Affaire gourou Pape Sané : Sa femme Farida apparait méconnaissable devant les juges avant d’être libérée

Finis le voile, l’attitude dévote et le discours parfois un brin arrogant. Farida H., la femme de Papa Sané, le fameux «gourou» sénégalais qui a mis Saint-Louis (France) en émoi pendant des semaines, est apparue perdue voire fragile, avant-hier, au tribunal. Vêtue d’une robe sur un legging noir, cheveux découverts et coiffés en chignon, son apparence était méconnaissable. L’objet du jour, pour les juges, était de statuer sur sa demande de remise en liberté. Pour rappel, cette Saint-Louisienne avait été incarcérée en décembre dernier, au même titre que son mari, pour avoir enfreint son contrôle judiciaire. Celui-ci stipulait que les époux, également considérés comme co-auteur de l’infraction, ne devaient pas rentrer en contact. Ce qu’ils avaient fait en conversant à plusieurs reprises au téléphone.
Les deux protagonistes avaient argué d’un soutien psychologique, surtout pour elle, alors que le couple se trouvait au cœur d’une polémique retentissante. Argument que le juge des libertés et de la détention avait peu goûté, les envoyant tous les deux à Domenjod. Mais avant-hier, la jeune femme, âgée d’une vingtaine d’années, a obtenu sa libération. En attendant son procès, ainsi que celui de son époux, le 2 juin prochain, elle séjournera désormais dans un foyer de Saint-Denis. «Je veux me reconstruire et me réinsérer», a-t-elle argué d’une petite voix et sans avocat à ses côtés. «Nous l’avons rencontré pour savoir si elle adhérait au projet de notre établissement. Et elle semble disposée à s’inscrire dans cette démarche», complète l’une des responsables de ce foyer. Son conjoint, lui, est toujours incarcéré.
Dans 3 semaines, tous les deux comparaîtront donc pour «abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de la situation de faiblesse d’une personne en état de sujétion psychologique ou physique résultant de l’exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques propres à altérer son jugement.» Qualification à rallonge qui désigne une dérive sectaire. Ils risquent la prison – entre 3 et 5 ans – et de fortes amendes. Pour rappel, cette affaire, dite «du gourou de Saint-Louis», avait suscité un vif émoi en octobre dernier. Un homme d’origine sénégalaise, Papa Sané, était alors accusé d’être un prédicateur maintenant sous sa coupe quelque 17 femmes dans une maison du centre-ville.
Celles-ci se disaient parfaitement maîtres de leur choix mais les fa- milles de ces «adeptes» avaient réclamé leur «libération», suscitant – malgré elles pour certaines – un mouvement populaire qui avait dégénéré en affrontements urbains avec les gendarmes. La tension était telle que la mairie et la préfecture étaient intervenues à plusieurs reprises pour tenter d’exfiltrer cette communauté. Puis la justice s’en était mêlée, via le parquet de Saint-Pierre, en ouvrant une information judiciaire qui avait conduit à la mise en examen de Papa Sané et sa compagne. Décision que les autres disciples avaient ensuite vive- ment contestée, avant que plusieurs rentrent finalement dans leur famille et que les autres, en errance, soient relogés. L’enquête sur les dérives sectaires supposées étant désormais bouclée, reste à savoir ce qu’en diront les juges le 2 juin…
 People.sn

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