Les bars à chicha sont malheureusement très prisés, particulièrement sur Paris. Depuis la loi d’interdiction de fumer dans les lieux publics ça s’est compliqué pour eux, mais ça ne les a pas empêché de trouver des solutions en accord avec la nouvelle règlementation. La chicha se sert maintenant dans des « bocaux à poissons rouges », des petites pièces fermées et ventilées pour protéger les autres clients et le personnel de ces établissements, d’apparence plus cool que la cigarette mais pas pour autant plus halal.
La pipe à eau inoffensive ?
« Je ne fume pas. Juste la chicha entre potes de temps en temps, mais ça c’est pas pareil… » Qu’y a-t-il dans la chicha, plus communément appelé narghilé ? Petit point sur les conséquences que cela entraîne…
La chicha est une manière de fumer traditionnelle au Maghreb et au Moyen-Orient. Importation du concept de la part de la population immigrée, mais également des touristes emballés. La chicha est devenue une manière « cool » et « in » de fumer entre amis, sans avoir l’impression de mettre en danger son corps. Fraise, abricot, ananas, autant de parfums qui laissent penser au consommateur que le narghilé, c’est plus du tabac, mais un bonbon dont on absorbe la fumée.
Le Prophète Mohammad (salallahu ‘alayhi wa salam) a dit : “ Il y a deux éléments que les gens n’apprécient pas à leur juste valeur : le temps et la santé. ” (Mouslim)
Contrairement aux idées reçues, chaque bouffée de narghilé a un volume 10 fois supérieur à une bouffée de cigarette. Le passage de la fumée dans l’eau n’élimine absolument pas les produits toxiques ! Cela retient peut être un peu de nicotine, effet pervers, puisque du coup le fumeur tire d’avantage sur l’embout pour avoir l’effet désiré, avec en prime plus de métaux lourds et de monoxyde de carbone que dans une simple cigarette à cause de la combustion du tabac et des braises. Et la nicotine entraîne un risque accru de dépendance.
Dans un bar à chicha, les endroits réservés aux « fumeurs avertis » ressemblent à un immense nuage, car la fumée est produite en grande quantité. Résultat ? Un tabagisme passif très important, aussi dangereux pour les fumeurs que pour ceux qui n’y touchent pas, c’est à dire les accompagnateurs se limitant au thé et les serveurs ! Et petite devinette, à la fin d’une soirée, devinez à combien de paquets de cigarettes vous êtes arrivés ? Entre 1,5 et 2 paquet en une soirée !
Pour être plus direct, âmes sensibles s’abstenir, la chicha provoque des maladies pulmonaires et cardiovasculaires, mais également des cancers, tout comme sa voisine la cigarette. D’autre part, il existe un risque infectieux à se transmettre l’embout entre partenaires de chicha, comme la tuberculose, l’herpès buccal et certaines hépatites virales !
Pour ceux qui ont réussi à nous suivre jusqu’ici (bravo !), voici à présent des petits rappels, quand au fait de fumer…
Ton corps a des droits sur toi !
Il est vrai qu’il n’existe aucun texte dans le Quran, ni même de hadith sur cette question. Certains préfèrent donc ignorer les avis juridiques sur la question, pourtant clairs sur le sujet. Cependant, d’après les règles de l’islam, les causes juridiques (illa) et les principes généraux (maslaha mursala), extraits des textes du Coran et des Hadîths, permettent de rendre une chose permise, déconseillée ou illicite par le biais de la recherche du principe, présent dans une chose donnée (c’est ce qu’on appelle le tahqîq ul-manât).
Il existe aujourd’hui plusieurs avis sur la question. Après les recherches scientifiques qui ont mis en avant la dangerosité de fumer le tabac, la majorité des savants s’accordent à dire que fumer est fortement déconseillé (mak’rûh tahrîman), voire interdit (harâm). Peu de savants rendent la chose permise à qui cela ne cause pas de tort, puisqu’il est très difficile de juger du tort que cela cause de l’extérieur.
Le Prophète (salallahu ‘alayhi wa salam) a dit à un Compagnon qui avait fait le vœu de jeûner la journée et de veiller toute la nuit en prière : “ […] Ton corps a un droit sur toi, tes yeux ont un droit sur toi […] ” (Mouslim)
Raisonnablement, et le musulman doit être raisonnable, nous devons encrer dans nos esprits que notre corps a des droits sur nous. Le jour du jugement notre corps témoignera pour ou contre nous ! Nous pouvons alors imaginer qu’il sera reconnaissant si nous lui épargnons ce type de soirée enfumée.