Lettre ouverte à Waly et à « papa Thione » !

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Un religieux de chez nous, connu pour la causticité de ses homélies, rappelait un jour à juste titre que le grand problème aujourd’hui dans la prise de parole publique est que chaque locuteur, s’il ne donne pas du crédit à travers son intervention, s’en sert tout au moins pour rembourser une dette. La déclaration faite par la jeune star faramarène, Waly Seck, au retour de son « Bercy », nous semble en être une excellente illustration.

En Effet, l’actuel enfant prodige de la musique sénégalaise, le chouchou des belles jeunes dames, le khalife général des illustrateurs de modes et tendances vestimentaires (ce ne sont pas à vrai dire les qualificatifs qui manquent !) de retour de Bercy, a cru devoir aider ceux qui ne le savaient pas à bien comprendre pourquoi il a défié la mythique salle de concert de Paris.

Pour l’auteur de  » Stay », faire Bercy avec tout ce que cela pouvait comporter comme dépenses, comme sacrifices, comme risques, était une manière d’honorer son père, de le remettre sur les hauteurs qu’une certaine opinion a voulu le faire quitter. Et d’ajouter qu’il souhaite ardemment que son géniteur reprenne rapidement du poil de la bête pour à son tour prester à Bercy.

Comme si le père n’avait que trop bien perçu les sous entendus du discours flatteur de son fils, le père s’en est aussitôt mêlé en versant sur Youtoube une vidéo dans laquelle il conseille à son fils prodige de bien faire attention à ces meutes d’hypocrites qui gravitent autour de son succès, qui font semblant de l’adorer et qui ne veulent au fond que sa ruine.

Ces déclarations émises dans un contexte où le Bob Dylan sénégalais avait, il y a un peu plus d’un an, été pris la main dans le sac pour une terrible affaire de trafic et de fabrication de faux billets, dans un contexte où il s’était retrouvé en prison avant de la quitter dans des conditions tout à fait nébuleuses, dans un contexte où tout le monde s’interroge sur la validité juridique de la liberté provisoire qui lui avait été accordée, de telles déclarations dans un contexte pareil, disions, ne peuvent être que malheureuses, pour dire le moins.

Waly est le fils de son père, et il a le devoir de ne penser et de ne dire que du bien de lui. Mais ce garçon ne peut pas ignorer que son père n’est plus, ne peut plus être un modèle, ce modèle de vertu, d’honnêteté et de probité morale qu’il a tant professé dans ses brillantes chansons, il a cessé de l’incarner, parce qu’atteint de plein fouet par une lourde décharge d’immoralité. Le destin moqueur et décapant à souhait nous a fait découvrir un aspect peu enviable de sa personnalité et cela étant, on aurait cru, à juste titre, qu’il ferait désormais profil bas, qu’il éviterait de s’exposer sous les feux de la rampe et qu’il se garderait aussi de jouer à son jeu favori, c’est-à-dire lancer des piques à gauche, à droite, en veux-tu, en voilà.

Et Waly lui-même, parlons de son cas. Il nous avait promis de faire salle comble à Bercy. Les choses se sont finalement tassées et on s’est rendu compte qu’in extrémis il a bien compris la grossièreté de son défi ; ce qui l’a amené à revoir sa prétention à la baisse en faisant subir à l’énorme Bercy une cure d’amaigrissement, pour enfin ne se retrouver qu’avec une salle d’environ 6500 places. La moralité qui se dégage de tant de volte-face coule de source : Bercy n’est pas le Grand Théâtre et Waly Seck n’est pas encore Youssou Ndour, même s’il détient effectivement le talent pour le devenir.
Nos stars communiquent parfois mal. Et la grossièreté de leurs déclarations devient encore plus tragique lorsqu’un fils chanteur et un père qui ne l’est pas moins livrent un concert d’allusions maladroites pour se donner publiquement une étoffe qu’ils n’ont pas.

 

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