ueurs à gages, cigares et stylos empoisonnés, coquillages explosifs, combinaison de plongée contaminée : la CIA a déployé des trésors d’imagination dans ses plans pour assassiner Fidel Castro, grand ennemi des Etats-Unis durant la guerre froide, révèlent divers documents des services secrets.
Un document déclassifié de la CIA, une enquête d’un inspecteur général de l’agence de renseignement et un rapport datant de 1975 du comité chargé de contrôler le fonctionnement et les actions des différents services de renseignements américains (Commission Church) révèlent les complots fomentés par les espions, dont certains n’ont jamais dépassé la phase de test en laboratoire…
Fidel Castro, lui, a toujours insinué avoir réchappé de plus de 600 complots visant à l’assassiner.
– Epiler le barbu –
Les premiers plans n’envisageaient même pas de tuer Castro et s’apparentent plutôt à des blagues d’étudiants.
La Commission Church écrit qu’entre mars et août 1960 « la CIA élaborait des plans pour contrer le charisme du tribun en sabotant ses discours ».
L’idée de pulvériser du LSD dans les studios télé avait été avancée puis abandonnée, la drogue étant considérée comme peu « fiable ».
Les services techniques de la CIA avaient ensuite mis au point un traitement chimique sur une boîte de cigares censé procurer une certaine confusion, espérant que Castro s’allume un havane avant de prononcer son discours et se ridiculise ainsi publiquement.
La commission a également découvert un plan censé « détruire l’image de l’homme barbu » grâce à un puissant produit dépilatoire qui lui aurait fait perdre sa barbe. L’idée était d’en asperger les chaussures du « Comandante » dans un hôtel lors d’un voyage à l’étranger, mais le déplacement de Castro a été annulé.
– Cigare mortel –
Le rapport de la Commission Church a découvert « des preuves concrètes d’au moins huit complots visant à assassiner Castro entre 1960 et 1965 ». Une boîte des cigares favoris de Castro avait ainsi été traitée avec « une toxine botulique pouvant tuer si un cigare était porté à la bouche ».
Les cigares ont été remis à une personne non-identifiée en février 1961, mais rien ne dit s’il y a eu une tentative de les remettre à Castro.
– Tueurs à gage –
En 1960, la CIA a recruté des membres de la mafia, leur promettant 150.000 dollars en cas de succès.
L’agence du renseignement souhaitait un assassinat par arme à feu mais les mafieux suggéraient alors une méthode plus discrète: inoculer du poison dans une boisson ou de la nourriture.
Une pilule contenant une toxine botulique avait alors été confiée à un officiel cubain, Juan Orta, qui devait être payé en retour par la mafia des casinos. Mais après plusieurs mois d’attente, Orta a abandonné la mission, selon un mémo de la CIA.
Le complot de la pilule empoisonnée a été ravivé après le fiasco de la Baie des Cochons en 1961 mais a été abandonné deux ans plus tard.
– Coquillage explosif –
En 1963, naît l’idée d’un « coquillage piégé » déposé à l’endroit où Castro pratiquait la plongée, mais les services techniques de la CIA ont considéré le projet « irréaliste ».
– Equipement de plongée contaminé –
La CIA comptait sur James Donovan, un juriste américain qui négociait avec Castro la libération des prisonniers de la Baie des Cochons, pour lui remettre une tenue de plongée « contaminée ».
Une tenue imprégnée d’un champignon causant une maladie chronique de la peau, le pied de Madura, et un système respiratoire infecté avec la tuberculose a été mis au point mais n’a jamais quitté les laboratoires de la CIA.
– Stylo empoisonné –
La CIA a remis à un haut responsable cubain qui souhaitait éliminer Castro, un stylo avec une seringue hypodermique empoisonnée « tellement fine que la victime ne ressentirait même pas la piqure », selon la Commission Church.
Mais ce haut responsable s’est plaint que la CIA ne lui donne pas « quelque-chose de plus sophistiqué » et ne l’aurait pas emporté avec lui.
– Le silencieux –
Plus tard la CIA devait fournir à ce haut responsable un pistolet et un silencieux, mais en juin 1965 les contacts avec ce dernier ont été rompus « pour des raisons de sécurité ».