En 2003, il avait signale une bombe à «Yengoulen» et fait 10 ans de…

Yengoulen

En 2003, il avait signale une bombe à «Yengoulen» et fait 10 ans de préventive : 8 mois après son acquittement, El Hadj Malick Mbengue récidive et risque 3 ans de prison ferme

L’OBS – Le cas El Hadj Malick Mbengue mérite réflexion. En 2003, il avait ameuté les gens, en faisant de la boîte de nuit «Yengoulen», la cible d’une bombe. En prison dix (10) ans durant pour détention d’armes à feu et faits liés au terrorisme, il est acquitté. Huit mois après, il remet ça, annonce un attentat contre le ministère des Affaires étrangères et la Place de l’Indépendance.  

A la fin du procès, il rejoint le box de la salle 3, jette un regard sombre et s’assoit lourdement sur le banc réservé aux prévenus. Tête baissée, baraqué, dans une chemise noire assortie d’un pantalon «Jean» de même couleur, l’homme rumine sa tristesse. Puis, dans un réflexe, il se lève, les pas galvanisés vers l’avant et prend la direction des toilettes pour vider les flaques de larmes dégoulinant de ses yeux. Quelques minutes après, tel un lion blessé, il rejoint ses «collègues» prévenus attendant que le juge du tribunal correctionnel de Dakar appelle leur dossier. Pour El Hadj Malick Mbengue, l’heure était à la prière. Prier pour que le tribunal ne le condamne pas des délits d’escroquerie et diffusion de fausses nouvelles à lui reprochés. Des faits, vieux de 20 mois. Piqué par on ne sait quelle mouche, il avait saisi la Police, la Gendarmerie, les ambassades de France et des États-Unis, leur avait flanqué un coup d’inquiétude, avec un attentat qui se préparerait contre le ministère des Affaires étrangères et la Place de l’Indépendance. Un gros canular. Pour avoir menti sur une telle affaire, il a récolté des poursuites des représentants du pays de l’oncle Sam. Hier mardi, il a été jugé et risque 3 ans de prison ferme. Récidiviste, en 2003, il avait signalé une alerte à la bombe à la boîte de nuit «Yengoulen». Ce qui lui avait valu une préventive de 10 ans, pour des faits liés au terrorisme et détention d’armes à feu.

Si le Procureur Diallo pense que Mbengue est un individu très dangereux, son avocat parle de malchance. Malchance, parce que huit (8) mois après son acquittement, après une détention préventive de 10 ans, son client est arrêté pour des faits similaires. Des faits qu’il a commis dans le courant de l’année 2014. A la barre, voix chargée, il explique sa rencontre avec Samir dit Mouhamed, lors de séances de tirs. Un jour, ils se voient à la corniche : «Il avait des photos du ministère des Affaires étrangères, de la Place de l’Indépendance et des actes d’état civil.» C’est, dit-il, ce qui l’a fait tiquer. «Dans la précipitation, sans avoir toutes les informations, j’ai fait l’alerte», avoue le prévenu. Seulement, si l’ambassade de France n’a pas donné suite à cette affaire, les États-Unis ont creusé. D’ailleurs, Mbengue a reçu la somme de 150 mille Fcfa. Il s’explique : «Ils m’ont remis cet argent en récompense à l’information que je leur avais donnée.» Mais, cette information étant mensongère, les représentants de Barack Obama l’ont poursuivi pour escroquerie et diffusion de fausses nouvelles. Partie civile dans la cause, l’ambassade n’a pas été représentée. Quant au Procureur, il est pour son maintien dans les liens de la prévention. «Ce n’est pas anodin de faire une telle alerte, à la veille de la conférence de l’Oci (Ndlr. En 2014, c’est la Francophonie qui s’est tenue à Dakar)», souligne-t-il. Son avocat écarte l’escroquerie et demande la clémence pour le délit restant : «Il pensait bien faire et a récolté la prison.» Le délibéré fixé au 12 juillet 2016, Mbengue reste, pour le moment, en prison.

T. Marie Louise Ndiaye

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