Leycha Diop se confie: « Comment j’ai rencontré Youssou Ndour… »

Agée seulement de 24 ans, Khadidiatou Diaw dite Leycha a su faire ‘’renaître’’, à travers le chant, l’une des figures emblématiques de la musique sénégalaise, Yandé Codou Sène. Mais ils sont nombreux à avoir découvert la jeune et talentueuse chanteuse, ce dimanche sur la scène du Grand-Théâtre, accompagnant Youssou Ndour. EnQuête est allé à sa rencontre. Entretien.

Comment êtes-vous entrée dans la musique ?
Tout a commencé quand j’étais au Cem Grand-Yoff. Je chantais de temps à autre. Après je suis allée à Thiès au collège Eumeury Ndack Seck. Un jour, on devait jouer un sketch dans lequel il fallait interpréter le rôle du Président poète Léopold Sédar Senghor. C’était en 2011. J’étais membre du club Anglais et on devait trouver une personne qui serait à même d’imiter Yandé Codou Sène pour chanter les louanges de Léopold Sédar Senghor. Il ne s’agissait même pas donc de ‘’less waxul’’, la chanson que j’ai interprétée et qui m’ouvre certaines portes actuellement. J’avais plutôt repris la chanson que la cantatrice avait dédiée au feu Président. On disait qu’on ne pouvait pas trouver une personne qui pouvait réussir cela et j’ai dit que je pouvais le faire parce que j’ai appris ces chansons. Aussi, j’avais certaines aptitudes pour le chant. J’ai participé à un concours de chant étant membre du club d’Anglais et j’étais aussi lead vocal de la chorale de notre école. La musique est pour moi un don de Dieu. Je ne suis pas issue d’une famille d’artistes et je n’ai pas de parents qui chantent non plus.
Quand avez-vous pris conscience de vos aptitudes pour la chanson ?
C’est quand j’ai chanté pour la première fois dans mon école. Ce jour-là, j’ai vu des membres du jury pleurer. C’est là que je me suis dit que je suis faite pour la musique. C’est ainsi que j’ai commencé à envisager sérieusement une carrière musicale. Par la suite, j’ai participé à la réalisation de certaines chansons, notamment de rappeurs, à travers des featurings. D’ailleurs, c’est le groupe C9 (ndlr un crew hip-hop) qui m’a pour la première fois amené en studio. Avant la musique, je faisais du basket. Je voulais être basketteuse et j’étais convaincue de ma réussite dans ce domaine.
D’ailleurs, je joue toujours au basket sauf que maintenant, c’est pour me divertir. J’ai été à Bopp puis à la Sibac, etc. De 2007 à 2013, je pratiquais intensément ce sport. Mais je me suis rendu compte que la musique fait partie de moi. D’ailleurs, elle a fini par prendre le dessus sur mes autres activités. Après l’obtention du Bfem à Thiès, je suis revenue à Dakar et j’ai continué mes études au lycée John Fitzgerald Kennedy où j’ai eu à faire les classes de Seconde et de Première. A cause de quelques petits problèmes, je n’ai pas pu faire la Terminale et je me suis mise à l’hôtellerie. J’ai travaillé dans un restaurant de la place comme caissière des fois, et d’autres fois comme serveuse. Et il y avait des orchestres qui y venaient pour jouer et de temps en temps, j’étais invitée sur la scène pour de petites prestations. A la fin, je jouais là-bas seule. J’y animais des soirées et des gens venaient me suivre.
Vous n’êtes pas de la même génération que la chanteuse Yandé Codou Sène. Qu’est-ce qui vous a poussée à la reprise de ses chansons ?
Pour moi, s’il s’agit de parler de musique, de belle voix, elle est la meilleure. On retrouve en elle tout ce qui peut bien manquer à un artiste. Et il faut essayer d’interpréter une de ses chansons pour s’en rendre compte. C’est quand j’ai commencé à reprendre ses chansons que j’ai commencé à pouvoir chanter du R’n’b. C’est aussi à ce moment que j’ai commencé à découvrir d’autres possibilités et orientations de ma voix pour chanter de différentes manières suivant plusieurs tempos. Je me suis ainsi rendu compte de mes capacités vocales. Ensuite, même si on n’est pas de la même génération, j’ai beaucoup d’estime pour elle parce qu’elle était une Lionne. Du fait aussi que les artistes de ma génération ne s’intéressent pas trop à ce qu’elle a laissé comme héritage, pour lui rendre hommage etc, j’ai voulu le faire. C’est pourquoi je me suis dit que je vais un jour reprendre sa chanson pour la faire revivre parce que tout le monde l’aimait. Yandé Codou est partie alors qu’on avait encore besoin d’elle mais elle a marqué son époque et ça, tout le monde le lui reconnaît.
Comment avez-vous rencontré Youssou Ndour ?
Je peux dire que tout vient de Bouba Ndour. C’est lui qui a essayé de me retrouver. J’avais tenté de le rencontrer quand je chantais avant mais ça n’avait pu être possible à l’époque. A la sortie de la vidéo de la plage (ndlr elle chantait au bord de la plage de Ngor, filmée par ses copines), il m’a contacté et m’a fait passer un test. Actuellement, je travaille avec lui. Même ce concert m’a surpris. Je n’y croyais pas en fait.
Et comment avez-vous vécu ces moments sur scène dimanche soir au Grand-Théâtre ?
C’est une chose qui est restée à jamais gravé dans mon esprit. Sur la scène, je ne faisais que prier Dieu intérieurement pour avoir ce beau monde un jour, ou plus. J’étais très émue et ce qui m’a le plus marqué, c’est le standing ovation de la salle quand j’ai commencé à entonner la chanson. Je ne peux vraiment pas expliquer ce que je ressentais. Tout ce que je peux dire, c’est qu’un de mes rêves venait de se réaliser ce soir-là. On me disait tout le temps que je pouvais faire ce morceau avec lui (Youssou Ndour) mais je répondais toujours que c’était impossible. Jamais je n’ai imaginé faire un duo avec Youssou Ndour. Comme le disait Bouba l’autre jour, c’est comme si j’avais brûlé les étapes en sautant 5 ans de carrière parce que ce n’est pas tout monde qui chante avec Youssou Ndour. Il y a beaucoup d’artistes au Sénégal qui n’ont pas eu cette opportunité que j’ai eue.
Racontez-nous l’histoire de la vidéo tournée à la plage qui vous a lancée….
(Rires). C’était une histoire entre copines. D’ailleurs, la vidéo a été faite… je ne me rappelle plus de la date. Ça a été publié deux voire trois mois après sa réalisation par une copine. On plaisantait entre nous et c’est dans cette ambiance que j’ai commencé à imiter Yandé Codou Sène. Après le nombre de views sur internet, elles m’ont appelé et m’ont dit : Leycha, on a publié la vidéo et ça fait le buzz. Je n’étais même pas au courant de la publication. Je ne m’attendais pas du tout à cette ampleur que cette vidéo à eue parce que je n’avais aucunement pensée que cette vidéo allait être publiée. Je me disais que pour faire de la musique, il faut avoir de l’argent etc. Mais cette vidéo m’a ouvert des opportunités que je n’imaginais pas du tout. Je dis que c’est un miracle (Mbiru Yàllà là).
Quels sont vos projets musicaux ?
L’une de mes plus grandes ambitions est de devenir une étoile de la musique sénégalaise. Je veux vraiment prouver qu’au Sénégal, il y a de jeunes talents capables de représenter le pays partout dans le monde. C’est mon ambition et c’est ce que je demande à Dieu. Avant le son de Yandé Codou, il y a un label à Guédiawaye dont le propriétaire s’appelle Thiaz qui a composé un son sur lequel j’ai improvisé une chanson. C’était entre nous et on ne l’avait pas publié. Maintenant, c’est après la vidéo de la plage qu’on a réarrangé ce son pour le mixer avec celui de Yandé Codou … J’en suis actuellement à un single. Pour le reste, je ne peux pas trop m’y avancer pour l’instant.

Enquête

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