Invité dans l’émission Face2Face d’Aissatou Diop Fall, le jeune responsable du parti démocratique sénégalais, Abdou Khafor Touré est revenu sur la fronde de quelques responsables visant à changer le patron du parti.
Selon Khafor Touré : « d’abord ça me gène qu’on parle de fronde. Ce n’est pas une fronde. Jamais je ne ferais de fronde contre Me Abdoulaye Wade. Le mémorandum publié montre bien qu’on n’est pas dans une dissidence, ni dans une défiance, ni dans une fronde. On n’est pas dans une position d’attaquer Abdoulaye Wade ou dire qu’il doit impérativement quitter la tête du parti. On s’est pas plaint aussi de la gestion du parti par Me Wade, il faut que ça soit clair. Ce qui se passe, c’est qu’on a une vision pour le parti, quand je généralise c’est parce qu’on est nombreux et ce n’est pas Modou Diagne Fada qui nous a amené à participer. On s’est rencontré, on a parlé et on a trouvé ensemble une vision pour le parti. On a échangé sur ce que doit être l’avenir du parti. Depuis 40 ans, Abdoulaye Wade gère le parti que ça soit dans l’opposition ou au pouvoir, d’une manière dont personne ne peut nier la qualité. On a juste remarqué que depuis qu’on a perdu le pouvoir il y a 3 ans, on a beaucoup de responsables du parti en prison. On vit des jours difficiles depuis cette perte de pouvoir là. Alors on a décidé à notre niveau de parler du parti. Parce qu’on peut pas mener le combat judiciaire. Le combat judiciaire est pour les avocats. Il faut respecter la séparation des pouvoirs. Le parti ne peut pas faire de combats judiciaires, la preuve on a échoué sur toute la ligne avec ces combats là. On avait dit que Karim Wade n’allait pas être arrêté, il a été arrêté. On a dit qu’il n’allait pas être jugé, il a été jugé. on avait dit qu’il n’allait pas être condamné, il a été condamné, alors on a échoué.
Le parti doit être un moteur politique et se battre politiquement contre Macky Sall. L’Etat organisationnel du parti est mal fait. Beaucoup de responsables sont partis à la perte du pouvoir. Les derniers renouvellements du PDS datent de 1996. A part la fédération départementale de Dakar, il n y a plus de fédération ou section qui tient des réunions. Pour la bonne et simple raison que les responsables sont soit morts ou ont démissionné. Les réalités du parti sont contraires à l’organisation. Quand on parle de renouvellement et restructuration du parti de la base au sommet, cela veut dire que le processus de renouvellement seulement va prendre au moins 18 mois. Nous on n’attaque pas Wade mais nous demandons juste qu’il y ait un renouvellement des instances du parti. Rien de plus! Il faut mettre sur pied un comité de renouvellement, faire et vendre des cartes, installer des secteurs, des sections et des fédérations. Notre combat ce n’est pas qui va remplacer Abdoulaye Wade, mais la survie du parti. Même Modou Diagne Fada avec qui nous menons ce combat, nous n’avons rien signé avec lui pour lui garantir quoi que ce soit, on ne lui a rien promis. Mais il a sa liberté de dire qu’il veut devenir Secrétaire général. Notre combat est la réorganisation du parti, comme ça en 2017, même s’il n’y a pas d’élections, on saura au moins sur quel critère choisir les députés venus de l’intérieur du pays. On ne veut plus rester dans le parti, travailler dur et au moment de choisir, quelques uns s’enferment et ressortent avec une liste sans consulter la base. On ne veut plus commettre l’erreur de 2012, la preuve les 12 députés que nous avons ne servent à rien au parti. Des jeunes dynamiques travaillent depuis pour le parti sans rien gagner en retour. Il faut que ça cesse. Abdoulaye Wade a reçu le mémorandum, alors il va réagir. »