Nombreux ont été les compatriotes surpris, ébahis et déçus d’apprendre à travers la presse, puis par un communiqué du ministère des finances que l’Etat du Sénégal a dédommagé à hauteur de 12 milliards de nos pauvres francs, la société SNEDAI de l’homme d’affaires ivoirien Adama BICTOGO naguère attributaire du juteux marché de production des visas biométriques d’entrée dans notre pays. En effet, au lendemain de son élection précisément en Septembre 2012, le président de la république Macky Sall avait décidé d’exiger un visa biométrique d’entrée sur le territoire sénégalais. C’est ainsi que dans la mise en œuvre de cette mesure (précipitée et purement émotionnelle) qu’une convention de concession pour la production de ces dits visas biométriques avait été signée avec la société SNEDAI appartenant à monsieur BICTOGO.
Trois ans après, précisément le 1er mai 2015, le gouvernement avait décidé d’abandonner cette mesure sous prétexte qu’ « elle constituait un handicap à l’ambition du Plan Sénégal Emergent de faire du Sénégal une destination touristique de référence, d’autant plus que ce secteur avait été fortement affecté par la crise de l’épidémie hémorragique à virus Ebola qui sévissait dans certains pays de la sous-région ouest africaine ». Ce qui a donc conduit ladite société à demander réparation du préjudice né de l’exécution partielle de cette convention. A la lumière de ces évènements, nous demeurons plus que jamais convaincus avoir mis des amateurs au sommet de l’Etat, des as du tâtonnement, des gens qui, dans une République normale et qui se respecte auraient tout simplement présenté leur démission dans une affaire aussi grave et scandaleuse et qui porte un énorme coup à notre pauvre trésor public.
Sinon comment comprendre que pour un tel projet que le gouvernement n’ait même pas fait les études préalables nécessaires afin de mieux cerner les avantages et inconvénients d’une telle mesure avant sa mise en œuvre ? Dans un pays comme le nôtre où tout est urgence, dans un pays où le minimum standard (santé, emploi et éducation) n’est pas assuré, une telle affaire constitue tout simplement un crime économique. Combien d’hôpitaux, de maternités et même d’universités le gouvernement pouvait il construire avec ces 12 milliards ? Plus aberrant, les explications tirées par les cheveux ; les unes plus ridicules et insensées que les autres, servies par le ministère des affaires étrangères (d’autant plus que d’après certaines indiscrétions, tout le matériel acheté par la société attributaire de ce marché ne dépasse pas 3 milliards). Alors pourquoi consentir un dédommagement aussi énorme ?
Nous sommes de ceux qui pensent qu’avec des affairistes au sommet de l’Etat, mus que par leurs propres affaires et intérêts crypto-personnels, et les conflits d’intérêts généralement notés, il est permis de douter même de la réelle destination de cette manne financière. Est-ce réellement destinée à monsieur Bictogo ? Voilà une question qui mérite réflexion. Nous en appelons aux organisations du forum civil ainsi qu’à tous les compatriotes épris de justice et animés d’un esprit patriotique à faire face afin que cette énième et gravissime affaire après celle Pétro-Tim, Banque de Dakar etc… ne puisse passer pertes et profits et surtout ne soit jetée dans les gouffres de l’histoire.