Affaire Rachelle SLEYLATI :Une condamnation exemplaire pour un détournement financier d’ampleur. 3 ans de prison ferme et 3 milliards d’amende pour les prévenus.

Justice pour Batiplius. Le délibéré est tombé. Rachelle Sleylati, son père André Sleylati et son fiancé Alex Rabih Kfoury, ont reçu de plein fouet la main ferme du juge. Hier, le juge les a condamné à 3 ans ferme et à payer 3 millards à Batiplus. Cette somme est assortie de la contrainte par corps au maximum .

Le dénouement de l’affaire Rachelle Sleylati, qui a ébranlé le secteur commercial depuis 2020, est désormais acté. Hier, le tribunal de grande instance de Dakar a prononcé une peine lourde contre Rachelle Sleylati, son père André Sleylati et son fiancé Alex Rabih Kfoury: trois ans de prison ferme, assortis d’une condamnation de trois milliards vus les fonds détournés par la famille Sleylati et Rabih Kfoury. D’ailleurs ils ont été tous condamnés solidairement par le tribunal qui a eu à prendre connaissance des éléments de l’enquête du doyen des juges d’instructions et des éléments de preuves accablants fournis par tous les avocats de Batiplus. Les trois condamnés devront donc verser trois milliards de francs Cfa en dommages et intérêts à Batiplus l’entreprise lésée par leur entente délictuelle et les détournements frauduleux. Cette condamnation de trois millards est assortie de la contrainte par corps au maximum contre les Sleylati et Rabih Kfoury ce qui veut dire qu’en cas de défaut de paiement, les condamnés devront purger une détention de plusieurs années supplémentaires pour payer de leur corps la dette judiciaire.

Rapppel :
UN SYSTÈME DE DÉTOURNEMENT FINANCIER D’UNE RARE AMPLEUR

Le scandale avait éclaté en 2020 lorsque des irrégularités majeures furent détectées au sein de Batiplus. Rachelle Sleylati, responsable de la gestion du coffre de l’entreprise, fut identifiée comme l’instigatrice d’un réseau complexe de malversations. Avec l’appui de son père André Sleylati et de son fiancé Rabih Kfoury, elle a orchestrée des détournements massifs portant un coup sévère à la stabilité financière de l’entreprise en sortant tous les jours des millions encaissés des clients de Batiplus qui faisaient des versements contre livraison de marchandises. Le procès a été marqué par l’engagement ferme des parties civiles, déterminées à obtenir réparation des préjudices subis. Batiplus, dont les pertes financières ont été estimées à des niveaux colossaux, a souligné les répercussions économiques de ces détournements sur ses activités et ses employés. Malgré les manœuvres dilatoires des accusés, qui ont multiplié les absences aux audiences, le tribunal a suivi les réquisitions du procureur. Ce dernier a insisté sur la gravité des faits et l’urgence d’une peine dissuasive, afin de rétablir la justice et prévenir de telles pratiques a l’avenir .

AVEUX ACCABLANTS ET LUXE OSTENTATOIRE

Les preuves accablantes réunies par les enquêteurs ont fragilisé la défense des accusés. Confrontés à ces éléments, Rachelle Sleylati a finalement avoué l’ampleur de ses agissements frauduleux. Dans ses procès-verbaux, elle a détaillé son modus operandi, expliquant comment elle a détourné jusqu’à 10 millions F CFA et même plus chaque jour.
Ces fonds servaient à financer un style de vies fastueux, incompatible avec son salaire mensuel de 1 million de francs Cfa. Elle utilisait l’argent pour des voyages luxueux, des bijoux coûteux, et surtout des acquisitions immobilières de grande envergure.
Parmi les biens saisis figurait un immeuble R+6 à Ngor, un autre au point E, ainsi que plusieurs appartements haut de gamme. L’un d’eux, situé au plateau, avait été acheté pour 380 millions de francs Cfa majoritairement payé en espèces tel que déclaré par les vendeurs qui ont eu à céder l’appartement à Rabih Kfoury et Rachelle Sleylati.
Son fiancé, Alex Rabih Kfoury, entrepreneur modeste dans la fabrication de glaçons et son père, sans activité économique connue, apparaissent comme les complices actifs de cette fraude. Ensemble, ils avaient bâti en un temps record un patrimoine immobilier et financier impressionnant, complètement disproportionné par rapport à leurs revenus officiels.

UNE STRATÉGIE DE MANIPULATION MISE À MAL
Au fil de l’enquête, d’autres détails troublants ont émergé. Rachelle Sleylati a admis avoir utilisé une partie des fonds détournés pour finaliser des projets immobiliers initiés par son père et pour lancer une entreprise d’événementiel , D-DAY.
Cependant, la disproportion manifeste entre leurs ressources déclarées et leur patrimoine ne laissait aucune ambiguïté sur l’origine illicite de ces fonds. Malgré des efforts répétés pour se faire passer pour des victimes d’une cabale judiciaire, les accusés ont échoué à convaincre, tant la justice que l’opinion publique. Leur tentative de détourner l’attention, en jouant sur des stratégies de victimisation et de désinformation, a été mis en échec par la solidité des preuves et la rigueur des procédures judiciaires.

LA VÉRITÉ AU-DELÀ DES ARTIFICES
Cette affaire met en lumière une pratique tristement récurrente : celle d’accusés cherchant à manipuler l’opinion publique pour détourner l’attention de leurs propres responsabilités. Pourtant, les faits sont têtus, et la justice, avec patience et détermination, a su démêler le vrai du faux. Le procureur de la République, vu la lourdeur des charges contre les personnes poursuivies, avait même sollicité du tribunal la condamnation de Rachelle Sleylati, André Sleylati et Rabih Kfoury 4 années d’emprisonnement ferme.

Baye Modou Sarr
Sources Les ECHOS