En fin de mandat, le président sortant Macky Sall a signé un contrat d’une nouvelle usine de dessalement d’eau de mer de 400.000 m3/J. Des experts sénégalais du secteur de l’eau sonnent l’alerte ; il s’agit d’un contrat d’un montant de 450 milliards de francs CFA, avec Acwa Power, une entreprise étrangère.
Pour eux, ce contrat doit être annulé pour l’intérêt du pays et des populations sénégalaises. Toujours dans le même sillage, ces experts invitent le nouveau gouvernement à réexaminer ce contrat qui selon eux a été signé de manière illégitime et sans concertation publique.
« Alors que l’attention nationale était captivée par l’issue de l’élection historique marquant la troisième transition démocratique au Sénégal, une décision controversée du Président sortant Macky Sall, suscite de vives inquiétudes.
À l’ombre des projecteurs politiques, un contrat de 450 milliards de FCFA a été signé par entente directe avec une entreprise privée étrangère, pour l’achat d’eau sur 35 ans, à partir d’une usine de dessalement d’eau de mer de 400.000 m3/j à construire sur la Grande-Côte des Niayes.
Si ce contrat, dont l’ampleur et les implications socio-économiques suscitent des interrogations, était confirmé, la réalisation du projet Canal du Cayor serait de facto compromise, car les deux opérations ne peuvent manifestement pas être exécutés sur le même horizon temporel, pour des raisons économiques évidentes », ont fait remarquer ces experts dans la note.
Ainsi, ils soulignent «en inscrivant la réalisation du Canal du Cayor, projet à très haute valeur ajoutée sur l’économie nationale, parmi les objectifs prioritaires du quinquennat, le nouveau Gouvernement du Sénégal a d’ores et déjà exprimé sa volonté de mettre en œuvre ce projet de grand transfert d’eau brute depuis le Lac de Guiers, pour à la fois, assurer l’approvisionnement en eau potable à long terme du triangle urbain Dakar-Mbour-Thiès (DMT) et de la ville de Touba, et l’irrigation de zones agricoles stratégiques à l’intérieur du pays».
Sous l’angle de l’éthique et de la procédure, la signature de ce gros contrat par un Président en fin de mandat, sans appel d’offres ni consultation, jette le doute sur l’intégrité du processus décisionnel, selon ces experts du secteur de l’eau. «Les réserves des experts du secteur de l’eau, concernant la pertinence et le coût exorbitant du projet et son impact sur l’équilibre financier du secteur de l’eau, semblent avoir été purement ignorées», ont-ils dit.
Aussi, ils ajoutent que « l’empressement avec lequel le contrat a été ratifié, en présence du Chef de l’Etat lui-même ainsi que le ministre de l’Eau et celui des Finances qui ont contresigné le contrat séance tenante, nécessite des explications aux citoyens sénégalais qui revendiquent une gouvernance transparente et responsable ».