Le 24 juillet prochain, Yékini aura la lourde tâche de redonner le sourire à son écurie, en plus de se refaire une nouvelle santé. Depuis 2012, l’école de lutte de la Médina est en doutes. Car, en plus des défections de taille qui ont fini par la vider de toute sa substance, elle peine à aligner les bons résultats.
L’écurie Ndakaru est-elle frappée de malédiction ? Depuis 2012, cette école de lutte créée par l’entraîneur Amadou Katy Diop est en chute libre. Les mauvaises nouvelles se suivent et se ressemblent. Tout porte à croire que son destin est lié à son chef de file, Yakhya Diop dit Yékini, qui peine à sortir la tête de l’eau, depuis maintenant quatre ans. Car, tout semble avoir comme point de départ, cette terrible soirée du 22 avril 2012 quand, contre toute attente, le « baobab » Yékini fut surclassé par le fougueux « lion de Guédiawaye ». Depuis cette débâcle au goût amer, rien ne sourit plus à la « maison Ndakaru ». Il y a eu d’abord, le premier « coup de Jarnac » signé Yékini Jr. Deux mois après la chute historique de son mentor, il annonce, la mort dans l’âme, sa démission de l’écurie qui l’a révélé au monde de la lutte. Pour quelqu’un qui fut affublé, à un moment donné, du titre glorieux d’ « héritier de Yékini », cette décision n’est évidemment pas de gaieté de cœur. La nouvelle prend naturellement tout le monde de court. Mais son décision est irrévocable. Il met d’ailleurs rapidement sur pied son écurie « Door waar » dont il défend désormais les couleurs. Yékini Jr n’est pas le seul à quitter le navire Ndakaru en pleine tempête. Malick Niang, l’autre lieutenant qui a fini par lui ravir le statut envié de numéro 2 à la faveur de ses excellentes performances lui emboite le pas. L’ancien vainqueur du Championnat de lutte avec frappe (Claf) finit par atterrir chez ses parents lébous à l’écurie Yoff. Un nouveau coup dur. Mais la série de défections est loin de se terminer. A son tour, Brise de mer claque la porte et rejoint Yékini Jr à l’écurie « Door Waar ». Derrière le redoutable puncheur Malick Niang et le très technique Yékini Jr, il était sans doute l’espoir le plus prometteur de l’écurie. Autant de départs qui ont fini par vider cette école de lutte de ses meilleurs éléments voire de sa substance ; au grand dam de son coach qui ne peut que constater les dégâts.
Au plan des performances, les résultats ne sont pas fameux non plus. Sans le trio de feu et le mentor Yékini, l’écurie ne s’est pas beaucoup illustrée ces dernières années. Elle traîne le pas loin derrière sa rivale, Fass, et les écuries Rock énergie et Balla Gaye 1. Espoir prometteur, subitement propulsé au-devant de l’arène, à la faveur des départs de Yékini Jr et Cie, Ablaye Ndiaye a du mal à combler ce vide, malgré ses bonnes performances dans l’ensemble. Auteur d’une série de trois victoires d’affilée, le fils de Mohamed Ndiaye dit Robert Diouf a concédé sa première défaite cette saison. Il a été battu, les armes à la main, par Gris 2 de l’écurie Fass. Autre signe que Ndakaru perd du terrain à la faveur de … Fass.
Une sortie très attendue
Issue des flancs de cette prestigieuse école de lutte, Ndakaru a, à travers son mythique chef de file, écrit les plus belles pages de l’histoire de l’arène. En plus d’avoir produit le meilleur lutteur de ces 50 dernières années en la personne de Yékini, la structure fondée par coach Amadou Katy Diop a révélé de grands espoirs au public. Bien avant le trio de feu Malick Niang, Brise de mer et Yékini Jr, il y avait eu déjà la perle Antoine Bakhoum. Après une riche carrière en lutte simple auréolée de beaucoup de titres, le lutteur de Sobème (village) avait atterri avec armes et bagages à l’écurie Ndakaru pour une nouvelle aventure en lutte avec frappe. Dans l’ombre de son idole Yékini, il tissa rapidement sa toile ; au point d’être le premier lieutenant de l’enfant de Bassoul. Il fut freiné dans son envol par Gris Bordeaux, lors d’un combat litigieux en 2002. Deux ans plus tard, leurs mentors respectifs Yékini et Moustapha Guèye s’affrontèrent. Comme s’ils voulaient définitivement trancher le face à face controversé entre les deux seconds couteaux. Le chef de file de l’écurie Ndakaru et le deuxième « tigre de Fass » finissent par se quitter dos à dos, au terme d’un combat aussi tactique que controversé. Mais ce ne fut que partie remise. Yékini vengea son poulain en 2008, en surclassant le « troisième tigre de Fass » à l’issue d’une confrontation-éclair. Entre-temps, Antoine Bakhoum est parti émigrer au pays de l’Oncle Sam, mettant une croix sur sa carrière pourtant très prometteuse. Autre grand espoir ayant suscité beaucoup … d’espoirs, Youssou Ndour. Le lutteur de Palmarin, champion de la Cedeao, a opéré un virage dans la lutte avec frappe en 2007.
Une reconversion couronnée avec beaucoup de victoires dont la dernière en date fut la leçon de lutte administrée en 2013 aux dépens de Matar Guèye lors du tournoi de Bercy. Sauf que depuis, le poulain d’Ambroise Sarr enchaîne les années blanches, cherchant désespérément des adversaires. De plus en plus âgé, il aura davantage de mal à retrouver son statut d’héritier de Yékini qu’on lui collait naguère.
Dans un tel contexte, la sortie de l’enfant de Bassoul le 24 juillet prochain face à Lac de Guiers 2 sera très attendue, du fait de son enjeu très important.
En fait, l’ancien « roi des arènes » aura plusieurs défis à relever, en même temps. D’abord celui du retour victorieux. Défait par Balla Gaye 2 lors de son dernier combat, il n’aura cette fois pas droit à l’erreur, s’il veut retrouver son statut de « vrai roi » qu’il continue de revendiquer. Manifestement, l’homme a du mal à digérer la perte de sa couronne. Aussi, une deuxième défaite pourrait le contraindre à mettre définitivement fin à sa carrière ; ce qui équivaudrait à une sortie par la petite porte. Or, le rêve de l’enfant de Bassoul, comme celui de tout athlète aux portes de la retraite, est sans doute, de terminer en beauté après une brillantissime carrière. Deuxièmement, le protégé de Robert Diouf aura la lourde tâche de redonner le sourire à son écurie après une longue période de disette. En plus de ramener l’espoir dans la maison, une victoire pourrait donner un nouvel élan à une écurie Ndakaru en plein doute. Reste à savoir si le champion de Joal-Fadiouth pourra, après quatre années sans compétition, tirer son épingle du jeu.
Auteur: Diégane SARR – Le Soleil