Une étude scientifique d’un docteur de la London School of Economics conclut que les femmes noires sont « objectivement » moins attirantes que les autres femmes. Et tente de l’expliquer. Un article dont le racisme anachronique et condamnable a provoqué un tollé sur la toile.
D’après une analyse autoproclamée scientifique (dont on lui laisse la responsabilité), le docteur Satoshi Kanazawa avance que les « femmes noires sont statistiquement (…) bien moins attirantes que les blanches, les asiatiques et les amérindiennes« .
Les hommes noirs, par contre, ne souffriraient pas de la même tare selon le docteur de la London Economics School (LES).
Le scientifique aurait pu en rester là mais il va un peu plus loin encore dans la stigmatisation des femmes de couleur. Car en plus d’être plus laides que les autres, les femmes noires seraient, selon lui, également plus prétentieuses.
« Il est intéressant de noter que, bien que les femmes noires soient objectivement moins attirantes physiquement que les autres, les femmes noires se considèrent subjectivement comme plus attirantes que les autres », écrit-il dans son article intitulé « Pourquoi les femmes noires sont physiquement moins attirantes que les autres femmes ? ».
Un article dans lequel il tente d’expliquer la supposée moindre beauté des femmes à la peau noire par plusieurs facteurs. « Les femmes noires sont en moyenne plus lourdes que les femmes non noires« , relève Satoshi Kanazawa. Une précision sans doute ajoutée pour le plaisir d’accumuler les vexations à l’égard des femmes noires. L’auteur précise en effet ensuite que « ce n’est pas la raison » qui explique leur moindre potentiel de séduction.
Par quelle raison arrive-t-il alors à expliquer son indéfendable thèse ? C’est ici que toute la rigueur « scientifique » du docteur Kanazawa s’étale au grand jour. « Parce qu’ils ont existé beaucoup plus longtemps dans l’histoire de l’évolution humaine, les Africains ont plus de mutations dans leurs génomes que les autres races« . Passons sur l’anachronisme du concept de « race » pour désigner des groupes humains. Vocabulaire suspect, hérité de la pensée racialiste dont seul des résidus nauséabonds ont survécu au 20ème siècle.
Les « Africains » constituent une « race » sous la plume du Dr Kanazawa
Outre ce langage douteux, le docteur nous apprend que donc que les « Africains » sont une « race« . Les Africains blancs d’Afrique du Sud ou du Zimbabwe feraient donc partie de la même « race » que les Berbères du Maroc, les Peuls de Guinée, les Balubas du Kasaï ou les Masaï du Kenya. Rappelons donc au docteur que lorsque l’on parle d’humain, « noir » n’est pas égal à « africain » et vice versa.
Et de toutes façons, selon le Dr Kanazawa, ces « mutations génétiques » encourues par les Africains (ou les noirs, on ne sait plus très bien) ne ‘peuvent pas expliquer pourquoi les femmes noires sont moins attirantes’.
Alors? Alors, la seule chose à laquelle cet éminent scientifique pense pour expliquer la beauté inférieure des femmes noires est « la testostérone« . « Les Africains (sic) ont un taux moyen de testostérone plus élevé que les autres races (sic) », or « la testostérone étant androgène (une hormone mâle), elle affecte l’attractivité physique » des femmes négativement.
« Les différences raciales dans le niveau de testostérone peut potentiellement expliquer pourquoi les femmes noires sont physiquement moins attirantes que les femmes des autres races ». « Potentiellement » donc, on en est toujours au stade de la supputation. Décidément, en termes de scientificité, la publication du Dr Kanawaza ne vaut pas tripette.
Etant donné le nombre de non-sens et le caractère révoltant du racisme primaire qui se dégage de cette étude, l’article a évidemment déclenché une véritable tempête de protestations sur la toile. Pas étonnant que le site Psychology Today (présenté comme « très sérieux » par le Nouvel Obs) ait décidé de le retirer de son site et de publier en lieu et place un texte qui dément les conclusions des analyses statistiques sur lesquelles se base l’article du docteur de la LSE. Rien d’étonnant non plus dans le fait qu’après avoir reçu plus de 75 000 plaintes relatives à cet article, par mail ou via les réseaux sociaux, Psychology Today a finalement décidé de stopper toute collaboration avec le chercheur, ainsi que de supprimer son blog et sa page personnelle sur le site.
Ce qui est beaucoup plus étonnant, c’est qu’un site « très sérieux » ait pu publier un tel amas de non-sens et d’insultes à la science psychologique et aux femmes noires de par le monde.
Julien Vlassenbroek