Le législateur sénégalais, en offrant aux citoyens la possibilité de saisir l’OFNAC à travers des réclamations, a ouvert la voie à un refus dynamique de cette pratique illicite. Le nombre élevé de plaintes et dénonciations enregistrés durant la période couverte préfigure les changements qui se dessinent et qui mettent en évidence l’émergence d’une conscience citoyenne soucieuse de faire face à la corruption, de la dénoncer et de la combattre a déclaré d’emblée la présidente Mme Nafi Ngom Keita.
En effet, indique-t-elle, sur la période visée, l’OFNAC a reçu 320 plaintes et dénonciations, dont 114 par lettres, 111 par appel au numéro vert, 34 par mail et une (01) par application mobile.
Sur les 209 plaintes et dénonciations physiques reçues, 134, soit 64,11%, sont dans le champ de compétence de l’OFNAC, contre 75 plaintes, soit 35,89% pour lesquelles l’OFNAC s’est déclaré incompétent.
Une évolution positive des plaintes dont l’objet relève du domaine de compétence de l’OFNAC a été notée ; elle s’explique par l’accessibilité, l’ouverture et l’écoute des personnels de l’OFNAC. Elle découle aussi du travail d’information et de sensibilisation réalisé auprès des différentes cibles. Ainsi, de 58,82% en 2014, les plaintes dont l’objet relève du domaine de compétence de l’OFNAC sont passées à 68,42% en 2015.
Les conflits fonciers sont récurrents, avec près de 50 dossiers ; ils représentent la thématique la plus massive durant la période de référence. Il convient de relever que l’importance de cette catégorie de réclamations est quelque peu atténuée par le fait que les initiateurs sont souvent regroupés dans des Collectifs et Coopératives d’habitat qui comprennent des centaines de membres.
A côté de la question foncière, les dénonciations et récriminations visant les services de transports terrestres et de sécurité publique sont très perceptibles.
. Relativement à la catégorisation des entités concernées par les plaintes et dénonciations, il est à relever que les structures publiques sont les plus visées avec 133 plaintes contre l’Administration et 75 contre les Collectivités locales.
. Quand à l’analyse genre, elle laisse apparaitre que les plaintes déposées par les femmes sont au nombre de 14 et concernent en général, le secteur du « petit commerce ».
La faiblesse des plaintes émanant les femmes signifie-t-elle que cette catégorie serait moins exposée à la fraude et à la corruption? Existe-t-il des blocages chez les femmes qui empêchent l’expression de leur vécu dans ce domaine ?
Il n’existe pas de réponse établie à ces questions, mais l’étude en cours sur la perception et le coût de la corruption au Sénégal pourra nous apporter des éclairages.
. L’examen des réclamations a aussi fait remarquer que, pour l’essentiel, les plaintes proviennent de la Région de Dakar avec un total de 207, soit environ 65%. Toutefois, toutes les régions sont concernées à l’exception de Kédougou. Le nombre de plaintes venant de l’étranger s’élève à deux (02).
Il apparait, selon la présidente de l’Ofnac, sans conteste, que les plaintes et dénonciations fournissent des informations importantes sur le vécu des sénégalais, leur niveau de frustration, surtout dans leur relation avec le service public. C’est pourquoi, l’OFNAC procède à une analyse des plaintes pour observer les grandes tendances, comprendre les manifestations de la corruption suivant les secteurs d’activité, la nature des pratiques alléguées, etc… Le travail d’analyse permet d’affiner nos stratégies et de définir de nouvelles orientations dans la prévention et la lutte.
C’est dans l’optique d’apporter des réponses appropriées à l’inquiétude des auteurs des réclamations qu’une nouvelle Unité fonctionnelle a été mise sur pied à l’OFNAC.