D’après le ministre de la santé de la province, il y aurait 93 morts.
Des dizaines de personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans un attentat qui a visé lundi 8 août une foule massée devant un hôpital de Quetta, capitale de la province instable du Baloutchistan, au sud-ouest du Pakistan. D’après le ministre de la santé de la province, il y aurait 93 morts, selon le dernier bilan.
Les responsables restent toutefois prudents sur les chiffres en raison de l’activation par les autorités de brouilleurs de téléphonie mobile, qui empêchent les communications, notamment avec les responsables sur le terrain.
Ce bilan en fait le deuxième attentat le plus meurtrier au Pakistan cette année, après un carnage dans un parc pour enfants bondé, où une bombe avait tué 75 personnes lors du week-end de Pâques à Lahore.
La bombe a explosé alors qu’environ 200 personnes endeuillées étaient rassemblés devant les urgences de l’Hôpital civil de Quetta, après l’assassinat, quelques heures plus tôt du bâtonnier de la province, indique un journaliste de l’AFP sur place.
Ni l’attentat de lundi, ni l’assassinat n’ont été revendiqués jusque-là. Nombre de groupes armés, islamistes, anti-chiites ou encore séparatistes sont actifs au Baloutchistan.
L’armée s’est déployée dans et autour des hôpitaux de la ville, selon le ministre.
« Les corps sont éparpillés et certains sont mélangés. Le personnel hospitalier essaie de compter mais nous ne pouvons pas encore donner de bilan précis à ce stade », fait savoir un responsable militaire, le brigadier Sajjad Ahmed.
Des corps jonchent le sol, dans une mare de sang et de verre brisé, alors que des survivants choqués tentent de se réconforter, constate le journaliste de l’AFP. Nombre des victimes semblent porter costume et cravate.
« Tout est devenu sombre »
« L’explosion s’est produite au moment où des avocats étaient rassemblés devant le département des urgences. Certains étaient à l’intérieur, d’autres devant la grille d’entrée », raconte un médecin de l’hôpital civil de Quetta, le Dr Adnan.
« Il y a eu une énorme explosion, et tout est devenu sombre. Au début je pensais que c’était un effondrement d’un bâtiment. Puis il y a eu des cris. »
Avocats et journalistes étaient rassemblés après l’assassinat du président de l’association du barreau de la province, Bilal Anwar Kasi. Anwar Kasi a été tué par des inconnus armés alors qu’il quittait son domicile pour aller travailler lundi matin.
Le Premier ministre Nawaz Sharif a condamné l’attentat, et ordonné de nouvelles mesures de sécurité.
« Nous ne laisserons personne troubler dans cette province la paix qui y a été restaurée grâce aux nombreux sacrifices des forces de sécurité, de la police et du peuple », a-t-il déclaré.
Le Baloutchistan, frontalier de l’Iran et de l’Afghanistan, est une région riche en réserves pétrolières et gazières, secouée par des violences confessionnelles entre sunnites et chiites, des attaques islamistes et une insurrection séparatiste.
Les forces de sécurité et structures gouvernementales sont régulièrement prises pour cible.
Ce n’est pas la première fois qu’un attentat vise un hôpital au Pakistan. En 2010, une bombe avait tué 13 personnes devant le département des urgences d’un hôpital de la mégalopole de Karachi, où étaient soignées les victimes d’un premier attentat, alors que leurs proches inquiets s’y étaient rassemblés.
sanlimites
L. T. avec AFP