Vol et escroquerie : «Djinné» Maïmouna et son «père» condamnés par le tribunal de Saint-Louis

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L’OBS – Aliou et Ousmane ont écopé de deux ans de prison ferme, pour tentative d’escroquerie et vol. Ils comparaissaient aux côtés d’Aïchatou Bâ, condamnée à un an avec sursis, pour complicité d’escroquerie.

 

Pour se débarrasser de sa compagne surnaturelle qui perturbe son ménage, il lui fallait une épouse «Djin». C’est seulement quand il se mariera avec elle que tous les écueils, obstacles et problèmes que Malick rencontre dans son foyer seraient levés. C’est ce dont l’avait convaincu son ami Aliou Cissé. Et c’était à ce dernier d’aller trouver cette épouse pour Malick. Aliou s’en ouvre à Ousmane Cissé qui pensa, de suite, à Aïchatou Bâ, cette nymphe de 35 ans qui lui avait soufflé une fois qu’elle en avait assez des jeunes hommes. Désormais, elle porte son choix sur les personnes sages et responsables, les hommes assez âgés, capables  de l’entretenir, car elle ne voulait plus revivre l’expérience malheureuse de son premier mariage. La commerçante quitte Dakar pour Saint-Louis, en compagnie de Ousmane, pour rencontrer son futur époux.

 

Le mareyeur de 51 ans est facilement tombé dans le piège, lorsqu’Aïchatou Bâ qui lui avait été présentée sous le nom de Maïmouna, a fait irruption dans sa maison. Il est séduit par la jeune Koldoise de teint clair, au physique bien charpenté et au nez aquilin, surmonté de gros  yeux. Elle était en compagnie de Ousmane qui se faisait passer pour son père, venu discuter des modalités du mariage. L’accoutrement de la fille ne l’a pas aidé à découvrir le pot aux roses. La sape de son «papa», non plus. Leur apparence a convaincu davantage le père de famille, qui n’y a vu que du feu.

Emmitouflé dans son boubou, Ousmane Cissé était enturbanné au point qu’il était impossible de voir son visage. Aïchatou, la «Djin», censée se marier à Malick, était vêtue d’une robe traînante blanche assortie d’un foulard de même couleur noué sur la tête. Telle une fée. «Souleymane m’a remis cette robe pour que je l’enfile». Sans trop se poser de questions, la fille, Aïchatou Bâ, de son vrai nom, s’exécute et fait la fine bouche devant son «futur mari», comme le lui avait dit Souleymane. «Il m’avait intimité  l’ordre de me taire de le laisser discuter avec le vieux».

Malick n’a pas eu sa nouvelle épouse. A la place d’une quatrième noce, il n’a récolté que des ennuis, Souleymane et Aliou s’étant tirés avec son enveloppe contenant 1,400 million. Une somme qui devait constituer la dot de la fille.

Le tout s’est passé devant la «Djin» qui relate les faits. «Aliou et Souleymane ont demandé à Malick de leur verser 1, 600 million pour sceller le mariage. Le vieux a consenti de verser 1,300 million, dans un premier temps et le reliquat, après le mariage, le lendemain. Après discussions, Ousmane a demandé à Aliou et Malick d’aller faire leurs ablutions, pour que le mariage puisse être effectué. Il a profité de cette  absence pour échanger l’enveloppe du vieux qui contenait la somme d’argent avec la sienne dans laquelle il avait mis des coupures de feuilles blanches.» Aïchatou Bâ déclare avoir été utilisée par ses co-prévenus qui ont monté l’opération, à son insu, pour se faire de l’argent, en l’utilisant. Elle précise, par ailleurs qu’elle n’était pas disposée à accepter le mariage avec le vieux qui n’était pas à son goût. Mais elle était sous une emprise mystique. «Ousmane m’avait envoûtée, c’est pourquoi je faisais tout ce qu’il me demandait», lâche-t-elle. Toutefois, elle a tenté de mettre au parfum le vieux à qui, il avait demandé son numéro de téléphone, après la première rencontre. «Je voulais lui révéler la vérité, mais Ousmane a repris le bout de papier sur lequel, il avait inscrit son numéro mobile».

Aliou et Ousmane ont rejeté les faits de tentative d’escroquerie et de vol pour lesquels ils comparaissaient. D’après eux, c’est Malick qui leur a, lui-même, remis la dot de Maïmouna. En promettant de compléter le reste, le lendemain. Et ce n’est qu’après versement du reliquat que les deux devaient être unis. Mais, puisque la fille avait refusé de prendre l’argent, ils l’ont partagé à trois parts égales, selon Aliou. Une pour lui, les deux respectivement remises à son frère, Baba Cissé et son ami, Ousmane Cissé. Et Maïmouna devait se contenter du reliquat.

Les prévenus n’ont pas convaincu le substitut du procureur qui a requis un an ferme de prison contre Aliou et Ousmane et un an avec sursis contre Aïchatou Bâ dont l’inculpation est avérée, même si sa bonne foi est réelle. Il a sollicité la relaxe de Baba Cissé, dans la mesure où aucun fait matériel ne prouve qu’il fait partie du deal.

Le conseil des prévenus, Me Moustapha Diop, estime qu’il ne s’agit point de tentative d’escroquerie, mais de tentative de mariage réel qui a mal tourné. La relaxe peut alors être appliquée à ses clients.

Aliou et Ousmane Cissé ont finalement été condamnés à deux ans ferme pour vol et tentative d’escroquerie. Aïchatou Bâ a été condamnée à un an avec sursis par le tribunal de grande instance qui statuait en flagrant délit. Baba Cissé a été relaxé.

 

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