Interview Fou malade: “Nous avons une justice qui rend fort les plus forts et qui affaiblit les faibles”

Malal Talla plus connu sous le sobriquet de Fou malade revient sur le bilan du Président Macky Sall, 5 ans après les manifestations du 23 juin 2011. Dans cet entretien accordé à Senego, le Yen a marriste affirme clairement que “rien n’a changé, parce que les causes pour lesquelles les populations sénégalaises s’étaient mobilisées le 23 juin 2011 sont remises en cause par le président Macky Sall”. Faisant une analyse sur la justice sénégalaise, il affirme qu’elle est conditionnée et qu’elle n’existe que pour rendre fort les plus forts. 

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5 ans après les manifestations du 23 juin, qu’est ce qui a changé, vous pouvez nous faire l’état des lieux? 

Absolument rien n’a changé. Parce que les causes pour lesquelles les populations sénégalaises s’étaient mobilisées le 23 juin sont remises en cause par le président Macky Sall. Je pense que Macky Sall et son gouvernement n’ont pas très bien apprécié le message du 23 juin 2011. Il est vrai que ce qui s’est passé le 23 juin a profité à leurs partis politiques parce que, c’est une situation qui les a conduits au pouvoir. Mais aujourd’hui ce que tous les Sénégalais voient, ce qui est visible, c’est que l’on gère le pays avec des manœuvres politico-politiciennes. Ce qui veut dire que les acquis du 23 juin ne sont pas du tout respectés. C’est comme si en fait toutes ces personnes qui avaient participé et qui sont aujourd’hui dans le pouvoir sont devenus amnésiques. Il est important que les Sénégalais se remobilisent. Ce n’est pas sortir dans la rue mais il est important que les Sénégalais, à travers des conférences, des interviews, des plateformes, s’indignent pour tout simplement rappeler au président Macky Sall qu’il n’est pas élu par son parti, que ce ne sont pas les politiques qui l’on élu. Ce sont les Sénégalais, le citoyen lambda qui l’ont élu. Aujourd’hui, il semble l’oublié.

 

Quelle lecture faites-vous de la justice au Sénégal?

C’est une justice deux poids deux mesures. C’est une justice qui est là pour défendre le plus fort et qui rend fort les plus forts et qui affaiblit les faibles. C’est vraiment triste ce qui se passe par rapport à notre justice. C’est une justice pas du tout indépendante qui est dictée par l’Exécutif, le président de la République. C’est une justice conditionnée qui fonctionne sous le dicta d’un parti politique.

Le cas Karim Wade, qu’est-ce que vous en pensez? 

Il a purgé plus de la moitié de sa peine. La loi a prévu quelque part que le président de la République a la possibilité de gracier Karim et d’autres personnes, tout prisonnier  en un mot. C’est un droit du détenu. Qu’est-ce que nous remarquons? Pour des personnes qui ont commis les mêmes crimes, ou des crimes moins graves que celui de Karim, sont toujours en taule. Les jeunes de Guédiawaye qui, pour avoir braqué un magasin, prennent 20 ans. Mais ne sont pas graciés juste après 5 ans ou 3 ans de détention et je pense qu’il est, quand même, important que l’on pose la problématique de l’équité de la justice sur la table.

Il y a également les jeunes de Colobane?

(il me coupe) Mais ces jeunes sont là. Ils ont été accusés du meurtre du plicier Fodé Ndiaye, ils ont pris 20 ans. Et pourtant, ce meurtre a eu lieu parce que des politiciens ont organisé des manifestations à Colobane. Pour la police, ce qui était beaucoup plus facile, c’est de trouver le meurtrier à Colobane. Malheureusement, ils sont tombés sur eux. Il sont là, il y en a même un qui a des problèmes mentaux en prison. Je crois qu’il est important qu’on revoie cette situation, qu’on en parle, pourquoi Karim et pourquoi pas les jeunes de Colobane…

Parlons de liberté individuelle avec ce qui s’est passé dernièrement avec Déesse Major, ne pensez-vous pas qu’elle est menacée au Sénégal?

Bien sur, elle est menacée. Nous avons des organisations qui sont là, qui portent plainte contre des personnes, parce qu’illes se sont habillées de telle ou telle autre manière. Et ces organisations, je pense qu’elles ne voient pas ce qui se passe à la télé où on montre presque des films pornographiques. Je pense qu’il faudrait aussi s’attaquer à eux. Et je pense que ce sont des organisations qui sont en train de se radicaliser petit à petit. Et la responsabilité de tout sénégalais est d’arrêter cela, parce qu’on va vers des radicalisations qui risquent de nous conduire dans des situations compliquées.

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