Beaucoup ne le savent pas ! Et, ceux qui signent monogamie doivent y réfléchir par deux fois, avant d’en faire l’option. Non pas parce que, tant que leurs couples survivent, ils ne sauront pas se taper une seconde épouse.
Mais plutôt parce que, même en cas de divorce, les hommes signataires de la « monogamie » ne pourront plus, alors pas du tout revenir sur leur décision. En d’autres termes, selon le Droit, ils ne pourront plus être, jusqu’à l’extinction du soleil, polygames.
L’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, est au-devant de la scène, depuis plusieurs semaines, pour une affaire de faux, usage de faux et bigamie. Qui lui a, dans ce sens, valu une inculpation assortie d’un contrôle judiciaire. Tout est parti de son ex-épouse qu’il avait mariée sous le sceau de la monogamie.
Depuis plusieurs jours, on ergote sur ce mot qui renferme neuf lettres. Pour permettre à ses internautes d’être édifiés par rapport aux contours de la monogamie, Actusen.com s’est attaché les services d’un très brillant Avocat. Pour ne pas le citer nommément, Me Bamba Cissé a, d’abord, éclairé les pans d’ombres qui entourent la monogamie et la polygamie.
A cet effet, dit-il, la polygamie peut être limitée à deux, trois ou quatre épouses, selon le choix des conjoints. Mais, explique la robe noire, « cela nécessite, évidement, la séparation des biens. On ne peut pas signer polygamie et, en même temps, communauté des biens. Avoir plusieurs femmes ne rime pas avec la communauté des biens », précise Me Cissé, membre du Réseau « Avocats Sans Frontière », Section Sénégal.
En grattant le vernis qui recouvre la monogamie, le très sympathique et pertinent membre du Barreau de Dakar d’en rajouter une couche assez révélatrice de la complexité de la monogamie : « c’est une option irrévocable. Quand on la choisit, on ne peut plus faire marche arrière. Une fois cette option faite, vous ne pourrez plus revenir sur celle-ci, qui s’attache à la personne qui en fait le choix ».
Et preuve symptomatique du caractère complexe que revêt la monogamie : celle-ci continue même au décès de la conjointe. « Une fois qu’on opte pour la monogamie, on la choisit pour le restant de sa vie. Car même en cas de décès de la conjointe, l’époux ne saurait remettre en cause ce choix ».
Quid du divorce? « Là aussi, l’irrévocabilité de l’option s’impose », de l’avis de Me Bamba Cissé. « On peut bien divorcer et se remarier, mais toujours en optant pour la monogamie, sans possibilité de changement de statut ». Selon l’Avocat, la monogamie renferme plusieurs conséquences ; raison pour laquelle, dit-il, « il faut d’abord comprendre l’esprit de la loi et savoir que la monogamie comporte plusieurs conséquences ».
C’est, d’ailleurs, « pourquoi le Législateur a prévu l’irrévocabilité pour permettre à ceux qui en font le choix de bien réfléchir, avant de la prendre comme décision », soutient l’avocat à la Cour, par ailleurs, membre de l’Union internationale des Avocats. Pour Me Cissé, la monogamie est un régime d’exception et non de principe. « C’est un régime d’exception, de sorte que la loi ne l’encourage pas. Si vous en faites l’option, vous ne pouvez, en aucun cas, le changer et si vous ne le respectez pas, vous vous rendez coupable de bigamie ».
La robe noire qui rappelle avoir bien eu des clients poursuivis pour pareils cas, confie : « il peut arriver que des gens soient poursuivis pour bigamie, parce que le premier mariage n’a pas été sanctionné pas un divorce. Pour se remarier, il faut la dissolution du premier mariage ; à défaut de quoi, on quitte le périmètre matrimonial pour entrer dans le périmètre pénal ».
Ndèye Awa BEYE (Actusen.com)