n’était organisé dans le secteur. Moi, j’ai un peu de moyens, de la notoriété, j’ai eu envie de mettre ça en place. Pour en bénéficier en tant qu’artiste, mais aussi, pour tous les autres qui en avaient besoin », ajoute-t-il.
A ce moment précis, le musicien avait accouché d’un bébé businessman, un chef d’entreprise avec un modèle économique. Et aujourd’hui avec le GFM, Youssou Ndour peut bien dire à son père qu’il est devenu un bureaucrate.
Il a maintenant son bureau huppé et porte les plus beaux costumes cravate du moment. Mieux, celui qui avait demandé à son papa de lui laisser abandonner ses études pour la chanson est devenu le PDG d’une grande entreprise. Il commande aujourd’hui des avocats et autres comptables et administratifs.
You avait raison de faire le détour avec la musique que de prendre l’autoroute à péage des études parfois aussi incertaine.
Malgré tout, il est devenu un chef d’entreprise respecté qui fait vivre son art, tout en assumant son leadership et son modèle économique qui avaient été enclenchés avec la SAPROM, en passant par les studio Xippi, Sports Fm et aujourd’hui GFM.
Groupe Futurs Médias : la grande révolution audiovisuelle
En 2016, Youssou Ndour a bâti un grand empire de la presse sénégalaise avec même un projet de création de deux nouvelles chaînes de télévision, de deux radios thématiques et d’un magazine.
Après avoir investi de sa voix dans la musique, Youssou Ndour a mis ses billes sur le plan économique avec la Radio Futurs Médias (RFM) en 2002 qui est présentement la plus écoutée dans la région de Dakar.
L’Observateur, le quotidien de 16 pages lancé en 2003 reste toujours la meilleure vente au Sénégal avec près de 100 000 exemplaires.
Mais, le jackpot a été l’investissement en 2010 sur la Télévision Futurs Médias qui est l’une des trois chaînes de télévision les plus regardées au Sénégal.
Le groupe Futurmedia avec son imprimerie n’est que la suite logique de ses premiers investissements dans le secteur économique avec la Saprom et le studio Xippi.
Youssou Ndour s’est même essayé dans une société de micro-crédit (Birima), sans oublier une fondation caritative. Néanmoins, aujourdhui, You peut se vanter de son groupe de presse qui l’un des plus structurés économiquement au Sénégal.
Toutefois, aujourd’hui encore plus que jamais, il est conscient que seul un modèle économique viable peut faire pérenniser GFM.
«Vous savez, l’investissement dans le Groupe Futurs Médias représente des milliards. Il me donne beaucoup de satisfaction quand je vois tout le chemin que nous avons parcouru et tous les efforts consentis. Cependant, si une des logiques prioritaires de départ était d’investir pour rentabiliser et créer des emplois, l’heure est venue pour le groupe d’optimiser l’apport du personnel à de potentielles activités porteuses. La taille de GFM en ressources humaines est très grande et tourne autour de 2 milliards de F CFA par an. Avec toute la bonne volonté du monde, je ne peux pas continuer à réinjecter perpétuellement mes propres capitaux. », souffle-t-il à Enquête.
Même s’il est quelque part philanthrope, comme le renseigne Gaston Madeira, le directeur du développement à GFM, Youssou Ndour est aussi conscient de sa nouvelle dimension de chef d’entreprise, qui doit prendre des décisions stratégiques. Et en bon manager, You va certainement les prendre.
« L’heure est venue de s’adapter à la réalité ! Je le dis et répète, mon option n’est point le licenciement, mais, l’orientation vers des sous-secteurs porteurs. Sous la direction d’un homme d’expérience en la personne d’Ibrahima Dieng, j’ai confiance que ces nouveaux produits recevront un accueil positif des auditeurs et téléspectateurs, inchAllah », assure-t-il.
Et quand on lui pose la question « qu’est-ce qui fait courir Youssou Ndour ?, le chanteur et patron de presse reste zen et répond catégorique avec un brin de Darwinisme : « Je ne cours pas ! (Il se répète 3 fois) Je crois au travail bien fait et dans chaque domaine, j’essaye d’avoir les meilleurs avec moi. C’est ça mon secret. Je milite pour l’évolution. Je suis un artiste et je vis de ma passion. Et ce n’est pas pour remplir les coffres des banques que je m’investis autant. Une fois de plus, sachez que je ne cours pas du tout ».
Déjà, il n’était pas pressé en 1981 quand il quittait l’Etoile de Dakar en déclarant : «mon nom m’impose des devoirs que je ne peux esquiver: des devoirs familiaux et la promotion de la musique sénégalaise. Je me battrai de toutes mes forces pour réussir…».
Aujourd’hui 35 ans, plus tard, Youssou Ndour est resté pragmatique. Le petit fils de Marie Sène avait raison de croire en un modèle économique qu’il a puisé dans son modèle culturel qui continue de séduire les mélomanes avec notamment un nouvel album international Africa Rek.
D’ailleurs, le pragmatisme de Youssou Ndour est devenu une marque de fabrique comme le détaille si bien Mamoudou Ibra Kane, du Groupe Futurs Médias : «c’est quelqu’un qui donne l’impression de ne vouloir jamais s’arrêter. C’est quand même assez paradoxal pour un artiste de sa dimension, les grands artistes marchent souvent à l’intuition. Mais ,lui prend toujours le temps de bien mûrir ses idées». Bref, 10% d’inspiration et 90% de transpiration.
Signé par toute la rédaction de leral….
En 2016, Youssou Ndour a bâti un grand empire de la presse sénégalaise avec même un projet de création de deux nouvelles chaînes de télévision, de deux radios thématiques et d’un magazine.
Après avoir investi de sa voix dans la musique, Youssou Ndour a mis ses billes sur le plan économique avec la Radio Futurs Médias (RFM) en 2002 qui est présentement la plus écoutée dans la région de Dakar.
L’Observateur, le quotidien de 16 pages lancé en 2003 reste toujours la meilleure vente au Sénégal avec près de 100 000 exemplaires.
Mais, le jackpot a été l’investissement en 2010 sur la Télévision Futurs Médias qui est l’une des trois chaînes de télévision les plus regardées au Sénégal.
Le groupe Futurmedia avec son imprimerie n’est que la suite logique de ses premiers investissements dans le secteur économique avec la Saprom et le studio Xippi.
Youssou Ndour s’est même essayé dans une société de micro-crédit (Birima), sans oublier une fondation caritative. Néanmoins, aujourdhui, You peut se vanter de son groupe de presse qui l’un des plus structurés économiquement au Sénégal.
Toutefois, aujourd’hui encore plus que jamais, il est conscient que seul un modèle économique viable peut faire pérenniser GFM.
«Vous savez, l’investissement dans le Groupe Futurs Médias représente des milliards. Il me donne beaucoup de satisfaction quand je vois tout le chemin que nous avons parcouru et tous les efforts consentis. Cependant, si une des logiques prioritaires de départ était d’investir pour rentabiliser et créer des emplois, l’heure est venue pour le groupe d’optimiser l’apport du personnel à de potentielles activités porteuses. La taille de GFM en ressources humaines est très grande et tourne autour de 2 milliards de F CFA par an. Avec toute la bonne volonté du monde, je ne peux pas continuer à réinjecter perpétuellement mes propres capitaux. », souffle-t-il à Enquête.
Même s’il est quelque part philanthrope, comme le renseigne Gaston Madeira, le directeur du développement à GFM, Youssou Ndour est aussi conscient de sa nouvelle dimension de chef d’entreprise, qui doit prendre des décisions stratégiques. Et en bon manager, You va certainement les prendre.
« L’heure est venue de s’adapter à la réalité ! Je le dis et répète, mon option n’est point le licenciement, mais, l’orientation vers des sous-secteurs porteurs. Sous la direction d’un homme d’expérience en la personne d’Ibrahima Dieng, j’ai confiance que ces nouveaux produits recevront un accueil positif des auditeurs et téléspectateurs, inchAllah », assure-t-il.
Et quand on lui pose la question « qu’est-ce qui fait courir Youssou Ndour ?, le chanteur et patron de presse reste zen et répond catégorique avec un brin de Darwinisme : « Je ne cours pas ! (Il se répète 3 fois) Je crois au travail bien fait et dans chaque domaine, j’essaye d’avoir les meilleurs avec moi. C’est ça mon secret. Je milite pour l’évolution. Je suis un artiste et je vis de ma passion. Et ce n’est pas pour remplir les coffres des banques que je m’investis autant. Une fois de plus, sachez que je ne cours pas du tout ».
Déjà, il n’était pas pressé en 1981 quand il quittait l’Etoile de Dakar en déclarant : «mon nom m’impose des devoirs que je ne peux esquiver: des devoirs familiaux et la promotion de la musique sénégalaise. Je me battrai de toutes mes forces pour réussir…».
Aujourd’hui 35 ans, plus tard, Youssou Ndour est resté pragmatique. Le petit fils de Marie Sène avait raison de croire en un modèle économique qu’il a puisé dans son modèle culturel qui continue de séduire les mélomanes avec notamment un nouvel album international Africa Rek.
D’ailleurs, le pragmatisme de Youssou Ndour est devenu une marque de fabrique comme le détaille si bien Mamoudou Ibra Kane, du Groupe Futurs Médias : «c’est quelqu’un qui donne l’impression de ne vouloir jamais s’arrêter. C’est quand même assez paradoxal pour un artiste de sa dimension, les grands artistes marchent souvent à l’intuition. Mais ,lui prend toujours le temps de bien mûrir ses idées». Bref, 10% d’inspiration et 90% de transpiration.
Signé par toute la rédaction de leral….