Le monde célèbre ce 11 mai la mort de Bob Marley en 1981. Il y a 35 ans, un lundi, il disparaissait à Miami à 36 ans. S’il vivait toujours ici bas, il serait âgé de 71 ans donc. Il aurait sans doute la crinière mangée par le temps et recouverte de blanc. À moins de laisser la place à une calvitie. Sa peau serait ridée. Probablement, à cause du kaya, sa belle denture perdrait beaucoup de sa superbe. Et il porterait peut-être des verres correcteurs. Mais, ses chansons déjà écrites à l’époque resteraient toujours d’actualité. Le monde post-Marley a certes beaucoup évolué, mais il reste cruel avec ses guerres, ses injustices, ses incertitudes, ses monstres et… ses promesses. Et pour s’en rendre, Seneweb a imaginé un entretien fictif avec le « prophète » du reggae. Qui répondrait à nos questions en musique, par des extraits de certains de ses innombrables tubes.
Depuis que vous avez chanté l’unité africaine, le continent n’arrive pas à se mobiliser pour vaincre les démons de la division. L’Organisation de l’unité africaine a laissé la place à l’Union africaine, mais l’Afrique est toujours désunie. De nouveaux États voient le jour, Soudan du Sud, Érythrée… Des États se mènent la guerre. Quel message pour l’Afrique ?
« Afrique unis-toi
Unis-toi pour le bénéfice de ton peuple
Unis-toi c’est plus tard que tu ne penses
Unis-toi pour le bénéfice de tes enfants
Unis-toi c’est plus tard que tu ne penses
L’Afrique attends ses créateurs
Afrique, tu es la pierre angulaire de mes ancêtres
Unis-toi pour les africains étrangers
Unis-toi pour les africains du pays. » (Africa Unite)
L’une des conséquences de la division de l’Afrique, c’est la faiblesse de ses économies, l’accentuation de la pauvreté et des inégalités. Des maux qui poussent les jeunes à tenter l’aventure en Europe avec son cortège de morts, surtout dans la Méditerranée. Quel message lancez-vous au jeune Africain qui scrute l’avenir avec pessimisme et amertume ?
« C’est à toi, c’est à toi, c’est à toi que je parle.
Oui toi, c’est toi, c’est toi
C’est à toi que je parle maintenant.
Pourquoi as tu l’air si triste et si seul,
Ne sais-tu pas que quand une porte est fermée,
Il en reste tellement d’autres ouvertes… » (Comin’ in from the cold)
Vous appelez à l’optimisme alors que le monde est en proie à différentes secousses : extrémismes, crises économique, financière et morale… Croyez-vous en vos chances d’être entendu ?
« Ils ont rendu le monde si dur
Chaque jour nous devons continuer à lutter
Ils ont rendu le monde si dur
Chaque jour les gens meurent
De la faim et de la famine, lamentation
Mais lis le dans la Révélation,
Tu trouveras ta rédemption
Et ensuite tu
Nous donnes les enseignements de Sa Majesté
Car nous ne voulons pas d’une philosophie du diable… » (One drop)
Vous avez fait l’éloge du travail, mais comment croire encore à la mystique du travail si les écarts entre riches et pauvres se creusent ?
« Nous le peuple de Jah pouvons y arriver
Allons-y ensemble et nous y arriverons
Nous pouvons y arriver
Cinq jours à travailler pour le jour suivant
Quatre jours à travailler pour le jour suivant
Nous avons trois jours à travailler pour le jour suivant
Deux jours à travailler pour le jour suivant
Nous avons un jour à travailler pour…
Tous les jours c’est boulot, boulot, boulot
Nous pouvons y arriver
Nous pouvons y arriver… » (Work)
Les tenants du système capitaliste semblent vous narguer. Ils entretiennent une organisation qui permet à une minorité de concentrer entre ses mains la majorité des richesses de la planète. Que leur dites-vous ?
« Nous refusons d’être ce que vous voulez que nous soyons
Nous sommes ce que nous sommes
Il en ait ainsi (si vous ne le savez pas)
Vous ne pouvez pas m’éduquez pour quelque opportunité que se soit
En parlant de ma liberté et celle du peuple
Nous avons été écrasés par le pressoir
Bien trop longtemps rebelle, rebelle
Nous avons été écrasés sur le pressoir
Bien trop longtemps rebelle, rebelle
Le système de Babylone est le vampire
Qui suce le sang des enfants jour après jour… » (Babylone system)
L’élection de Barack Obama aux Etats-Unis avait fait naître l’espoir que les Etats-Unis avaient fini de trouver une réponse à la question du racisme. Mais hélas, il semble que l’Amérique n’est pas totalement guérie de ce mal. Le combat continue ?
« Ce que la vie m’a enseigné
J’aimerais le partager avec
Ceux qui veulent apprendre…
En attendant que la philosophie qui tient une race
Supérieure et une autre inférieure
Ne soit, enfin et définitivement, discréditée et abandonnée
Partout c’est la guerre,
Je dis : guerre
Qu’en attendant qu’il n’y ait plus de citoyens
De première et de deuxième classe, dans chaque nation,
En attendant que la couleur de peau d’un homme
N’ait pas plus de signification que la couleur de ses yeux
Je dis : guerre
Qu’en attendant que les droits fondamentaux de l’homme soient justement
Garantis pour tous, sans considération de race
C’est la guerre… » (War)
Par : Ibrahima Fall
Trois choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur Bob Marley
1 – Bob Marley a été soudeur en 1966 chez le constructeur de voitures Chrysler dans le Delaware aux États-Unis
2 – Bob Marley a été enterré avec sa marijuana. Aussi, il a emporté dans sa tombe sa Bible, sa guitare, un ballon de foot et une perruque faite de ses dreadlocks.
3 – Bob Marley aurait eu une liaison avec Anna Wintour, la légendaire rédactrice en chef de l’édition américaine de Vogue.