Favori à la succession de Macky Sall: Amadou Ba, atouts et handicaps d’un présidentiable !

Macky Sall: Amadou Ba
Macky Sall: Amadou Ba

La bataille de la succession est ouverte au sein de la majorité. Après le retrait du chef de l’Etat, Macky Sall, de la course à la prochaine présidentielle, des noms circulent. Parmi ceux-ci, Amadou Ba, 62 ans, qui, malgré ses atouts incontestables, traîne tout de même des tares du point de vue politique, selon des analystes.
Dans une short-list de 5 potentiels dauphins détaillée à travers un article viral publié, ce 4 juillet, soit au lendemain de la déclaration de Macky Sall, Seneweb s’est demandé si Amadou Ba n’était pas le « successeur naturel » de ce dernier. Mais cette interrogation est plus que légitime si l’on sait qu’en plus du poste stratégique de coordonnateur national de la coalition présidentielle Benno bokk yakaar (Bby), l’homme politique de 62 ans est également, depuis septembre 2022, le chef du Gouvernement. Sa nomination, faite à la surprise générale, alors que la Primature avait été supprimée quelques mois auparavant, fait de ce financier un candidat sérieux.
Technocrate, produit de l’administration fiscale, il s’est construit une stature politique lors de son passage au ministère des Finances où il a piloté le programme économique phare du premier quinquennat de Macky Sall, le Plan Sénégal émergent (Pse). Il a ensuite occupé le poste de ministre des Affaires étrangères.
Toutefois, dans le cercle restreint des personnalités autours du Président Sall, les ambitions du Parcellois semblent agacer et suscitent d’ailleurs des accusations de déloyauté.
Déjà en août 2022, des membres de son équipe ont acheté le nom de domaine ‘’amadouba2024’’. Certains de ses proches nient son implication, mais l’épisode n’est pas passé inaperçu dans le parti présidentiel. « En politique, la loyauté demeure la seule devise. Le président l’a promu premier ministre au détriment de caciques du parti. Mais lui l’a remercié en s’agitant avant même que le président n’annonce son retrait », tance un cadre du parti dans « Lemonde.fr ». « Il est progressivement devenu le rival le plus sérieux de Macky Sall. Sans doute cela a-t-il pesé sur le choix de le nommer quelques semaines plus tard premier ministre. Mais leurs relations sont exécrables », ajoute un habitué du palais à nos confrères français.
Contacté par Seneweb, Moussa Diaw, enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, est d’avis qu’Amadou Ba apparaît comme un éventuel candidat qui pourrait être désigné par le président de la République pour avoir occupé des fonctions ministérielles importantes dans les différents attelages gouvernementaux avant d’être mis en disgrâce puis de se retrouver nommé Premier ministre.
Absence de base politique solide
Mais, il est surtout « un homme discret et courtois et avare en parole. Il s’est toujours distingué par son sens de la mesure et le respect à ses adversaires politiques. Il n’attaque pas ouvertement les membres de l’opposition, dont il partage, pour la plupart, la même formation initiale impôts et domaines de l’ENA. Cela dit, Amadou Ba se distingue aussi par son humilité, une forme de timidité apparente traduisant un effacement du jeu ou du débat politique », a déclaré l’analyste politique.
Toutefois, notre interlocuteur de préciser que cela peut signifier un sens aigu du politique, adapté à la realpolitik en sachant que le président ne supporterait pas de concurrent. C’est la raison pour laquelle il a fait le vide autour de lui. « Comprenant les enjeux, Amadou Ba n’a-t-il pas opté pour cette posture en attendant son heure ? », s’est ensuite demandé le chef de la section Sciences Po à l’Ugb. Non sans admettre que « cette attitude d’homme politique patient peut se révéler payante à long terme. Beaucoup d’hommes politiques ont abrégé ou compromis leur carrière parce qu’ils étaient trop pressés ».
Malgré tous ces atouts, il manque à Amadou Ba une base politique solide, selon toujours Moussa Diaw, qui rappelle que l’actuel chef du gouvernement ne contrôle pas son quartier des Parcelles Assainies (Dakar). « Ensuite, au sein du parti Bby, il ne dispose pas de poids politique important pour pouvoir mobiliser autour de lui. Il reste plus ou moins marginal dans son propre parti sans réussir à bénéficier d’un capital de sympathie parmi ses camarades », détaille le politologue. Ce dernier pense, en outre, que l’ancien argentier de l’Etat n’a pas de marge de manœuvre au regard du système de clan et de la discipline imposée par le Président sortant, Macky Sall.
Mais ce n’est pas tout : « Une autre faiblesse mérite d’être notée, cela concerne ses insuffisances en matière de communication politique. Il a du mal à tenir un discours accrocheur et mobilisateur. Un effort considérable est à déployer à ce niveau », a-t-il souligné.

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