Lettre ouverte au Général Moussa Fall, Haut Commandant de la Gendarmerie Nationale et Directeur de la Justice Militaire
L’armée nationale, dans son communiqué en date du 31 mars 2023, signé du Colonel Moussa Koulibaly, Directeur de l’Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA), vient de nous donner une leçon magistrale de courage patriotique et de posture républicaine, ainsi qu’à toutes les institutions.
Cependant, les propos, je cite : « celui qui cherche à déstabiliser ce pays, je vous donne ma parole, nous trouvera sur son chemin, ça et je vous le dis clairement. Et il sera sanctionné. », vous ont été prêtés par la presse soit mon General!
Je connais un peu la vie militaire ; ayant été aussi éduqué par feu le Colonel Abdoulaye Traoré, Paa TradeSt et étant Ingénieur de l’Ecole Polytechnique de Paris du Général Faidherbe et du Colonel Pinet-Laprade, promotion 1980. J’ai une profonde admiration pour les patriotes engagés dans les Forces de Défense et de Sécurité, mes parents, les Généraux Jean Alfred Diallo, Mountaga Diallo, pour ne citer que ceux-là, sont pour moi des références, ils nous ont appris à croire à la patrie et à la science.
Mon Général, J’appartiens à une grande famille très large qui a cherché à structurer l’espace politique sénégambien depuis des siècles avec des fortunes diverses, la Descendance prestigieuse de Mame Marame Mbacké, Tafsir Maba Diakhou Ba, Thierno Saliou Diallo de St Louis et de Casamance, Mame Ass Camara de Saint Louis, Ibou Diallo, Adama Diallo, pour ne citer que ceux-là, plus ou moins connus et retenus par une certaine écriture de notre histoire.
Mon Général, Moi-même, j’ai aidé mon pays à gérer la dévaluation du franc CFA, sous la direction de Monsieur Mbaye Diop Sarr de la BCEAO, l’un des rares à comprendre la marche de l’économie contemporaine. J’ai aidé mon pays à sortir du projet hasardeux des vallées fossiles et du conflit avec la Mauritanie sous Moustapha Niasse, à l’an 2000 ; hasardeux à cause du manque d’esprit scientifique ambiant.
J’ai aidé à construire l’idée d’un gouvernement d’union africaine à Addis-Abeba et à mettre en place les Sommets Afrique – Chine, Afrique-Turquie, etc.
J’ai été au cœur des Assises nationales du Sénégal, de l’idée de proposer Amadou Makhtar Mbow pour la
présider, et par ailleurs, actif dans les travaux : quatre textes, sur la monnaie, l’économie, les ressources minières et l’esprit scientifique.
lI y a aussi, toute modestie bue, l’idée et la rédaction de la première mouture de la Charte de gouvernance démocratique des Assises Nationales et enfin participé à la finalisation avec Jean Louis Correa du Rapport Général.
J’ai participé aux combats démocratiques de mon pays, de Bennoo Siggil Senegaal et du M23 contre la troisième candidature, puis le troisième mandat du Président Abdoulaye Wade. Enfin Mon Général, j’ai été élu Député en 2012, Tête de liste Tekki, sans coalition aucune, ni alliance, à l’Assemblée nationale.
La perspective citoyenne et patriotique est capitale pour la survie de notre espace politique sénégambien. Sous ce rapport, faut-il vous dire que je suis membre fondateur de la Raddho, soutenue la victoire démocratique au Mali contre Moussa Traoré, suivi de près derrière l’immense Valère Somé, l’expérience anti impérialiste de Thomas Sankara.
Mon Général, c’est donc de cette légitimité historique, intellectuelle, professionnelle et politique que je vous adresse cette lettre ouverte, droit dans les yeux d’un Général ayant acquis ses étoiles dans l’armée des Justes, pour vous rappeler d’abord, que dans le conflit Senghor, Mamadou Dia en 1962, le Général Jean Alfred Diallo e l’Etat-major ont tranché en faveur de Senghor sur la base du respect de la constitution en vigueur.
Or donc, notre constitution en vigueur dit clairement sans aucune autre forme d’interprétation possible, que l’Opposition est nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie. Certes, l’Opposition n’est pas une institution dans la constitution, mais elle a une reconnaissance constitutionnelle, l’article 58 lui est consacrée.
Alors, très clairement, le Président de la République, Macky Sall, a violé la constitution, en disant publiquement qu’il va réduire l’Opposition à sa plus simple expression. N’est-ce pas là un acte visant à déstabiliser le pays ? Tout ce qui se passe sous nos yeux et qui vous a amené à faire cette déclaration historique pour les Forces de Défenses et Sécurité découle de cet acte de violation de la constitution du Président Macky Sall, Président de l’APR BBY.
Comme vous, je m’opposerai à toute tentative de déstabilisation du Sénégal et même de l’espace sénégambien. La politique n’est un pas un combat pour occuper une station de prédation des ressources publiques- le mot station est une expression soufie introduite subrepticement dans le vocabulaire d’une classe politicienne peu cultivée et qui n’a rien à y faire à l’évidence. La politique s’occupe de nos intérêts publics, collectifs, communautaires et de notre avenir; au mieux sur la base d’une doctrine. Pour ma part, j’ai proposé le « Responsabilisme ».
L’Afrique, enjeu du monde, va tracer sa trajectoire économique. J’en suis conscient. Et c’est en toute responsabilité que je vous adresse cette lettre ouverte pour vous dire que l’avenir de notre État, de notre pays se joue en ce moment; le futur lui est déjà défini. Y’Allah wallu.
Je vous prie de croire, Général, à l’expression de mon profond respect.
Mamadou Lamine Diallo, 7e vice président de l’Assemblée nationale