Le changement climatique noté depuis quelques temps dans certaines localités du pays a complètement changé le port vestimentaire des citoyens. En effet, tee-shirts, casquette, parasol, éventail entre autres marchandises très prisées en cette période, ont fait leur apparition dans la cité religieuse de Médina Gounasse, une manière de se protéger contre le soleil de plomb et le vent chaud et sec qui balaie la cité religieuse. A quelque chose malheur est bon. Au moment où nombre de fidèles souffrent de la forte canicule, annonciatrice de l’hivernage, certains d’entre eux, notamment les vendeurs de glace et de sachets d’eau fraîche, se frottent les mains et bénissent le ciel. Pourvu que ça dure, disent-ils tout bas, assaillis qu’ils sont à longueur de journée par une nombreuse clientèle à la recherche de quoi étancher sa soif. Et éviter la déshydratation qui la guette en ces moments de forte canicule où le thermomètre peut atteindre des températures records, dans la cité religieuse. Profitant du Daaka, les vendeurs de glace et de sachet d’eau sont en train de se faire des prix d’or, en augmentant leurs marchandises. Ainsi, le sachet d’eau est passé de à 50 à 100 FCFA, là où la glace qui coûtait en temps normal 100 FCFA est dorénavant cédée à 500 FCFA dans la cité religieuse. Selon le vendeur Mamadou Bâ que nous avons rencontré ce dimanche, « la hausse des prix s’explique par les coûts des factures d’électricité qui augmentent en ces temps de chaleur mais également le Daaka». Quoi qu’il en soit, Mamadou et ses collègues s’en sortent car la plupart d’entre eux multiplient leur marge bénéficiaire. A l’image de Abdou Ndiaye qui vient de Tambacounda à bord de sa moto avec une caisse remplie de sachet de glace. Le commerçant déclare : «J’ai quitté Tambacounda tôt le matin avec ma moto et une caisse remplie de 100 sachets de glaces pour venir les écouler au Daaka. Je me retrouve avec des recettes tournant autour de 50 000 FCFA puis que je vend le sachet de glace à 500 FCFA. Comme tenu de la chaleur, les fidèles les arrachent comme du pain ». «C’est la période des chiffres d’affaires », déclare Alassane Dia. «Je quitte de chez moi à Vélingara avec deux glacières remplies tous les jours aux environs de 8 heures et je les vends bien avant 13 heures», déclare-t-il. Abdou Faty trouvé aux alentours du Daaka se réjouit de ses bénéfices à chaque fois les voyageurs débarquent : «Là, les alentours sont bondés et les voyageurs qui viennent de débarquer pour la clôture du Daaka ce lundi dépensent beaucoup d’énergie, beaucoup de sueurs et ont besoin de se rafraîchir après une longue distance», constate-t-il . «Il y’a de même des chauffeurs qui sont abonnés à nous, sans vous parler des apprentis. Ils sont deux jeunes habitants Vélingara, soutenus par deux autres talibés pris spécialement pour acheminer les rafraîchissements au niveau du Daaka. «Il est vrai que nous faisons de bonnes opérations, nous vendons jusqu’à…(hésitation) 25 000 f /jour», avouent-ils. De l’autre côté du Daaka dans sa partie Sud, Al hassana Bâ, un guinéen de 27 ans, se fraie difficilement un passage parmi la foule en tirant laborieusement sur sa glacière qu’il tient à bout de bras. Outre la lourdeur de la charge, la marche du jeune homme est ralenti par les interpellations des fidéles qui l’appellent à tout bout de champ pour lui acheter des glaçons ou de l’eau fraîche contenu dans sa glacière.
Toutes fois les vendeurs de glace ne sont pas les seuls à tirer profit de cette chaleur. En effet, les propriétaires de réfrigérateurs rencontrés à Médina Gounasse se sont lancés dans l’affaire, submergeant leurs appareils de sachets de plastiques remplis d’eau fraîche que viennent acheter sur place les fidèles. Aissatou Bâ domiciliée à Médina Gounasse qui se livre à cette activité reconnaît toutesfois que la vente de glace et d’eau n’est pas juteuse que cela du fait des grosses dépenses qu’elle engendre en termes de factures d’eau et d’électricité, d’achats de sachets d’emballage, de salaires à verser aux vendeurs et la réparation du réfrigérateur qui, à cause d’une forte sollicitation, tombe souvent en panne. Au grand bonheur des frigoristes. Actuellement, leurs affaires sont montées en flèche, comme le reconnaît le réparateur de réfrigérateur dont l’atelier se trouve en face du marché de Médina Gounasse : «Le Daaka, en cette période de forte canicule, est un moment béni pour nous», souligne t-il avant de préciser que les pannes portent généralement sur les compresseurs des « frigos ». Quand les réparateurs se frottent les mains, les vendeurs d’appareils de froids en font autant tout comme les vendeurs de glacières et éventails assaillis presque tous les jours par des fidèles. Deux autres moyens de lutter contre la chaleur. Quoi que l’on dise la canicule gêne les fidèles mais aussi fait l’affaire des autres, en attendant la fin du Daaka prévue ce lundi 19 avril 2016.
L’obs