Pour célébrer le baptême de son fils aîné, Alé Guéye, chômeur invétéré, n’a trouvé rien de mieux que de voler une moto Jakarta, qu’il voulait revendre à Touba. Arrêté, il a été condamné à 3 mois de prison ferme par le Tribunal de grande instance de Louga.
Un pantalon jean et un tee-shirt de couleur rouge, le jeune Alé Guéye, chômeur invétéré, marié et père d’un enfant, s’éjecte du box des accusés et s’avance d’un pas alerte vers la barre du Tribunal de grande instance de Louga. Le prévenu, inculpé pour vol commis la nuit avec effraction, a adopté le profil bas face aux juges en charge de son dossier. Sans chercher à nier les faits qui lui sont reprochés, il a reconnu entièrement avoir volé la moto Jakarta. Interrogé sur les raisons l’ayant poussé à tenter de soustraire frauduleusement un bien appartenant à autrui, Alé Guéye a servi une réponse qui a arraché des larmes à sa victime : «Je reconnais avoir volé la moto Jakarta. J’ai fauté, mais je ne suis pas un voleur. Je voulais juste avoir de l’argent pour célébrer le baptême de mon fils aîné. Ma femme a accouché le 8 juin passé», a-t-il informé, la mine triste. Voulant en savoir plus sur le mode opératoire qu’il a utilisé pour réussir à dérober nuitamment la moto, le président de séance l’a pressé de questions. Il répond : «Aux environs de 3h du matin, alors que je me rendais à Touba pour rencontrer mon oncle afin qu’il me soutienne financièrement, par hasard, j’ai remarqué une moto Jakarta dans une maison sise au quartier Montagne et l’idée de la voler m’est venue à l’esprit. Quand je suis entré dans la maison, je suis parvenu à la faire démarrer, puis j’ai pris le chemin de la gare routière de Touba. Malheureusement, avant que l’apprenti chauffeur ne fasse monter l’engin sur la voiture, le grand frère de la victime, qui a reconnu la moto, m’a fait arrêter, après une course poursuite». Conduit au commissariat urbain sous bonne escorte, le jeune Alé Guéye, entendu sur procès verbal, a été placé en garde à vue. Face aux juges, ce dernier, déféré au parquet à la date du 13 juin, n’a jamais varié dans ses déclarations. Confronté à la partie civile, Bassirou Khoulé, le prévenu a fait amende honorable et a pris l’engagement de ne plus rôder autour du bien d’autrui. Le jeune Khoulé n’a pas réclamé de dommages et intérêts. Au délibéré, le Tribunal, qui a disqualifié les chefs d’inculpation «vol commis la nuit avec effraction» initialement visés, en «vol commis la nuit», a condamné Alé Guéye à 3 mois ferme. Ainsi, il n’a pas assisté au baptême de son fils aîné.
ABDOU MBODJ ( L’obs)