Officiellement, le mandat de Yahya Jammeh expire le 18 janvier 2017 à 23h59. A minuit, Adama Barrow tentera de se faire introniser président. Pour enfiler son futur costume d’apparat, le nouveau président pare au plus pressé. Il annonce la mise en place d’un comité d’experts qui doit fournir un plan de développement du pays que son futur gouvernement amorcera après son investiture. Mais le mystère le plus entier reste de savoir si cette investiture aura bien lieu?
C’est une véritable guerre de nerfs entre Yahya Jammeh et Adama Barrow dans le cadre de la crise post-électorale qui secoue la Gambie. Le premier s’obstine encore à décréter qu’il ne cèdera pas son fauteuil tant que la Cour suprême n’aura pas statué sur son recours en annulation.
Pendant ce temps, le second se prépare activement à enfiler son costume de futur président avec son investiture programmée le 19 janvier prochain. Une intronisation que Yahya Jammeh promet d’empêcher malgré l’annonce de la présence des chefs d’Etat de la Cedeao en soutien au président Barrow.
Un comité d’experts en attendant l’intronisation
C’est donc un long chemin vers le Palais du State House à Banjul que vient d’entamer Adama Barrow. A moins d’un mois de son investiture, Adama Barrow se voit déjà sur le fauteuil occupé du palais présidentiel et dévoile déjà les premiers actes de son futur magistère. Premier acte de la gouvernance Barrow, la création d’un comité d’experts chargé de formuler les mesures pour impulser la relance du pays.
« Pour s’assurer que le pays exploite pleinement ses potentialités à mon entrée en fonction, j’ai demandé la création d’un groupe d’experts, appelé Agence pour un développement socio-économique durable », a annoncé Adama Barrow par voie de communiqué rendu public, ce lundi 26 décembre.
Dans le détail, ce comité d’experts sera constitué d’« un noyau de sept experts dans les domaines politique, civil, économique, social, culturel et environnemental pour coordonner la mobilisation des experts devant préparer le plan de développement qui va remplacer celui du gouvernement sortant », annonce le même.
Barrow veut se tailler un costume de futur leader
A terme, l’objectif de ce think-tank d’experts est de plancher au plus vite sur les secteurs névralgiques de la Gambie pour formuler un plan triennal 2017-2020 pour le développement. Pourtant, cette annonce de Barrow poursuit un objectif plus sibyllin dans la surenchère politique installée par le maître de Banjul qui indique qu’il ne cèdera pas son fauteuil.
Enfermé dans une tour de réserve sur conseils des chefs d’Etat de la sous-région depuis ses maladresses qui ont conduit l’homme au sceptre à opérer cette volte-face surprenante, Adama Barrow s’affirme désormais de plus en plus non sans une certaine prudence. L’homme d’affaires fuit de plus en plus les micros et les caméras et opte pour une communication calibrée à coups de communiqués ou en se faisant représenter par son porte-parole et futur vice-président Halifa Sallah. Sur le plan politique, l’homme semble avoir abandonné sa fixation à traduire Yahya Jammeh devant les tribunaux internationaux encore moins gambiens.
Mais cette nouvelle posture de Barrow est-elle de nature à infléchir celle de Jammeh résolu à entrer dans un bras de fer avec la Cedeao qui brandit désormais le bâton militaire pour le déloger du palais avec une force menée par le Sénégal voisin ?
En tout cas, l’issue de la crise pourrait s’accélérer avec l’examen, le 10 janvier prochain, du recours pour annuler le scrutin déposé par le parti de Yahya Jammeh devant la cour suprême présidée par le Nigérian Emmanuel Fagbenle. L’examen de ce recours intervient neuf jours avant l’investiture de Barrow. L’avenir politique de la Gambie se décidera alors dans les salles d’audience de la Cour suprême !
Ibrahima Bayo Jr