Alep: les impacts d’une chute annoncée

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Entre annonce de cessez-le-feu et reprise des bombardements, la situation reste confuse sur le terrain. Après un siège meurtrier, la chute de la partie rebelle d’Alep représentera un tournant dans le conflit syrien, selon Rfi.

« J’espère que la situation à Alep sera réglée dans les deux ou trois jours », déclarait ce mercredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Ce succès militaire annoncé s’accompagne déjà à Damas, Moscou ou Téhéran de déclarations victorieuses au nom de la lutte contre le terrorisme. En Syrie, le régime de Bachar el-Assad et ses alliés russes et iraniens se présentent en remparts contre le terrorisme, refusant de faire la distinction entre l’opposition armée à Bachar el-Assad et des groupes jihadistes radicaux, tels que l’organisation Etat islamique.

L’intensité de l’offensive sur la partie rebelle d’Alep en est une nouvelle preuve : la guerre en Syrie est en enjeu de puissance mondiale pour la Russie de Vladimir Poutine. Et au niveau régional un enjeu de puissance pour l’Iran dans sa lutte contre l’Arabie saoudite.

Coup dur pour les anti-Assad

La perte annoncée d’Alep est un coup dur pour les pays de la région qui soutiennent l’opposition armée syrienne : les pays du Golfe et la Turquie. Alors qu’il rêvait d’affirmer son influence régionale en s’opposant à Bachar el-Assad, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dû déchanter. Du coup, la politique syrienne d’Ankara a évolué ces derniers mois. La  Turquie lutte désormais en priorité contre les Kurdes de Syrie à sa frontière. Elle s’est même rapprochée de Moscou, principal soutien de Bachar el-Assad.

 La chute annoncée d’Alep est aussi un coup dur pour les Occidentaux, dont la politique syrienne a été marquée par des hésitations. Comme en 2013 lorsque Washington, Paris et Londres ont préparé des frappes contre le régime de Bachar el-Assad avant de faire marche arrière.

Leur priorité est désormais la lutte contre le groupe Etat islamique, en Syrie et en Irak. Dans ce contexte, la tentation de soutenir la politique russe en Syrie et même le régime de Bachar el-Assad progresse en Occident. A cet égard, il faudra attendre la prise de fonction de Donald Trump à la Maison-Blanche pour connaitre ses projets concernant la Syrie.

Echec de l’ONU

Les civils sous les bombes, les hôpitaux détruits, les exécutions sommaires dénoncées ces derniers jours à Alep : un cauchemar et un échec de la communauté internationale qui n’a pas su soulager les souffrances de la population. Au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies, six vetos russes et cinq chinois ont bloqué des projets de résolution sur la Syrie depuis le début du conflit. A tel point que des pays, dont la France, demandent désormais une limitation du droit de veto.

Il faut enfin rappeler que toutes les tentatives de faire négocier le pouvoir syrien avec des représentants de l’opposition, à Genève, se sont heurtées au refus de Damas et de ses alliés, refusant l’idée d’une transition politique. On voit mal comment il pourrait en être autrement lorsqu’Alep sera tombée.

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