Au Sénégal, faire de la politique son métier, est devenu le moyen le plus sûr et le plus rapide pour une ascension sociale. En effet, pour réussir sa vie ou “yëkëti sa néég ndey” comme le disent les Wolofs, on demande même aux cadres et aux nouveaux diplômés de s’impliquer politiquement aux côtés du parti présidentiel, dans un parti de la mouvance présidentielle ou dans n’importe quel parti du landernau politique. Pour pouvoir être grassement servi à l’heure du paacoo ou du dialogue politique national…
Un partage du gâteau qui rime avec exercice du pouvoir et se décline en des termes comme : gagner ensemble et gouverner ensemble ou encore gouvernement consensuel et tutti quanti… Quand le grand boss en a fini de gaver ses partisans de sinécures et autres prébendes chèrement payés par la tune du contribuable et la sueur du pauvre gorgorlou, il se tourne vers ceux qui s’opposent à lui et leur tend la main avec la formule : “appel au dialogue politique”.
Un dialogue politique qui hélas n’existe que dans les républiques bananières où le pouvoir tel un plat de tiébou dieune entre les mains de manoeuvres de chantiers, se partage goulûment à l’heure du déjeuner. Sur 14 millions de Sénégalais, le dialogue dont parle Macky Sall ne concernera pas plus d’une vingtaine de personnes que personne n’a légitimement mandaté. Et qui parleront en toute mauvaise conscience des “intérêts supérieurs de la Nation” pour régler aux dessus de nos têtes leurs vils intérêts matériels.
Mais puisque ceux qui sont légitimement habilités à débattre et dialoguer des questions vitales de la nation (députés et élus locaux) sont plus occupés à admirer “les beaux yeux et la générosité du Président”, les opportunistes politiques, les affamés et les affamés de pouvoir, iront dialoguer et négocier des prébendes. En attendant que le Sénégal se réveille de son long sommeil..