A Omar Blondin DIOP ( 1946-1973)
Le jeudi 11 mai 2023, cela fera 50 ans qu’Omar Blondin DIOP aura succombé à des sévices subis dans l’univers carcéral de l’île de Gorée…
Le temps du souvenir correspond aussi, et encore, au temps de l’exigence de Vérité sur les conditions de la mort d’une « étoile filante africaine »: esprit brillant et libre, ayant franchi allègrement les cercles universitaires les plus fermés de France, Omar avait une intelligence fulgurante, éclairée par une foi en l’Afrique et un souci du devenir du monde noir.
Omar était promis à un bel avenir… A l’instar de nos jeunes nations venant juste de célébrer une dizaine d’années d’indépendance, il était le symbole d’une génération exigeante à l’assaut du confort néocolonial.
Le temps du souvenir doit donc, aussi, être le temps des retrouvailles de toute une génération qui aura souffert le martyr d’Omar Blondin DIOP. C’est le temps d’ériger une communauté autour des valeurs et des idéaux qui lui ont coûté la vie! Le temps de la renaissance de nos rêves inassouvis.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Pour les gens de ma génération qui, aux portes de l’adolescence avaient été sensibles à sa démarche pour défendre une certaine idée du monde, c’est aussi le temps de témoigner de tous les sacrifices endurés, pour fonder une aspiration à un mieux être de l’homme noir dans un monde colorié en blanc.
A la maison familiale de Darabis, nous écoutions « Last poets » les ancêtres du Rap. Nous regardions avec une tendre affection la mère courage Adama et le père Ibrahima, à la tête d’une fratrie incorruptible et rebelle, canaliser les colères et mener le bateau Blondin à quai. Nous sommes témoins oculaires et fidèles de sacrifices familiaux incommensurables ! Il est temps de le dire…Pour ceux qui ne savent pas !
Nous étions en connivence avec les luttes du Black Panthers aux USA. Les frères de Soledad et Angela Davis étaient nos héros, pour leur courage de défier l’ordre ségrégationniste qui y était alors en vigueur. Nous étions le Vietnam en guerre contre l’Oncle Sam. De l’Amérique du Sud aux confins du Moyen Orient nous étions solidaires, sans frontières, de toutes les causes des peuples dominés et en lutte.
Nous étions les enfants de mai 68…
Nous aimions le Che Guevara et tous les révolutionnaires de tous les pays dont le sacrifice aura contribué, sensiblement, à démystifier le caractère définitif de l’ordre mondial issu de la guerre froide. Jusqu’à l’affaissement du mur de Berlin… Jusqu’à…nos jours ou ce qui en reste, pour continuer le combat. Inlassablement ! Obstinément !
Une série d’activités seront organisées pour célébrer le moment douloureux du 11 Mai 1973. Mais ce souvenir doit nous ragaillardir et correspondre à la remobilisation des forces de progrès pour conjurer le mauvais sort qui s’acharne sur les élites africaines les plus clairvoyantes.
« Il n’y’a pas de destins forclos. Il n’y a que des responsabilités désertées »
Hasta la Victoria ! Siempre ! Commandante Omar !
Amadou Tidiane WONE, Baaba.<127>[email protected]